Retour au collège
Le regard balayant la pièce, ma collègue, qu’on surnommera la dragonne, chuchote dans l’oreille d’un autre collègue, en ricanant. Il semblerait qu’elle ait quelque chose d’intéressant à dire puisqu’il pouffe de rire.
Le problème, c’est que le reste du service est présent dans la même pièce pour un de ces moments qu’on appelle « convivialité », mais n’est pas convié aux remarques acérées de la dragonne, réservées à sa cour rapprochée.
Ambiance.

Crédit photo : Pexels – Stanley Morales
Je n’ai jamais eu de problèmes relationnels avec mes collègues de travail. Bien sûr, ce n’est pas le monde des Bisounours, il y a des personnes avec qui j’ai eu de belles connexions, d’autres avec qui je n’en avais pas, mais ça ne m’a jamais empêchée de travailler avec qui que ce soit.
J’ai toujours gardé à l’esprit qu’on était là avant tout pour bosser ensemble, dans le but de faire avancer les choses, pas pour se faire des amis. Le fait est qu’au fil du temps, bien souvent, les collègues deviennent des copains, des copines, surtout quand on ne travaille plus ensemble.
L’endroit où je travaille actuellement est une école. Une belle école nationale prestigieuse. Et j’ai l’impression d’avoir été projetée dans la toute fin des années 90, au collège, quand ton style vestimentaire, tes goûts musicaux ou le nombre de personnes avec qui tu « traînais » était le baromètre de ta réussite.
À croire que quand on travaille dans une école, c’est comme si on ne l’avait jamais quittée.
Le monde de l’entreprise peut être dur, mais le monde de l’entreprise, dans une école… Tous aux abris.
Plus les jours passent, et plus j’ai l’impression de redevenir l’adolescente que j’étais, qui a hâte que ça se termine. J’ai de plus en plus de mal à supporter les ragots, les cancans que je n’ai pas connus dans mes expériences professionnelles précédentes – ou tout au moins pas à ce niveau !
Me retrouver dans ce service RH affichant l’ouverture et la bienveillance mais qui critique chaque personnel dès que l’occasion se présente… Je suis profondément outrée par ces attitudes tolérées, voire relayées par l’équipe encadrante, qui refuse de se remettre en question lorsqu’on évoque le problème que cela peut nous poser.
L’exemplarité et la discrétion professionnelle ne semblent plus faire partie (ou n’ont jamais fait partie) du paysage.
Je suis peut-être trop exigeante avec les autres. C’est ce que je me dis chaque soir en rentrant chez moi, dépitée par les critiques et comportements collégiens que je rencontre au quotidien.
Ou peut-être que je suis simplement trop rabat-joie, que je ne sais pas m’amuser. Je veux dire, peut-être qu’au fond c’est hilarant de raccrocher le téléphone en s’exclamant « connard » ou insulter son écran en lisant la question RH d’une personne interrogeant un service RH ? Peut-être que parler à voix basse quand quelqu’un entre dans la pièce, c’est marrant ? Définitivement pas pour moi… A moins que ça finisse par déteindre sur moi, mais je n’ai aucune envie de devenir comme ça !
Au lieu de critiquer cet environnement, je prends du recul et je me dis qu’en fait, c’est moi qui ne suis pas adaptée à ce milieu. Qu’au moment du recrutement, ils se sont bien plantés en me prenant, moi, parce que je ne suis pas dans le même état d’esprit. Pas du tout.
Je ne suis pas à ma place.
Je me demande si je trouverai ma place un jour. Si le monde du travail est-il vraiment fait pour moi ? Ou tout au moins la fonction publique ? Ou est-ce que le fait de travailler dans les ressources humaines rend les gens dingues ? Au crépuscule de ma trentaine, voilà un millier de questions qui viennent se bousculer dans ma tête. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire les prochaines années de ma vie ? Je ne vais tout de même pas continuer à changer de poste tous les 3 ans en espérant que cette fois ce sera mieux ? Est-ce le domaine d’activité qui pêche ? Suis-je capable de m’orienter vers quelque chose de différent et quoi ?
J’ai toujours su assez clairement ce que je voulais, ce que je ne voulais pas dans la vie.
