Quatre mois pour se dire adieu (1)

Quatre mois pour se dire adieu (1)

Il y a quelques années, je te parlais de ma relation avec mon papa et de ma peur de le perdre. Une fin de mois d’octobre, une pneumonie l’avait conduit en soins intensifs et m’avait bien fait comprendre que je suis devenue une adulte. Je voulais reprendre mon clavier avec un sujet plus joyeux mais parfois la vie en décide autrement.

Source : StockSnap

Quand le glas est tombé

Le mois d’octobre 2024 a été chargé en émotions dans la famille Dragon Ball. Mon papa est hospitalisé au tout début du mois. Il est extrêmement fatigué et présente de grosses difficultés respiratoires. Je l’appelle, mon oncle est à son chevet. Mon père plaisante : « j’ai fait un régime express, j’ai perdu 10kilos ». Mon oncle, pas le dernier pour blaguer en général, a cette phrase qui me fait tiquer « Oui, enfin, tu as vraiment maigri là ! ». J’ai vu mon papa un mois avant, il devait peser approximativement son poids habituel (80kgs pour 1m80). On attend des examens complémentaires pour mon papa dont un scanner des poumons. Le soir, j’en discute avec mes copines d’enfance et je leur dis qu’à mon avis les médecins cherchent quelque chose et qu’ils risquent de le trouver.

Quelques jours plus tard, le glas tombe, il y a une tumeur au poumon et des métastases au foie. Nous devons attendre mi-novembre, pour avoir les résultats de la biopsie et l’annonce du protocole.

Des vacances de Toussaint avec un goût d’inquiétude

Les vacances de Toussait arrivent très vite. Mon père vient juste de sortir de l’hôpital (ses globules rouges sont au plus bas depuis début octobre et pourtant il a eu des transfusions). Il est ravi de nous voir arriver mais est extenué. Nous ne l’avons quasiment pas vu durant cette semaine de vacances, il tenait à peine debout. Il n’a participé à aucune sortie en famille et a presque oublié la soirée d’anniversaire de Couette-Couette (ma fille qui a maintenant cinq ans et n’est donc plus un Bébé Fleur) et moi. C’est dur de le voir comme cela et je m’inquiète vraiment. Je lui demande à plusieurs reprises de contacter l’hôpital, il refuse. Je me laisse convaincre car je sais combien il tient à être avec nous. Je rentre à la maison mais quelques jours plus tard, je reçois un appel du Professeur qui suit mon papa. Cette fois, il n’ a pas eu le choix, la prise de sang, qu’il a bien voulu faire après mon départ, s’est révélée mauvaise et mon papa est donc hospitalisé à nouveau. Me voilà donc dans le train où j’ai (et spoiler alert : je vais) déjà tant retenu mes larmes il y a quatre ans. Mon papa ne peut plus être hospitalisé dans l’hôpital de notre ville, il dépend d’un grand CHU labyrinthique qui a une bonne réputation dans la prise en charge du cancer. Je vais le voir rapidement : il me semble tellement fragile et il a encore maigri. Le diagnostic n’est pas encore tombé officiellement et j’ai déjà l’impression qu’on est dans l’enfer de ce terrible crabe.

Source : JAGADEESH S

Ma mère est plus positive que moi, elle y croit, il aura une chimiothérapie, on aura des moments de répits et il y aura même des nouvelles parties de pêche avec mon fils. J’ai dû mal à me projeter. Pour moi, l’état de mon père se dégrade déjà trop vite.

En attente de l’annonce

De retour chez moi, la boule que je commence à bien connaître ne quitte plus mon ventre. Mon père reste hospitalisé quelques semaines. Il doit combattre une infection. Ses prises de sang restent très mauvaises. La communication avec lui est très compliquée parce qu’il est beaucoup trop fatigué pour tenir une conversation, c’est aussi le cas avec les médecins. Il faut attendre le rendez-vous d’annonce du protocole pour en savoir plus. On attend. Ma mère continue à vouloir croire que tout va bien aller que c’est juste un mauvais moment à passer. J’essaie de la ramener à la réalité mais j’ai l’impression de jouer les Cassandre. En attendant ce rendez-vous, mon papa ne quitte quasiment pas l’hôpital, ses plaquettes et globules rouges chutent sans cesse et la perte de poids continue.

Mais comme il faut attendre, nous attendons…

4 commentaires sur “Quatre mois pour se dire adieu (1)

  1. Ton texte fait malheureusement assez écho à ce qu’on a vécu avec mon beau-père il y a quelques semaines. Il a été hospitalisé mi-décembre parce qu’il a fait une chute et s’est cassé des côtes mais au fur et à mesure des examens on a vite compris que c’était plus sérieux. Il n’a pas eu de cancer mais son foie et ses reins ne fonctionnaient plus bien (voire quasiment plus du tout). A un moment on nous a laissé entendre qu’il pourrait sortir pour aller en ephad médicalisé puis quelques jours après (vers le 25 janvier) on nous as dis qu’on pouvait plus rien faire et qu’il serait transféré en soins palliatifs d’ici 2 semaines et finalement il est décédé le 5 février, jour où il aurait dû changer de service. Jusqu’à la fin janvier ma belle-mère y a cru et s’est dit qu’elle allait le retrouver mais elle a dû se rendre à l’évidence et ma belle-soeur l’a accueilli chez elle pour ne pas qu’elle reste seule.

    J’aime

    1. Je te remercie pour ton commentaire qui fait effectivement écho à ce que je viens de vivre. Plein de courage à toute ta famille.
      C’est très chouette que ta belle-mère ait pu être accueillie.

      J’aime

  2. Je viens de calculer et on a eu 4 mois aussi pour mon beau-père. Il était atteint d’une maladie dégénérative grave depuis longtemps mais allait aussi bien que possible et soudainement en 4 mois son état s’est dégradé très vite et il a été hospitalisé une dizaine de fois.

    Lui dire au revoir fut très dur. C’était un homme bon et aimant. On essaye de se dire qu’il ne souffre plus mais il nous manque beaucoup.

    Je n’ose imaginer ta peine car un papa c’est tellement important. Tiens bon !

    J’aime

Répondre à Marguerite Annuler la réponse.