Le nommer
Je t’ai laissé la dernière fois sur nos hésitations concernant le prénom de notre futur enfant. Fallait-il le garder ? Le changer ? Et dans ce cas, quel prénom allions-nous lui choisir ?
La confrontation des goûts
Le jour où nous avons reçu la confirmation que notre dossier était enregistré dans le pays de notre futur enfant, j’ai dit à M. Chéridamour qu’il était temps de se pencher sérieusement sur le sujet.
Nous n’avons pas du tout les mêmes goûts en la matière. J’aime les prénoms un peu anciens (Tristan, Augustin), voire classiques (Marie, Louis). Lui déteste, mais est incapable de me dire quel type de prénom il aime. De toute façon, il s’était mis en tête qu’on conserverait son prénom, inutile d’y réfléchir trop tôt et de se prendre la tête en écumant des listes interminables.
Il s’est donc contenté de se moquer de mes choix, et d’opposer son veto à chacune de mes propositions. Aidé de Schtroumpfette qui riait bien de mes idées apparemment bizarres.
De plus, je ne sais pas si les autres futurs parents ont le même problème que nous, mais nous nous sommes vite rendu compte qu’outre nos goûts différents, nous avions beaucoup plus de mal à trouver des prénoms de garçon que des prénoms de fille (Alice ou Agathe nous semblaient parfait pour une puce et ce dès le début de nos cogitations). Ce qui me tourmentait car j’étais sûre que nous aurions un garçon.
Et puis un jour, nous étions en train de regarder un documentaire sur la mythologie grecque. Un peu pour tester sa réaction et rire, un peu sérieusement, j’ai dit à M. Chéridamour que j’adorais le prénom Orphée pour un garçon. Et là, surprise : lui adorait aussi ! Ça a été le déclic : nous avons réalisé que les prénoms inspirés de la mythologie grecque (une passion commune, merci entre autres Saint Seiya) avaient notre préférence à tous les deux. Nous en avons évoqués plusieurs, dont un qui avait clairement notre préférence. La vie étant taquine, nous avons su 1 mois plus tard que nous allions accueillir un garçon.

Où on commence à réfléchir sérieusement
Nous nous étions toujours dit qu’en connaissant le prénom de naissance de notre enfant, nous saurions enfin si nous allions le garder ou le changer. Cela n’a absolument pas été le cas. Il se trouve que nous avons énormément aimé son prénom, qui a une très belle signification. Nous nous sommes renseignés sur la prononciation, et si cela sonnait étranger, cela restait joli et musical. D’ailleurs la réaction autour de nous quand nous le disions était assez unanime : les gens aimaient et cela ne les choquait pas. Il faut dire que de nos jours, les prénoms choisis pour les enfants sont très variés et parfois originaux.
Du moment où nous avons connu son prénom, un basculement s’est fait entre M. Chéridamour et moi : cela ne me dérangeait finalement plus que notre fils conserve son prénom de naissance, et lui n’était plus aussi hostile au fait de le changer. Cela nous a apaisés : nous savions que quelle que soit notre décision, elle nous conviendrait à tous deux. Notre choix a paradoxalement été rendu plus difficile car rien n’était évident ou tranché. J’étais très angoissée à l’idée de ne pas prendre la bonne décision, et que Pirlouit finisse par nous le reprocher.
Il a quand même fallu se décider pour un nouveau prénom car je voulais qu’on soit sûrs de nous, même si on en avait déjà trouvé un qui nous plaisait infiniment.
J’ai pris les choses en main avec M. Chéridamour et je lui ai posé un ultimatum : il devait me faire une liste ! Car il a un défaut : il peut dire qu’il aime un prénom, et 3 jours après prétendre que non. Et donc mon mari, ce cher et tendre qui depuis des mois se gaussait en entendant mes propositions « trop bizarres » selon lui, m’a donc fait une liste dans laquelle j’ai pu trouver entre autres Ezekiel, Basile, Ambroise ou encore Orion (on est d’accord c’est quand même tout aussi peu courant que Aubin ou Joshua !) De mon côté, j’ai étoffé ma liste avec des coups de cœur comme Phileas ou encore Sirius. Nous avions aussi quelques prénoms en commun (Victor et Edgar par exemple). Mais finalement, nous avons choisi celui pour lequel nous avions craqué si peu de temps avant l’appel magique.
Quand il faut se décider
Mais alors, quel choix avons-nous fait ? Peu de temps avant notre départ, n’étant toujours pas fixés, nous avons même envisagé de donner à Pirlouit un prénom français proche de son prénom de naissance pour ne pas trop le perturber (c’était une grande crainte pour moi). Le-dit prénom étant Étienne, j’avoue que je n’étais pas très enthousiaste devant cette solution.
Le matin de la rencontre, nous n’avions toujours pris aucune décision. Ou plutôt si, avec le recul je pense que le choix était fait inconsciemment : garder son prénom. Même si cela pouvait lui poser des soucis par la suite (lors de démarches effectuées juste avant de partir, j’ai dû systématiquement épeler plusieurs fois son prénom pour que les personnes l’écrivent correctement… et cela n’a pas toujours été le cas). Même si nous lui en avions choisi un que nous aimions énormément, porteur d’une jolie signification, qui nous évoquait énormément de choses et qui faisait écho à son prénom d’origine, nous ne l’appelions que par son prénom de naissance depuis 18 mois.