C’est assez vertigineux, voire effrayant de ne pas savoir, pour une fois, vers quoi je veux aller.
Je sais qu’il y a notre grand voyage en famille qui nous attend en 2024, mais après ça, c’est le trou noir. Et c’est sans doute aussi pour cette raison que c’est compliqué pour moi d’accepter l’environnement de travail dans lequel je me trouve actuellement. Parce que j’ai peur de revenir dans ce type d’environnement après notre voyage.
Pour la première fois, je me sens perdue et dans le flou total concernant mon avenir professionnel.
Mais je ne désespère pas : au cours des mois à venir, je finirai bien par trouver ce dont j’ai envie pour la suite.
Allez, je ne vais pas me laisser abattre par quelques cancans de collégiens !
OMG ma pauvre, je déteste ce genre d’ambiance. Étant plutôt entière et un peu je m’en foutiste s’agissant des autres s’il ne s’agit pas du boulot, je serais folle en travaillant dans un milieu comme ça. Ou alors je le ferai exploser pour le plaisir d’observer l’expérience humaine… bon courage à toi car, de ce que je vois chez mes clients publics, c’est assez répandu… on m’a dit toutefois dans l’oreillette que c’était moins vrai dans les ministères mais je n’ai aucune piste plus concrètes à te proposer. Quant au milieu RH privé, je te conseille les services intégrés à une usine par exemple plutôt qu’au siège où cela me semble être la même chose. (On fait rarement attention à ce qu’on dit à côté d’un presta 😉 )
J’aimeJ’aime
Merci pour le soutien ! Je sais que je ne vais pas y rester donc j’arrive à relativiser même si c’est pénible au quotidien, il y a eu des changements dans mon service mais ça a amené encore le même genre d’histoires…je me dis que c’est systémique dans ce service avec une hiérarchie qui veut trop copiner avec les agents, on en voit les limites…
J’aimeJ’aime
Quelle horreur ! Je n’ai pas du tout aimé mes années collège justement pour ça, donc non, ce n’est vraiment pas toi qui es trop exigeante, je trouve ça hyper nul aussi et l’ambiance doit être affreuse du coup…
Je ne connais pas les collectivités publiques françaises, mais dans le pays où je suis au niveau public il y a vraiment de tout, c’est plus lié aux personnes qu’au type d’entité j’ai l’impression (en tout cas je suis aussi prestataire privé, et au même niveau « politique », il y a des institutions (pareil pour les privés d’ailleurs) où tout le monde est adorable les uns avec les autres, et d’autres où on sent que l’ambiance est plus lourde). Mais dans tous les cas, la meilleure solution semble en effet de partir, vu le niveau que tu décris ça ne peut même probablement pas être beaucoup pire ailleurs 😅 Je te souhaite de trouver rapidement une porte de sortie en tout cas, quelle qu’elle soit !
J’aimeJ’aime
Oui effectivement c’est certainement lié aux personnes ! Je suis sur le point d’annoncer que je vais quitter mon poste en fin d’année, même si je suis dans mon droit, je sais que ça va faire des histoires (encore!) J’espère trouver un meilleur environnement pour mon prochain poste!
J’aimeJ’aime
Vous n’avez pas envie de devenir comme ça et vous n’avez pas besoin de ça. Je ne sais pas quoi dire mais je vous encourage et vous envoie beaucoup d’énergie positive. J’ai vécu une situation similaire dans une expérience professionnelle, le pire était la façon dont la situation était normalisée, au point que j’avais l’impression d’être la coupable. A la longue, c’est toxique. Beaucoup de courage à vous.
J’aimeJ’aime
Je vois bien ce que vous voulez dire pour la normalisation de la situation, on se demande vraiment à force ce qui cloche chez nous même… Encore quelques mois et je tire ma révérence ! Merci pour le soutien !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est « rigolo », dans mon travail j’ai régulièrement l’impression d’être avec des enfants de maternelle, avec des « j’ai pas envie », tu n’étais pas d’accord avec moi en réunion donc je ne suis plus ton copain… Mais bon finalement la maternelle c’est peut être mieux que le collège ^^
Bon courage en tout cas !
J’aimeJ’aime
🤭 ça doit être fatiguant aussi la maternelle ! Mais au moins c’est plus direct !
J’aimeJ’aime