Quand je fais du troc
Il y a quelques années, jeune naïve et fringante, j’ai créé mon auto entreprise. Ça n’était pas fait dans le vent toutefois : de nombreuses associations dont mes parents faisaient parti avaient besoin ponctuellement de l’aide d’un graphiste, j’étais là, c’était intéressant, c’était parfait.
Sauf qu’il fallait facturer.
Et là mes amies… Vraiment je me demande pourquoi même dans une filiaire « générale » du bac, on ne nous apprend pas ce genre de choses. Des factures on en croisera toute notre vie, c’est bien d’apprendre comment ça marche et à quoi ça sert. Bref, je m’égare !
Pochette CD pour un groupe de chants de marin 
identité visuelle pour un Foyer de Jeunes Travailleurs
Pour facturer, il faut donc être une entreprise, voici la raison pour laquelle j’ai créé la mienne. Cela m’a permis aussi de vendre mes petites couturettes sur des marchés de Noël, et de la papeterie de mariage à des couples qui ne trouvaient pas exactement ce qu’ils voulaient sur internet. Des faire-parts sur mesure, le menu assorti, j’adorais faire ça !
Et honnêtement ? C’était chouette, et ça m’allait très bien !
Pourquoi j’ai tout arrêté
Eh bien, il y a un piège là dedans. Passée la première année, je devais régler tous les trimestres des frais, que j’ai encaissé des sous ou pas. Or, c’était plutôt pas, vois-tu… Quand tout ceci m’a coûté plus cher que ça ne me rapportait (je rappelle qu’il s’agissait d’un à côté très très ponctuel), j’ai fermé l’entreprise.
Mais pour autant, on a continué à avoir besoin de moi !
Le premier client que j’ai démarché était un restaurant dans ma rue. Un petit coin familial, minuscule, qui venait d’ouvrir à 2 pas de mon boulot. La cuisinière était sympa, tout était bon et maison .. mais l’enseigne et la carte étaient faits de bric et de broc. Ça n’était pas vendeur et ne reflétait pas DU TOUT la qualité de ce qu’on y servait !! J’y suis allée au culot et j’ai proposé à la restauratrice le deal suivant : je te refais ton enseigne + ta carte + tes ardoises murales en échange d’un repas par semaine pendant 1 an.
Elle a dit oui ! Le soir même je lui proposais quelques croquis et nous avons avancé gentiment de la sorte. J’ai bien mangé durant tout ce temps !
Aucun regret !
Depuis, c’est devenu assez courant. J’ai ainsi fait le logo d’une Savonnière qui s’installait en échange d’huiles et beurres pour moi-même savonner. J’ai donné un coup de main à une géniale facilitatrice émotionnelle en échange d’un atelier.
J’ai refait toutes les cartes et la charte graphique d’une copine restauratrice à Bayonne en échange d’un colis de spécialités de là bas… Et tout récemment, j’ai refait le logo d’un salon de coiffure en échange d’un futur changement de tête !
Alors bien sûr, ça ne paye pas les factures. Mais en fait, je n’ai pas besoin de ça : je suis salariée d’une entreprise que je n’envisage pas de quitter actuellement ! Par contre, ça m’offre des petits extras non négligeables, qui ne mordent pas sur mon budget !
Et puis, j’y vois de nombreux avantages. Même si quelques unes des personnes aidées étaient déjà des amies, je m’en suis fait d’autres avec ce principe ! Le bouche à oreille fonctionne, les copines parlent de moi à leurs copines qui galèrent sur un truc, on échange nos savoir-faire et tout le monde est content ! Parfois, c’est un particulier qui a besoin d’un dessin, d’un faire part… Le troc contient alors des vêtements pour mes enfants, de la bouffe, ou du fait maison de sa part ! Par ailleurs, cela ne me force pas à mettre un prix sur mon travail. Chacun y met la valeur qu’il veut, en me retournant une faveur ou des biens qui valent le travail que je leur ai fourni (le prix libre et conscient que la toujours géniale facilitatrice tente régulièrement de t’expliquer ici 😉 ). J’y ai fait de belles découvertes, j’ai reçu des choses que je n’aurai jamais osé acheter moi même…
C’est gagnant / gagnant
La preuve ? On en redemande ! J’ai reçu un message il y a peu : « Ça te branche de recevoir un nouveau colis ? On a bien envie de faire une carte d’hiver… » J’ai dit oui, j’ai passé 3 soirs à modifier mes fichiers, et une semaine plus tard c’est Cosmolio qui m’a recontactée pour des étiquettes dans l’esprit de Noël pour sa box à offrir !
