Mon allaitement 2.0

Mon allaitement 2.0

Il paraît que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Ce n’est pas un proverbe que j’affectionne car nous avons tous des points pour lesquels en aucune façon nous n’allons changer d’avis. Cela étant dit, s’il y a bien un point où j’ai changé d’avis, c’est sur mon expérience de l’allaitement.  Comme on dit : deux enfants, deux expériences.

Crédit Photo: Vincent Besson Photographie

La décision initiale

A l’origine, comme je l’avais dit dans la conclusion de mon expérience de l’allaitement avec petit koala, je n’avais pas l’intention d’allaiter ce second bébé. Ce qui a modifié ma décision a été la lourdeur de ma grossesse. Avec ma dépression, j’essayais de m’attacher le moins possible à mon bébé, pour me protéger dans le cas où il lui arriverait quelque chose. Mais plus les mois passaient, plus l’issue positive se rapprochait et plus j’avais envie de compenser ce détachement. A défaut d’avoir pu créer quelque chose de particulier pendant la grossesse, je voulais tenter de me rattraper avec l’allaitement.

Ce n’était pas gagné d’avance. Le traitement psy que je prenais contre ma dépression n’était pas compatible avec un allaitement et comme j’avais fait une dépression post-partum la première fois, j’étais encore plus à risque d’en refaire une. Dans ce contexte, ma psychiatre n’était pas du tout d’accord avec mon projet d’allaitement et encore moins pour que j’arrête mon traitement « juste pour ça ». Autant j’étais totalement d’accord avec elle sur le fait qu’il était important que mon bébé ait une maman stable psychologiquement pour tenir le coup, autant je n’arrivais pas du tout à me résoudre à ne pas au moins essayer. C’était un risque à prendre, mais si je ne le faisais pas, je craignais de le regretter toute ma vie.

Je devais faire un choix, et le faire rapidement car si je prenais la décision d’aller contre l’avis du psychiatre, je devais procéder à l’arrêt du traitement à distance de l’accouchement pour minimiser au maximum le risque de sevrage chez mon bébé.  Pour m’aider à prendre une décision la plus éclairée possible, j’ai demandé l’avis de chaque membre du corps médical qui m’entourait. Encore une fois, j’ai pu bénéficier de beaucoup de bienveillance. Ils ont été moins violent dans leurs mots, et m’ont encouragé à me faire confiance.

C’est ainsi que j’ai décidé que je tenterais l’expérience. On verrait bien. Si vraiment je faisais une grosse décompensation, on arrêterait et je reprendrais mon traitement. Mais au moins, je n’aurais aucun regret de ne pas avoir essayé. J’ai stoppé mon traitement environ un mois avant la date fixée de l’accouchement. Durant cette période j’ai eu un suivi psychologique encore plus rapproché non seulement par ma propre psychologue, mais également par une psychologue de la clinique où j’ai accouché qui est venue me voir dès mon hospitalisation de fin de grossesse, et après mon accouchement.

L’accomplissement

Évidemment, j’avais la boule au ventre de tenter l’allaitement une nouvelle fois. Mais les conditions étaient réellement différentes : mon fils avait eu le temps de développer le réflexe de succion avant sa naissance, et surtout, il était dans ma chambre avec moi. Dès les premières heures nous avons pu faire beaucoup de peau à peau, nous avons fait une tétée d’accueil même si c’était plus de quatre heures après sa naissance. Je n’ai pas subi ce manque de contact qui m’avait tant pénalisée pour ma plus grande.

L’accompagnement à la maternité a été incroyable. Les sages-femmes et puéricultrices du service avaient fini par bien me connaitre avec mes multiples hospitalisations et nous avions tissé des liens de sympathie. Elles m’ont encore plus chouchoutée et rassurée que les autres mamans, en particulier sur l’indispensable complément à faire au biberon pour ptit loup. En effet, à cause de son hypoglycémie sévère à la naissance, il était indispensable de le compléter régulièrement après la mise au sein pour que son état ne décompense pas. Elles m’ont rassurée en me disant que ça n’allait pas enterrer directement mon allaitement et de nous faire confiance.

