Du bleu pour les filles, du rose pour les garçons ! – Partie 2
Après le premier épisode, nous continuons notre série sur l’éducation non-genrée chez nos chroniqueuses. Nous te proposons de découvrir aujourd’hui les témoignages de Mélinda et de Chaperon Rouge.
Chez Mélinda
Le titre de l’article pourrait s’appliquer aux chaussures de mes enfants (tu sais, les baskets Décathlon ?). Le petit a une paire d’un très joli rose, et sa soeur la version bleue. Et ils alternent depuis plusieurs paires. Mon petit bonhomme a longtemps aimé le rose, les paillettes, les robes et les fanfreluches depuis bien longtemps, bien aidé en ça par les affaires de sa soeur (faire tout comme elle, c’est sa philosophie). Et moi, malgré des envies bien affirmées à la naissance de mes enfants, je l’ai freiné.
En effet, l’éducation non-genrée s’est arrêtée chez nous à la couleur des chaussures. Je n’ai pas laissé mon fils aller à l’école en robe lorsqu’il l’a demandé. Les raisons étaient assez obscures : conditionnement ? Peur qu’on se moque de lui et que ça le fasse souffrir, ça oui. Et pourtant dans sa nouvelle classe, il y a un petit gars qui porte des jupes à l’école (d’autant plus intéressant que j’ai découvert qu’il avait seulement un grand frère). En revanche, ma fille est peu désireuse de porter robes et jupes : je laisse faire. Ça me ressemble, j’en porte aussi très peu aussi. Je privilégie le confort, celui qui lui permet de grimper aux arbres sans être gêné(e) et me permet de faire du vélo sans penser à ma jupe qui vole.
Et puis l’école a fait son oeuvre : mon petit bonhomme qui aimait tant le rose me dit maintenant que c’est pour les filles et il ne veut plus en entendre parler. Alors je bataille contre ces petites phrases (en me disant que c’est fou que l’école soit le terreau, si tôt, de ce genre de bêtises. Est-ce qu’il s’agit de pensées d’enfants ou sont-elles véhiculées par des parents, voire des enseignants ? Bref. Enfin, j’ai quand même un début de réponse chez certains de mes amis. Re-bref).
Heureusement, l’éducation non-genrée a un peu plus de succès dans d’autres domaines. Mes enfants partagent une chambre où se côtoient les voitures (gros succès) et les poupées (peu prisées). Le meilleur non genrage est dans les activités : on cherche le sport et l’apprentissage, pas la féminisation ou « le sport d’homme ».
Pour moi, il s’agit désormais d’un état d’esprit à leur insuffler : on fait ce qui nous plait, on est égaux, on se respecte les uns les autres. J’encourage les appétences de chacun, à commencer par un petit bonhomme qui aime la cuisine mais aussi une petite fille très compétitive. Il y a des livres à la maison pour parler de ces sujets : « le petit garçon qui aimait le rose » ou encore la collection « petits illustrés de l’intimité ». On commente aussi les livres qui présentent une vision très genrée et limitante (amusez vous à lire « Madame Noël » : les garçons ne fichent rien et ne respectent pas le travail de madame Noël qui s’échine toute l’année, et c’est sensé être drôle !).
Pour finir, il faut quand même reconnaître que je suis bien consciente de mes limites dans le domaine. Mes blocages inconscients sont régulièrement mis à jour. Et le rôle du papa, on en parle… pas. Il ne se pose pas trop de questions et a lui aussi tendance à freiner. C’est lui qui, le premier, m’a dit que notre fils n’aimait plus le rose et qu’il allait arrêter à l’école. Pour le protéger. Au lieu de chercher à comprendre pourquoi : ça paraissait un retour à la normale. Pas de mauvaise volonté de sa part, juste un manque d’intérêt et d’informations, et donc de soutien de la démarche non-genrée.
