Ça va ? C’est pas trop dur ?
Ce sont sans doute les deux questions que l’on me pose le plus depuis 7 bons mois : ça va ? c’est pas trop dur ?
Non, ça va. Passer de 3 à 4 enfants, je ne te le cache pas, c’est une certaine logistique. Maintenant quand on se promène je sens des regards interloqués, des gens qui comptent, qui m’arrêtent et qui me demandent : mais ce sont tous les vôtres ? Ça va ? C’est pas trop dur ?
Ça va. Même si lorsque j’ai repris le travail mon cœur s’est serré en laissant ma toute petite dernière à la crèche (ben quoi ? 6 mois et demi, c’est tout petit encore). Même si j’avoue que je rêve de voir venir la fin du tire-lait au bureau, tout en culpabilisant déjà de ne pas avoir pu faire plus et mieux pour elle. Même si en pleine semaine, donner du temps à chacun et en garder un peu pour moi relève parfois de la discipline olympique.
Mais ça va. Ça va parce que mes enfants vont bien, et que physiquement je vais bien. Ça va, parce que mon mari fait sa part, ce qui me permet de garder aussi du temps pour une activité pour moi. Ça va parce que mes enfants sont sympas et ne demandent pas l’impossible quand il s’agit d’activités extrascolaires. En fait, ça va, mais si ma logistique quotidienne et hebdomadaire se grippe, je sens bien que ça n’ira plus tant que ça, parce qu’au lieu de passer mon temps libre à prendre soin de moi et de mes enfants, je risque de le passer à éteindre des incendies.
Ce n’est pas trop dur, mais à vrai dire, je ne sais pas ce qui est mis derrière cette question. Est-ce le fait même d’avoir quatre enfants ? Pour être honnête, je trouve le passage de 3 à 4 assez indolore : nous avions déjà changé de voiture, mis en place une organisation au cordeau, organisé nos espaces de vie en fonction, un enfant supplémentaire, logistiquement, n’a pas changé grand chose. Le nombre de lave-linge hebdomadaire peut-être, et encore… en tous cas, certainement pas la hauteur de ma pile de repassage, parce que j’avais zappé cette étape de mon organisation depuis bien longtemps !
Est-ce pour la fatigue que cela représente ? Alors nous sommes fatigués, c’est sûr, mais le sommes-nous vraiment plus qu’avant ? Je n’en sais rien. Notre petite dernière dort très bien la nuit, et nos quelques réveils nocturnes sont plutôt du fait des grands que du sien (si quelqu’un a une solution d’ailleurs pour faire comprendre à un grand garçon de 4 ans qu’à 2h30 la nuit n’est pas terminée et qu’il n’est pas l’heure de jouer aux playmobils, je prends !). De mon côté l’allaitement me fatigue, mais c’est une fatigue choisie, parce que je ne me vois pas la sevrer pour le moment, et donc je choisis mes combats, et mon mari est très soutenant sur la question, ce qui me permet de me reposer à la mesure de ce dont j’ai besoin.

Pour le nombre d’enfants en lui-même et notre incapacité matérielle à nous diviser en 4 pour donner à chacun toute notre attention ? C’est peut-être effectivement le point le plus dur. C’est le propre d’un parent de culpabiliser, de fait, mais c’est vrai que parfois j’aimerais être plus disponible pour écouter les progrès musicaux de notre deuxième, m’extasier devant les (très nombreux) bricolages de notre aînée, jouer aux playmobils avec notre troisième, ou même câliner notre dernière qui en aurait besoin au moment même où il faut préparer le dîner de tous les autres. Parfois je m’en veux de leur accorder un temps limité, ou de ne pas leur laisser d’autre choix que de développer leur autonomie. Puis je me rappelle que je me posais déjà ces questions à la naissance de notre deuxième enfant, tout enfant qui naît après un autre réduit de fait la possibilité d’accorder du temps au précédent, et chaque enfant suivant n’aura jamais autant d’attention et de temps dans ses premiers mois qu’un aîné qui n’a jamais eu à partager ses parents avec qui que ce soit.