Dans un sens, ce début en allaitement mixte m’a été bénéfique car il m’empêchait d’avoir le stress de la quantité prise et de la perte de poids. Ptit loup a directement su bien se positionner au sein et téter efficacement. Tout s’est fait avec un tel naturel que j’avais du mal à en croire mes yeux.

Après le retour à la maison, une sage-femme à domicile a pris le relais et m’a encouragée à espacer les compléments au biberon maintenant qu’il avait bien repris des forces. Au bout de 3 semaines environ, nous sommes passés en allaitement exclusif à la demande. Nous avons progressé dans cet allaitement ensemble, en nous faisant confiance. Ptit loup était adepte de la tétée efficace. Les tétées avec lui duraient en général 5 minutes sur chaque sein, 10 minutes dans les périodes de pic de croissance. Il tétait toutes les 2 heures environs, ce qui faisaient que les nuits étaient très hachées. Mais je me suis armée de patience, d’un bon lit cododo, et petit à petit, nous avons pris notre rythme. En plus, je pouvais constater que je ne manquais pas du tout de lait car je tirais à coté pour éviter des engorgements après ses tétés.

Lorsque j’ai dû reprendre le travail et qu’il a commencé à être gardé, nous n’avons pas stoppé l’allaitement pour autant. Je tirais mon lait au travail 3 fois par jour. Et comme il était souvent malade, il se rassurait beaucoup en étant contre moi à téter dès que nous nous retrouvions. Je me sentais bien et accomplie dans mon allaitement. Je n’éprouvais aucune gène à le faire en public, chose assez étonnante connaissant ma pudeur extrême. Mais non, là peu m’importait, s’il réclamait, je dégainais et tant pis si certains me regardaient de travers. Je n’ai toutefois jamais eu aucune remarque désobligeante quand j’ai allaité en public.

J’aurais pu, je pense, allaiter pendant très longtemps, mais j’ai décidé de sevrer ptit loup au bout de 13 mois.

Mon allaitement et la gestion de mes maladies chroniques

Si j’ai sevré mon fils à 13 mois, c’est parce que je ne pouvais plus me permettre de différer la reprise de mes traitements anti-diabétique, anti hypertenseur, et anti-dépresseur classiques.

Tout est question d’équilibre et de balance bénéfice/risque. Comme mes traitements n’étaient pas compatibles avec l’allaitement, j’ai du rester sur des alternatives pas les plus optimales pour moi.

Quand j’ai annoncé à ma diabétologue que je souhaitais allaiter, elle m’a dit qu’il n’y avait pas de soucis, qu’on contrôlerait juste régulièrement car je devais rester sous insuline. Il y avait 2 problèmes à cela : je faisais de fortes hypoglycémies, et j’ai pris énormément de poids (23 kilos exactement). Non l’allaitement ne fait pas obligatoirement maigrir, et ça, ça a vraiment été la très mauvaise surprise pour moi. Ce dernier point ne l’inquiétait pas trop car elle m’a assuré que les kilos repartiraient dès la fin de l’allaitement. On a fait un point tous les 3 mois, pour évaluer le raisonnable et le déraisonnable.

Au niveau de la tension, même son de cloche de mon cardiologue. Ce n’était pas l’idéal mais on essayait de contenir au maximum.

Au premier anniversaire de ptit loup, la balance a basculé du mauvais côté . Tout était dans le rouge : ma santé était vraiment dégradée avec des prises de sang affolantes, et j’étais épuisée en plus par un harcèlement professionnel qui impactait énormément ma santé psychologique. L’heure du sevrage était arrivée. J’aurais pu être triste de devoir stopper l’aventure. Mais au contraire, j’étais surtout reconnaissante. On partait d’une simple tentative, et finalement, on a tenu 13 mois, avec seulement 3 semaines d’allaitement mixte ! C’était bien plus que je l’espérais, même dans mes rêves les plus fous.