Chez Chaperon Rouge
Ici, l’éducation non-genrée était un cheval de bataille avant même l’arrivée de notre Lueur. Alors son trousseau de naissance était composé de toutes sortes de petits vêtements, neutres, « girly » et plus « petit mec ». Elle portait des sarouals kaki et des robes à fanfreluches. Tous ses vêtements étant issus de dons, on ne triait pas, on prenait ! Elle avait des bandeaux dans les cheveux parce qu’elle n’avait pas un poil sur le caillou, ou bien des casquettes parce que le soleil tapait. Et le Lampion est arrivé. Et il a (évidemment !) récupéré les vêtements de sa soeur. Pas les robes et les jupes, tout de même, mais oui, bébé, il portait des leggings roses et des t-shirt à fleurs, ET AUSSI des salopettes en jean et des t-shirt Batman… Parce que c’est un vêtement ! Tout ce qui compte; c’est qu’il soit confortable dedans. Et oui, j’ai déjà eu le Lampion en écharpe à la sortie de l’école de sa soeur, en leggings rose, et un petit garçon qui demande à sa maman « tu as vu le bébé ? C’est un petit garçon ou une petite fille? » et la maman « j’ai bien une idée, à ton avis ? » « une fille, parce qu’il a un pantalon rose ! » Alors j’ai souri au garçon, et je lui ai dit « eh bien non, chez nous, les garçons et les filles portent toutes les couleurs, parce que le rose c’est joli, et que j’aime le vert aussi ! »
Mes trois enfants partagent la même chambre, et une salle de jeux commune. Salle de jeux dans laquelle la cuisinière aux couleurs neutres trône, juste à côté d’un garage de récup aux couleurs criardes et de nombreux bacs Ikea de playmobils/légos/barbies/figurines en tous genre. Il y a aussi un énorme coffre à déguisements. Pour moi, c’est ça, le départ de l’éducation non genrée: les laisser accéder à tous les jeux qu’ils veulent. Tous. Alors ils ouvrent le coffre, et ils enfilent les déguisements, pourvu qu’ils soient à leur taille. Quand j’ai fait une robe de Reine des Neiges à la Lueur, son frère m’en a demandé une aussi. Je l’ai faite. Excusez moi, mais c’est pas TROP chou de voir 2 reines des neiges jouer ensemble ?

Maintenant, la Lueur a 8 ans, le Lampion bientôt 6, et on tient bon. Elle aime les robes, pas les jupes, adore les joggings. Elle joue au foot à la récré et envoie promener les garçons qui disent que c’est pas un sport de fille. Lui porte des bottes arc en ciel à paillettes et régulièrement des tshirt roses. Il a le droit à du vernis à ongles quand il en est proposé à sa soeur. Il met des barrettes quand ses cheveux le gênent. Et une fois où un copain de classe lui a dit qu’il avait des bottes de filles, il lui a répondu « y a pas besoin d’une nénette ou d’un zizi pour porter des bottes, c’est des bottes trop belles pour qui veut les porter ! »
Et j’étais si fière ! Je suis si fière de ma fille qui défend ses copines, qui fait corps avec son groupe, une saine sonorité où chacune a son caractère, et où on passe du papa/maman à la pat’patrouille, aux billes puis aux cartes Pokemon… Je suis si fière de mon petit garçon qui joue à la bagarre, à Batman, au super robot, mais qui danse aussi dès qu’il en a l’occasion, qui raffole cuisiner, et qui m’aide à passer l’aspirateur ! Ma fille s’occupe beaucoup du petit dernier. Pas parce que c’est une fille, parce que c’est la plus grande. Le Lampion met le linge à sécher, tous les 2 m’aident à recomposer les paires. Ca passe aussi par le fait que leur papa est lui même très investi dans les tâches domestiques, que les courses, la cuisine, le ménage se font tous ensemble. Que je fais les câlins mais c’est lui qui soigne les bobos. Et qu’on sélectionne les livres qu’ils lisent (par exemple, de base, je boycotte Fleurus). Et dès que la question du genre se pointe, on pose la question « est-ce que ma vulve/mon pénis m’empêche de…? » généralement, la réponse est non, alors GO.
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Ici même si les garcons ont eu en même temps voitures et poupées, outils de bricolage et dinette… Sans qu’on puisse l’expliquer, les voitures/trains/bricolage sont largement préférés.