En fait, ce qui est dur avec cette naissance, c’est ce qui était déjà dur avec la naissance des enfants précédents : c’est cette culpabilité maternelle qu’il faut réussir à faire taire, ou avec laquelle il faut réussir à négocier pour qu’elle ne prenne pas trop de place. Oui, j’ai repris le travail, j’impose une organisation logistique importante à tout le monde, mais tout ça c’est pour avoir la possibilité de passer un peu de temps avec chacun, à bricoler, jouer, câliner, m’extasier, à les accompagner dans leur évolution, à les aimer concrètement finalement.
Ça va, ce n’est pas trop dur, non, même si parfois j’aimerais faire plus ou mieux, mais aujourd’hui je fais ce que je peux avec ce que je suis pour que chacun trouve sa place dans ce nouvel équilibre familial. Et si pour cela il faut manger un peu plus de coquillettes et un peu moins de haricots verts, et bien soit, ma culpabilité maternelle s’en accommodera plus tard, pour le moment il est temps d’aimer.

Bonjour,
Pour faire comprendre à ton fils que la nuit, on ne joue pas aux Playmobils, tu peux lui trouver un réveil de ce type : https://www.natureetdecouvertes.com/puericulture/chambre-bebe-enfant/veilleuses/veilleuse-reveil-indicateur-lapin-30169760
On règle l’heure du lever, par exemple 7h. Avant 7h,le lapin qui dort est éclairé, et on peut expliquer à l’enfant que tant que le lapin dort, lui aussi doit dormir. À 7h,le lapin qui est réveillé s’éclaire : on peut expliquer à l’enfant qu’il a le droit de se lever s’il n’a plus sommeil. Chez moi, le week-end, cela signifie qu’on peut mettre la lumière et regarder des livres dans lit. Ça a marché avec mes 2 enfants.
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C’est exactement ce à quoi j’ai pensé en lisant l’article ! Bon par contre, j’ai un retour plus mitigé sur la chose… on en discutait avec quelques collègues là semaine dernière (ce réveil a beaucoup de succès !) et chez aucun de nous ça ne marche vraiment. A 2-3 ans, fille éteignait le réveil si le lapin n’était pas levé quand elle se réveillait et maintenant à 6 ans le chant des oiseaux ne la réveille pas ! Ça dépend sûrement des enfants ?!
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C’est vrai que cette question revient souvent; Je me retrouve beaucoup dans ton témoignage. Alors pour ma part, bébé va sur ses 11 mois et je trouve que cette année a été difficile moralement pour moi. Je ne sais pas pour quoi, j’ai trouvé le passage de 2 à 3 plutôt easy, mais là j’ai l’impression d’être toujours entrain de jongler entre les besoins de chacun, la gestion de la maison, des activités… mon conjoint m’aide pourtant aussi. Mais j’ai accumulé une fatigue dont j’ai du mal à récupérer. Pourtant comme tu l’expliques, ce que l’on faisait déjà pour 3 on le fait pour 4, la charge de travail supplémentaire n’est pas si exponentielle. Je trouve aussi que le plus difficile est d’accorder des moments de qualité et d’attention avec chacun des enfants. Comme toi, j’ai repris le travail vers les 7 mois de bébé et j’allaite encore. L’aîné vient d’avoir 8 ans, le 2e a 6,5 ans et le 3e a 3,5 ans. Je crois que j’ai mal vécu mon retour au travail, j’aurais aimé profiter davantage de mon 4e et dernier bébé. Mais c’est surtout j’aimerais retrouver mon énergie et mon dynamisme et ne plus me sentir si fatiguée par moment. Je trouve que tu as l’air d’avoir trouvé le bon équilibre et comme tu dis avec 4 enfants on fait du mieux que l’on peut en fonction de la situation même si on voudrait être encore plus perfectionnisme sur certains aspects, le principal est bien sur l’amour que l’on porte à nos enfants .
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Hello, Je trouve cet article intéressant, car on entend souvent plutôt les messages contraires, de la part de parents débordés , qui évoquent une vie atomisée de fatigue et de contrainte… alors que ton article fait passer quelque chose de positif et de fort ! De l’organisation, du partage dans les tâches dans le couple, et garder du temps pour soi .. Je trouve cette approche hyper rassurante pour moi qui n’en n’ai pas encore 😉 Merci pour ce partage
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Très beau texte rempli d’amour.
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Ton article est merveilleusement bien écrit et juste , de mon point de vue. « c’est le propre d’un parent de culpabiliser « , et de faire avec cette culpabilité , oui !
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