Mais (car il y a un mais), nous nous sommes rendu compte dès les premiers instants que Pirlouit n’y répondait pas. Sans doute le prononcions nous mal, peut-être était-il trop effrayé pour y répondre ? Était-il appelé par un surnom à l’orphelinat ? Le fait est là : 3 jours après son arrivée, il ne réagissait pas quand on l’appelait par son prénom de naissance. Nous avons essayé énormément de prononciations, sans résultat. Malgré nos demandes, nous n’avons pas eu de réponse à ce sujet. Et cela devenait urgent qu’il se reconnaisse quand on lui parlait. Si bien que nous avons pris la décision qui s’imposait : nous avons commencé à l’interpeller avec le prénom que nous avions choisi. Et là surprise : en moins d’une demi-journée, il y répondait ! Et il s’est mis aussitôt à montrer des photos de lui en se désignant avec son nouveau prénom. Tout s’est fait de manière naturelle et sans heurts.

Quand nous avons récupéré son dossier complet, j’ai eu la réponse à une question qui était primordiale pour moi, et à laquelle notre OAA (Organisme Agréé pour l’Adoption) n’avait pas pu donner suite. J’ai su qui avait donné son prénom à notre petit garçon, et ce n’était pas sa mère biologique. Cela a été un vrai soulagement, je n’aurais pas aimé supprimer ce lien s’il avait existé. Et quelques semaines après notre rencontre, nous avons appris par hasard la prononciation de son prénom par Pirlouit lui-même, et nous avons réalisé qu’il avait dû le dire quelques fois auparavant sans qu’on s’en rende compte. Cette prononciation est très proche d’un mot négatif en français et cela lui aurait certainement porté préjudice par la suite.
Aujourd’hui, Pirlouit ne se rappelle plus avoir eu un autre prénom et quand je le lui dis, il me répond que non, lui c’est Pirlouit. C’est étonnant de voir à quel point ce qui m’a tourmenté si longtemps est un non-sujet pour lui. Il y a tellement de choses qui l’intriguent et qui le questionnent et son prénom n’en fait absolument pas partie !
Je trouve que c est une belle histoire. Vous avez en fait décidé tous les 3 ☺️
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Je n’avais pas vu ça comme ça ! Mais c’est un peu ce qui s’est passé en effet !
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merci pour la fin de l’histoire de son prénom ! c est hyper intéressant ! Dans les prénoms mythologiques, nous avons hésité à appeler notre fils Ulysse. Je te rejoins, le choix d un prénom de garçon me semblait plus difficile, après avoir eu 2 filles et encore pas mal d idées de prénoms féminins.
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Je trouve en effet plus difficile pour un garçon mais rétrospectivement je crois qu’il y a beaucoup plus de prénoms de garçon que j’aime que de prénoms de fille !
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On répond toujours mieux à un prénom donné avec amour!!!!
C est une très jolie histoire, je trouve !
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Je ne sais pas s’il a senti que c’était important pour nous. En tout cas ça a été très fluide du moment où on s’est décidé.
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Très belle histoire ! J’aime beaucoup les histoires de prénoms !!
Team prénom classique pour moi aussi, enfin plutôt prénoms qui existent depuis des siècles… Mais plutôt prénom peu commun (un peu le contraire du mien !)
Vous avez gardé son prénom initial en second ou troisième prénom ? Il me semble me souvenir que c’était votre volonté également.
Merci de partager tous cela avec nous.
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C’est très beau Marie comme prénom 😊
Nous avons en effet gardé en second son prénom de naissance car c’est impensable pour nous de le gommer. D’ailleurs encore aujourd’hui c’est son prénom officiel car les démarches sont longues pour le lui changer…
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Nous étions depuis longtemps d’accord pour 2 prénoms de filles et donc nous avons eu 2 garçons ! Dont les prénoms ont été validés à la maternité.
Je pense que vous avez choisi ce prénom à 3 et c’est très beau !
C’est amusant car dans la classe de mes fils il y a pleins de prénoms mythologiques: Atlas, Adonis, Freya, Odin, Ulysse …
Personnellement je ne suis pas très fan. Pas sur les prénoms en eux même mais sur les histoires des dieux et héros qui ne m’ont pas souvent l’air positive.
Orphée a quand même perdu son amoureuse il me semble, c’est triste.
En plus, dans mon enfance j’ai eu dans ma classe un Hercule gringalet et un Einstein (!!!) qui a raté 3 fois le bac. Autant dire qu’ils ont malheureusement été la cible de bien des moqueries.
Ca m’a marqué et j’ai choisi des prénoms qui ne renvoient à personne de célèbre.
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Oui, certains prénoms sont en effet lourds de signification. Néanmoins on les trouve très beau avec mon chéri. Mais je ne me serais pas vu donner Hercule ou Einstein à mon enfant, comme tu le dis c’est trop stigmatisant pour moi.
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J’avoue que j’ai un avis très tranché sur la question parce que pour moi, par respect, il faut garder le prénom de naissance, quitte à prendre un prénom français en deuxième prénom, par exemple. Mais j’avoue que je ne m’étais jamais posé la question de la réception de ce prénom par l’enfant, qui a peut-être vécu des choses traumatiques avec, après tout on ne sait pas. Merci pour ton article 🙂
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Oui, tous les cas sont à envisager. Encore aujourd’hui, je pense que si notre fils avait répondu à son prénom d’origine, on le lui aurait laissé et mis le prénom que nous avons choisi en 2eme.
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Waouh c’est une super conclusion à cette réflexion sur le prénom (Cela valait la peine de patienter un peu !).
Est-ce que tu feras lire tous ces articles sur l’adoption à ton fils quand il sera plus grand?
J’aime beaucoup les prénoms mythologique aussi. Ils me semblent « puissants »! En prenant en compte l’histoire associée au personnage par contre!
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Je ne suis pas certaine de les lui faire lire. Par contre on lui raconte son histoire, et je suis en train de faire un album d’adoption où nous racontons une grosse partie de ce que j’écris.
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