Comme pour l’accouchement, la seconde expérience a été radicalement différente et j’en garde un merveilleux souvenir. Alors, même si la première fois ne se passe pas du tout comme espéré, il ne faut pas perdre espoir et surtout, surtout, se faire confiance et faire confiance à son bébé. 

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7 commentaires sur “Mon allaitement 2.0

  1. Je suis super contente que tu ais pu faire ce que tu voulais et que ton aventure ce soit super bien passée ! Félicitations !

    Ca m’a surpris que tu ais dû arrêter les médicaments pour le diabète pendant l’allaitement, j’ai plusieurs amis diabétiques qui les ont continué en allaitat. (Je suppose qu’il y a plusieurs types de diabètes et des médicaments différents.)

    Petite question : as tu rencontré une différence dans la mise en place du lien d’attachement entre tes deux enfants que tu rattaches à tes deux expériences allaitement long / allaitement court + bib ?

    Je suis totalement d’accord avec ta conclusion. Il faut de donner l’opportunité de changer d’avis et bien se dire que chaque enfant nous apportera une expérience totalement différente.

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    1. Bonjour Laura,
      Effectivement il y a plusieurs gamme de médicament pour la gestion du diabète et meme s’ils ne sont pas formellement interdits, le principe de précaution fait qu’on évite de les prescrire aussi aux allaitantes. Dans mon cas il était plus simple de poursuivre la thérapie alternative mise en place pendant la grossesse en adaptant les doses d’insuline.

      Pour répondre à ta question sur l’attachement il y a effectivement une différemnce mais je ne pense pas qu’elle soit lié au type d’alimentation mais vraiment au caractère propre de chacun de mes enfants. Mon fils était un bébé très très fusionnel avec moi là où ma fille était un bébé très indépendant dès le départ. De ce fait, je pense que l’attachement avec ptit loup a été plus fort beaucoup plus rapidement qu’avec petit koala. Ces caractéristiques perdurent meme maintenant et ils ne recherchent pas les mêmes choses dans leurs interactions avec moi.

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  2. Quel beau témoignage !

    J’étais peinée pour toi après ton 1er article, mais ce que tu écris ici met du baume au coeur ! Et c’est une nouvelle « preuve » que les bébés sont différents, les expériences avec eux aussi, et qu’on évolue, qu’on « grandit » à leur contact.

    J’espère que la reprise de tes traitements s’est faite en douceur et que les soucis de santé se sont stabilisés.

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    1. Bonjour Rusalka,
      Merci pour ton gentil message. C’est exactement ce que je voulais exprimer. Les enfants sont tellement différents qu’au final on ne peut présager de rien.

      Ma santé s’est stabilisée effectivement au bout de six mois après l’arret de l’allaitement. J’arrive a avoir un quotidien presque normal maintenant :).

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  3. Je suis contente pour toi également que tu es pu connaitre une expérience plus douce et plus « simple » de l’allaitement (toujours entre guillemet 😉 bien sûr). J’espère également que tes soucis de santé ont pu s’améliorer. Merci pour ce beau témoignage 🙂

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    1. Bonjour Nathilou et merci pour ton message :).
      Oh on peut tout à fait dire que c’était plus simple quand même. On s’est moins battu (bon on s’est battu à la fin pour le sevrage mais ça c’est une autre histoire). Et c’est bien parce que je suis impartiale (enfin encore plus qu’avant), il n’y a aucun mode d’alimentation meilleur que l’autre.

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  4. Ah le sevrage, moi qui pensais arrêter vers un an au départ, elle tête toujours à 2 ans et demi. Nous sommes en sevrage progressif depuis le début de la diversification XD. Il ne lui reste plus que la tétée du matin. Nous venons de supprimer celle du soir, seule tétée remplacée par un biberon de lait. Bientôt pareil pour le matin.

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