48 heures à la maternité

48 heures à la maternité

Il y a quelques mois, je racontais donc la naissance un peu chamboulée du petit panda roux, que tu peux relire notamment ici en ce qui concerne le dernier article. Nous avons donc été hospitalisés tous les trois en maternité, pour une surveillance de bébé. Je ne te cacherai pas que j’ai très mal vécu ce séjour à la maternité.

séjour maternité naissance

Crédit photo : Image par Thorsten Frenzel de Pixabay

Sous surveillance

On nous annonce donc que nous allons être hospitalisés à la maternité, tous les trois – je suis soulagée – pour permettre à bébé panda roux d’avoir un électro encéphalogramme le lendemain, ainsi qu’une surveillance rapprochée qui ne peut se faire à domicile. C’est un tourbillon d’émotions à l’intérieur de moi… Je suis à la fois heureuse que bébé ne soit pas transféré en néonatalogie, mais aussi hyper contrariée de ne pas être à la maison comme initialement prévu. Je sais que dans la vie, tout ne se passe pas comme on le prévoit, cela ne m’empêche pas de ressentir des émotions désagréables à ce sujet. Je l’accepte d’ailleurs, toutefois je me censure parfois de certaines pensées, de certains ressentis émotionnels en me disant que je n’ai pas le droit de penser/ressentir cela alors que peut-être mon bébé a quelque chose de grave. Nous sommes donc sous haute surveillance d’après la pédiatre. Elle évoque une sortie le lendemain si tout va bien. La nuit commence, et notre petit panda roux qui dormait à sa naissance, se réveille de plus en plus… et se rattrape niveau pleurs et cie ! Pourquoi n’a-t-il pas fait ça au moment où il est sorti de mon utérus ?!

Quelle surveillance ?

J’essaye d’en savoir un peu plus sur le programme de surveillance de mon bébé, mais les auxiliaires restent évasives : on va prendre ses constantes régulièrement, sa glycémie et faire des examens cliniques fréquemment. Nous faisons appel à l’auxiliaire dans la nuit, vers 2h, car bébé est inconsolable et nous sommes inquiets. Son intervention nous laisse un peu sur le c**, notamment quand elle nous rend bébé en lui disant : « allez, je laisse ton papa s’occuper de toi, j’ai mon dessert à terminer moi ! » Sans commentaires. Concrètement, si nous avions été à la maison, sans cet épisode inquiétant, on aurait géré comme pour les deux premiers, par du portage, du peau à peau, des bercements, des sons… Mais là, on avait peur. On nous parlait de surveillance rapprochée pour qu’au moindre problème, on puisse intervenir dans l’urgence. Dans la réalité, nous avons eu juste une prise de température et de sang à six heures du matin. On a d’ailleurs appris à ce moment là qu’il n’y aurait plus de surveillance du taux de glycémie car il était vraiment bon. Chouette, on va pouvoir sortir alors… Si l’EEG est bon bien sûr. Sauf que nous nous prenons une première douche froide quand la sage-femme qui passe vient nous voir en nous parlant également d’échographie transfontanellaire. La pédiatre ne l’avait jamais évoqué, alors forcément, je me mets à me faire des tas de scénarios. C’est en fait juste dans le protocole à suivre et qui va de pair avec l’EEG, mais je l’apprendrai plus tard. Le pédiatre du jour arrive vers midi pour faire l’examen. C’est pile à ce moment là que bébé a décidé de redormir pour une longue période. Le pédiatre le voit donc à nouveau tout hypotonique, n’arrive pas à voir ses yeux. Il veut le revoir dès qu’il sera réveillé, et nous parle de 72 heures d’hospitalisation. Je ne comprends vraiment pas, je commence à saturer de tout ce que l’on vit émotionnellement.

Une si longue journée

La journée est longue, très longue. Bébé ne fait que dormir. On me met la pression pour qu’il tète, pour que je tire mon colostrum, pour que je lui donne coûte que coûte à la cuillère. Je suis énervée. C’est mon troisième bébé, il pèse plus de 4kg, j’ai allaité les deux premiers, je suis moi-même formée à l’allaitement et j’accompagne des parents dans leur allaitement. Je sais quoi faire, comment le faire et pourquoi. L’équipe n’est d’aucun soutien réellement. On m’envoie dans la chambre une « experte » me dit-on. En réalité, c’est juste la sage-femme. Après avoir essayé de réveiller bébé pour une mise au sein, elle finira par me dire qu’on ne peut rien faire, qu’il dort, et qu’on ne peut pas réveiller un bébé qui dort si profondément. « Sans blague » ai-je envie de lui répondre. Mais je me contenterai de mentir jusqu’à la fin du séjour sur l’allaitement et de continuer à faire confiance à mon bébé et à moi. La montée de lait arrivera d’ailleurs dans la nuit, entraînant ainsi une deuxième nuit de la java, youpi ! En tout cas, on passe notre temps à attendre notamment l’EEG et l’écho. Ce premier jour, nous ne ferons que l’EEG, en fin de journée. Une heure à stresser devant les images, à essayer d’interpréter la moindre image, la moindre réaction de la personne qui pratique l’examen. Quand nous reverrons le pédiatre vers 17h ce jour là, bébé bien réveillé par l’EEG, on remarquera qu’il est déjà moins catégorique quant aux 72h d’hospitalisation et nous laisse espérer une sortie à 48h, soit le lendemain.