Les garcons n’ont jamais demandé a mettre de robe ni de jupe, ils aiment beaucoup les bijoux et les barettes, chouchou… Et on les laisse faire.
Comme chez Mélinda, mon mari laisse faire sans spécialement encourager l’éducation non genrée. Mais ca vient du fait qu’il essaie de partager des choses avec ses enfants, et ses centres d’intérêts sont assez classiques pour un homme (jeu de ballon, les légos, les trains miniatures, le bleu…).
Par contre, il se bat (comme moi) contre les petites phrases du style « c’est pas pour les filles… les garcons doivent… on est différent… ».
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Ici j’avais très peur que Pirlouit arrive avec une perception déjà genrée des choses. Ça n’a absolument pas été le cas ! Mon petit adore les peluches, le rose, les paillettes, les choses mignonnes… Il met des barrettes, du vernis et du maquillage (merci grande soeur, maman n’en ayant pas du tout). Il joue avec les jouets qui lui viennent de sa soeur et a donc des Barbies et de la dinette, même s’il préfère les voitures. Il a déjà demandé à aller à l’école avec des bracelets et je n’ai pas mis de veto.
Je lui donne souvent son papa en exemple et lui dis qu’il devra faire pareil quand il sera grand : la cuisine (il adore), s’occuper des tâches ménagères (il en a certaines déjà attribuées), les courses, s’occuper de ses enfants… Cela lui semble normal, et il a du mal à comprendre que ce n’est pas pareil dans toutes les familles !!
Tout comme Mélinda, l’école est passée par là. Il a bien compris que le rose c’est pour tout le monde mais que les copains pensent que ce n’est que pour les garçons… Et a donc tendance à repousser cela, du moins devant eux !
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Je suis maman de deux garçons et j’essaie du mieux que je peux de ne pas les enfermer dans des stéréotypes.
Mon deuxième aime beaucoup le rose, et notamment les fameuses baskets Decathlon (on en est à la 3e paire). Je lui laisse choisir les chaussures qu’il veut (j’achète peu de vêtements donc je lui donne moins de choix).
Il voulait une jupe comme moi et je lui en ai acheté une qu’il est heureux de mettre. Il l’a déjà mise à l’école en me demandant de dire à la maîtresse que c’est bien une jupe de garçon. Et réaction de la maîtresse géniale qui a dit n’en pas douter. En revanche, à la cantine, une adulte lui a dit que les jupes n’étaient que pour les filles et depuis il ne veut plus la mettre pour l’école (je n’ai jamais su quelle adulte avait dit ça). Trop dommage je trouve… J’aurais compris venant d’un enfant mais là..
Je fais aussi attention à toujours bien dire « un infirmier ou une infirmière », « un maître ou une maîtresse »… pour tous les métiers où il y a une dominance genrée. Mais il faut combattre ses réflexes.
J’espère qu’ils auront bien acquis que homme ou femme (ou non binaire), chacun peut faire ce qu’il veut et que le genre ne définit pas ce qu’on peut faire !
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Moi aussi j’essaie de dire un infirmier ou une infirmière etc., et de dire que chacun peut faire ce qu’il veut, mais la pression du reste du monde est toujours là donc je ne sais pas trop ce que ma fille retient… J’ai été un peu surprise quand j’ai constaté qu’elle adore le rose depuis ses 2 ou 3 ans alors que personne ne l’y a encouragée et que c’est pas vraiment une couleur qu’on lui mettait plus que ça avant qu’elle le demande elle-même, je suppose que c’est venu des autres enfants… Ou juste qu’elle trouve ça joli hein, mais bon, mystère ! Par contre elle sait que moi je préfère le bleu même si je suis une fille, mais elle m’a aussi déjà dit que le rose était pour les filles, donc je sais pas trop ce qu’elle pense…
Par contre elle n’aime pas tellement les robes, adore les voitures, et a récemment demandé d’avoir les cheveux courts « comme papa », on l’a donc emmenée chez le coiffeur et elle est ravie de sa coupe (et se fiche heureusement que la moitié des gens la prenne pour un garçon malgré ses habits roses, on est encore un peu conditionnés 😅), donc elle est assez éclectique finalement !
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