Lien fraternel

Lien fraternel

Je suis retombée sur un de mes articles de l’époque de « Dans ma tribu » dans lequel je décrivais l’absence de liens entre mes enfants, 9 mois après la naissance du deuxième. Aujourd’hui, on peut parler de virage à 180° : mes enfants sont très complices ! J’ai donc eu envie de retracer l’évolution de leurs relations.

Fin 2019 (Dans ma tribu)

Ils sont deux et ce n’est pas comme je l’imaginais.

La loupinette a accueilli son frère avec, disons, circonspection. Elle ne paraissait pas enchantée par l’arrivée de ce bébé qui monopolisait tellement ses parents, et surtout sa mère. Elle ne s’est pas intéressée à lui, n’a pas voulu lui faire de bisou ni de câlin, n’a pas voulu jouer avec lui. Par contre, elle a voulu lui piquer toutes ses affaires et faire comme lui : aller dans le transat, dormir dans le lit cododo, ramper, qu’on lui donne le biberon ou à manger… Elle nous dit de le poser, crie « NON pas Tibou !!!! » quand il s’approche d’elle.

Depuis 9 mois que Tibou est né, cette situation a très peu évolué. Lui est fan de sa sœur : il rit quand elle crie, il se précipite vers elle… Elle esquisse de temps à autre un petit geste de tendresse envers lui. Elle lui donne parfois des jouets et elle adore lui remettre sa sucette.

Nous sommes donc loin de la joie de l’arrivée du petit frère que j’imaginais. J’en viens à me poser beaucoup de questions sur la façon de gérer au mieux cette fratrie qui pour l’instant n’est pas soudée. Je souhaite éviter la concurrence entre eux. J’aimerais que chacun d’entre eux puisse se développer harmonieusement. Et j’espère au fond de moi voir leur complicité se développer malgré le caractère de ma fille.

En attendant, j’essaie de me partager en deux entre mes deux enfants, leur donner à tous les deux mon affection, mon attention et mon amour, un peu comme s’ils étaient tous les deux enfants uniques. J’aimerais m’en occuper comme un tout, « mes enfants », mais pour l’instant ça ne me parait pas être ce qu’il leur faut. Alors ils restent « ma fille » et « mon garçon » et je les traite comme deux personnes bien distinctes. Dans le même temps, je me demande comment accompagner la construction du lien entre eux.

Aujourd’hui

Crédits : photo personnelle

Ils forment un duo fusionnel.

Elle, la grande, donne la direction (des ordres), explique la vie à son frère, veut constamment lui piquer ses affaires et il doit négocier après pour récupérer son bien. Elle répète 10 fois son nom pour être sûre qu’il l’écoute. Il est très souvent d’accord pour la bêtise qu’elle lui propose.

Lui, le petit, la suit partout. Il sait de mieux en mieux comment manœuvrer sa soeur pour ne pas se faire avoir. Parfois, il lui saute dessus, lui tire les vêtements, essaie de capter son attention, la titille.

Ils se parlent constamment, jouent ensemble pendant des heures, aux Pat’patrouille, avec les doudous, à bébé-parent, au docteur… Ils ouvrent la porte de leur chambre le matin pour se retrouver, d’ailleurs c’est la fête quand ils peuvent dormir ensemble. A table, ils discutent, commentent, jouent, se font des blagues. La loupinette commence à lire des histoires à son frère, qui en retour lui raconte de plus en plus d’anecdotes de son cru. Ils se construisent un petit monde à eux. Ils déteignent l’un sur l’autre. La loupinette a peur des sèche-mains aux sanitaires, Tibou aussi. Quand Tibou a arrêté la tétine, sa soeur a réussi à arrêter le pouce dans la foulée.

Ils font pression à deux pour avoir leurs dessins animés. Ils se chamaillent ensuite pour savoir quel dessin animé regarder.

Car oui, ils se chamaillent, ils se comparent aussi et trouvent toujours qu’ils sont défavorisés par rapport à l’autre. Mais ils le font car ils interagissent beaucoup, alors au fond, selon moi, c’est positif.