La rencontre avec ses frères

C’est après l’EEG que l’on a donné le feu vert à mes parents pour venir avec l’Elu et Numérobis pour qu’ils rencontrent leur petit frère. Encore une fois, j’avais imaginé un tout autre scénario, mais je m’adapte. Ce fut rapide, court, intense, tendre, émouvant, drôle, vivifiant, revigorant, inoubliable. Une sorte de parenthèse enchantée dans la lenteur de cette journée et un peu de couleurs arc-en-ciel dans ma vision bien noire des choses. La sage-femme du soir se trouve être celle de la veille, celle qui avait accueilli bébé à son arrivée dans le service. Tout de suite elle nous dit que c’est le jour et la nuit, qu’il a l’air vraiment bien et totalement normal. Je trouve cela tellement rassurant. C’est elle qui sera à l’initiative de demander à la pédiatre d’astreinte de nuit, de nous donner les résultats de l’EEG – ils sont bons, ouf. C’est elle aussi qui appuiera notre demande de sortie « précoce » ou du moins dès que possible. Pour cela, bébé panda roux doit encore subir l’examen de l’échographie transfontanellaire qui n’a pas pu se faire à la suite de l’EEG car le praticien n’était pas présent pour faire l’acte et son interne ne se sentait pas capable de le faire seul. Nous passons donc une seconde nuit (pourrie) à l’hôpital. Bébé panda roux n’a même plus aucune surveillance, on se demande donc encore plus pourquoi ils nous gardent. Après avoir dormi toute la journée, bébé fait à nouveau la java toute la nuit. Le point positif c’est qu’il tète beaucoup et aura donc un poids totalement acceptable pour sa sortie.

Enfin à la maison

Le mardi matin, le pédiatre (le même que la veille) nous tient enfin un discours rassurant et nous parle d’une sortie possible aujourd’hui si plusieurs facteurs sont au vert. il va même avancer certains contrôles pour qu’on puisse sortir car il est assez confiant quant à l’échographie. Les heures nous paraissent toutefois encore très longues, bébé ne fera son échographie que vers 14h30/15h. Je ne peux pas l’accompagner, seul un parent est autorisé et je suis clairement trop angoissée, je ne veux pas transmettre ces ondes négatives à mon bébé. Le papa n’en mène pas large, mais il assure comme un chef, et bébé aussi. L’échographie est normale, l’auxiliaire se presse donc à faire les derniers contrôles et prépare les papiers de sortie. Dès que le pédiatre reçoit les résultats, si tout est bon, on part. Autant vous dire que je n’ai jamais été prête aussi rapidement ! C’est pile au moment de la sortie que la psychologue de l’équipe de périnatalité pointera le bout de son nez. On prend tout de même un peu de temps pour échanger avec elle. Mon mari va clairement mieux depuis que tous les signaux sont au vert. Moi, je me sens encore très marquée par cette naissance et je garde ses coordonnées. Je la reverrai par la suite, en ambulatoire, pour décharger un peu sur les angoisses que j’ai vécu jusqu’aux 5 mois de bébé environ.

On rentre enfin tous les trois, retrouver nos deux premiers bambins et mes parents. A peine arrivée chez moi, je fonds en larmes et je passerai la soirée à regarder mes trois bébés ensemble, les yeux remplis d’étoiles. Je te raconterai cela plus en détail prochainement, ainsi que la vie trépidante d’une maman de trois garçons en trois ans 1/2 !

4 commentaires sur “48 heures à la maternité

  1. Oh là là rien qu’à lire la dernière phrase, j’ai juste envie d’aller me recoucher rien qu’en imaginant les 3 bébés en 3 ans et demi !
    Quand même, c’est flippant et bizarrement pris en charge ce qui vous est arrivé. Au final, on ne vous a rien expliqué ?

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    1. Je te rassure moi aussi j’ai envie d’aller me coucher !!!!
      Non, au final, nous n’aurons eu aucune explication. Cela a entraîné chez moi de grosses angoisses et un doute envers les médecins que j’ai fini par surpasser grâce à la kinésiologie…

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  2. Oh là là, comme ça a dû être difficile pour vous…
    Les personnels de maternité ont tellement à apprendre, notamment à écouter et respecter.

    J’ai eu le même genre de sage femme pour mon premier. J’ai été opérée de la poitrine quand j’étais jeune : les arrivées de lait sont coupées, techniquement on ne peut pas allaiter. Or j’avais du colostrum et ai émis l’envie de tenter l’allaitement. Le personnel n’a pas écouté mes antécédents, n’a pas écouté quand j’ai dit que mon bébé n’arrivait pas à téter et qu’il y avait un problème. Il est resté presque 3 jours sans manger, jusqu’à la dernière pesée. Une nuit il n’a fait que pleurer, j’étais épuisée, seule, perdue. J’appelle la SF qui le prend, le recouche et lui dit « maintenant bébé il faut dormir, maman est fatiguée. » C’est la dernière fois que je demanderai de l’aide.
    Bébé ne faisait que perdre du poids. Le 3 ème jour on fait la pesée pré-tétée et post-tétée et là (oh surprise !!!!!) bébé a pris… 0g. À partir de là il aura des biberons. Et mon bébé va changer de visage, se détendre. On a vu la sérénité arriver sur son visage et moi, 6 ans plus tard j’ai encore la gorge nouée en racontant cette histoire….

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    1. Oui malheureusement selon l’équipe en place, nos séjours peuvent vite tourner au cauchemar… Je suis désolée de lire votre expérience autour de l’allaitement… Au contraire, une maman dans votre situation aurait dû être accompagnée ++++ dans ce projet…

      Aimé par 1 personne

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