J’aime recevoir ces colis pleins de surprises, attentivement choisis… quand Cosmolio m’ajoute un shampoing maison qu’elle ne propose pas encore à sa clientèle, ou que « le bar du palais » me fait profiter de ses conserves maisons, c’est un peu comme si je faisais partie de la famille et ça, ça vaut toutes les factures du monde !
Et toi? Tu pratiques le troc? Ou bien tu n’y avais jamais pensé et ça te donne envie d’essayer? Qu’est ce qui te freine ? Raconte moi un peu 🙂
Bribes de Vies 
Je trouve le concept génial ! J’en avais entendu parlé par des photographes qui avaient proposé leur services mais dans leur cas ça ne c’était pas super bien passé car les gens voulaient toujours plus(de la séance famille tu dois finalement faire un mariage… Ahem) et au final c’était très prise de tête.
Il me semble d’ailleurs qu’il existe des applications pour mettre en contact les gens pour des échanges de service. Il faudrait que je re-regarde 🙂
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Ah, je ne savais pas que des applis existaient ! Dur pour les photographes… Le tout est d’être au clair sur l’objectif du troc dès le début… Et savoir dire non aussi ! Ici c’est la nouvelle saison, je refais la carte du restaurant cité plus haut… Bon, ben quand ils font appel à moi, ils savent qu’il y a un petit délai : je dois glisser cela dans mon planning déjà bien chargé de maman de 3 et employée à temps plein ! Mais le travail est fait, et je suis toujours contente de voir arriver mon colis surprise ❤️
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Je suis relieur d’art et mon entreprise existe depuis 15 ans. Ces dernières années elle est en sommeil: j’ai repris un emploi à temps plein et j’ai deux enfants petits. J’ai le souvenir il y a quelques années d’une amie de ma belle mère qui me demande de réparer un livre pop up. Un travail assez éloigné de ce que je fait d’habitude sur un livre pas fait du tout pour être réparé.. un travail que je fais « par gentillesse » et qui me prend un temps fou (mais fou!) à la fin la dame demande ce qu’elle me doit. Si j’avais dû facturer cela aurait été énorme! Je faisais vraiment pour rendre service et je lui dit rien du tout. La semaine suivante elle est revenue avec un grand panier garni d’une épicerie fine (il y avait de l’huile de truffes dedans que j’ai découvert à mon grand plaisir) . J’ai adoré! Depuis on échange beaucoup en particulier entre artisans. J’ai troqué une série de reliures contre la restauration d’un cadre en bois doré de mon arrière grand mère (j’en rêvais mais je n’aurais jamais eu les moyens de le faire) , une autre contre la peinture de la devanture de mon atelier, des carnets contre des bijoux, des origamis contre une écharpe etc… sincèrement.. c’est affreux pour l’économie des petits artisans mais tellement réconfortant de faire plaisir en se faisant plaisir! (disons qu’on ne peut pas faire que ça et que si tout le monde s’y met plus personne ne peut payer ses factures)
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Voilà, le système a ses limites, mais il a aussi ses avantages ! Je ne proposerai pas cela a un grosse entreprise ou un restaurant bien installé : je propose ces services là où je sais que de toutes façon, ils n’auraient pas fait appel à un professionnel car par les moyens… Or avoir une belle communication c’est l’une des façons de bien grandir aussi, c’est un investissement de départ important… Bref, on s’y retrouve ! (Et relieur d’art… J’ai faillit faire ça, moi aussi ! Ça n’aurait pas marché, pas assez minutieuse, mais j’admire ces « vieux » métiers qui sont l’âme de nos objets !)
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Super article. C’est un bon système pour s’offrir de petits plaisirs, car avec l’inflation, une fois les factures payées, il ne reste pas grand chose pour les loisirs.
Et je vois tout à fait de quelle facilitatrice géniale tu parles. Je l’ai connue grâce à ce site d’ailleurs. Je ne peux qu’inciter les autres lectrices et chroniqueuses à jeter un oeil à son travail.
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Merciiiii !!! Oh que oui, foncez rencontrer Claire !
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