Ils font du sport ensemble, Tibou apprend à ne plus embêter sa soeur pendant les cours. Et ils se voient tous les jours à l’école et jouent ensemble dans la cour de récré avec les copains de la grande, et de plus en plus les enfants de la classe du petit.

Ils viennent de prendre l’avion en UM pour la première fois, à 5,5 et 4 ans, et ça s’est parfaitement bien passé car ils étaient l’un avec l’autre.

Ma belle-mère a encore résumé la situation la semaine dernière : il faut régulièrement arbitrer les disputes, mais c’est maintenant plus facile de les avoir à deux que seuls car ils jouent énormément ensemble et ça libère du temps pour les adultes.

Aujourd’hui, mes enfants s’entendent super bien. Je savoure ce lien et cette possibilité de les considérer comme le fameux « tout » que j’évoquais en 2019. Une fratrie quoi.

Entre les deux

Que s’est-il passé pour en arriver là ? Je t’avoue que je n’en sais rien et que c’est certainement dû au temps et à une certaine compatibilité entre les deux.

Quand Tibou a eu 1 an, la loupinette a eu l’air d’accepter son existence. C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à interagir avec lui et qu’ils ont partagé leurs premiers jeux. Elle lui a tenu la main pour l’accompagner dans ses premiers pas, lui a donné des jouets, a commencé à nous imiter en prenant soin de lui, lui a parlé de plus en plus. Tibou rigolait de ses gestes et adorait la suivre !

Ils se sont trouvé des centres d’intérêt communs. J’en ai cité certains… La sacro-sainte Pat’P et ses nombreux chiots et véhicules qui peuplent notre maison. Les dessins animés bien sûr ! Les livres aussi, énormément.

Peut-être que leurs premiers moments avec les grands-parents, loin de nous, ont aidé à les souder.

Ils ont commencé à faire du babygym en même temps dans le même cours, la présence du petit réconfortant la grande qui jusque là était trop timide pour faire une activité, et vice-versa, le petit ne se posant pas de question car sa soeur était là. Pour finir, Tibou est entré à l’école en septembre 2022 et à partir de là, il n’a plus lâché sa soeur.

Et pour la suite ?

Leur papa et moi pensons qu’il est temps de les faire défusionner sur certains points. Par exemple, nous avons décidé qu’il était temps de leur apprendre l’intimité car jusqu’ici ils prennent leurs douches ensemble et n’ont pas de secret l’un pour l’autre. Par ailleurs, nous déménageons cet été et ça sera l’occasion qu’ils se voient moins à l’école. Nous pensons que cela sera bénéfique pour Tibou car la présence de sa soeur l’empêche de s’ouvrir à ses camarades de classe.

Donc finalement, alors qu’au départ rien ne laissait présager une telle entente, je savoure tous les jours cette superbe complicité entre mes deux enfants en espérant très fort qu’elle perdure dans les années (décennies !) à venir.

2 commentaires sur “Lien fraternel

  1. Super témoignage ! Merci pour la mise à jour qui fait chaud au coeur.
    Je pense que les relations fraternelles évoluent dans le temps, qu’on s’éloigne puis se rapproche et on recommence. C’est ce que j’ai constaté pour ma soeur et moi, mes cousins…

    Je pense que vous avez dû les aimer à se rapprocher même sans vous en rendre compte. Déjà, si on ne les compare pas, si on ne les met pas en concurrence l’un envers l’autre, ca part bien.
    Ensuite j’avais lu plusieurs conseils disant de les aider à se considérer comme une équipe : jouer enfant contre adulte en jeu de société, trouver des points communs aux 2 enfants (les enfants peuvent faire ca/n’ont pas le droit de faire ca), leur faire faire des activités ensemble, les aider à faire des compromis ensemble et à trouver par eux même des solutions à leur disputes… les aidaient à créér du lien.

    Aimé par 1 personne

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