Ce village autour de moi

Ce village autour de moi

Quand il s’agit de parentalité, qui n’a jamais entendu le fameux proverbe « il faut tout un village pour élever un enfant ». J’ai envie de te présenter mon village, sans qui je ne tiendrais pas sur le chemin de la parentalité.

Quand on n’habite pas près de sa famille, se retrouver propulsé dans la parentalité est plus qu’un challenge. Je trouve qu’aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, les primo parents sont quand même pas mal informés des tempêtes qui vont les frapper avec l’arrivée des enfants pour (essayer de) s’armer comme il faut. En 2018, ce n’était pas vraiment le cas, ou je n’en ai pas souvenir.

Dans notre malheur d’avoir une naissance prématurée, nous avons pu bénéficier d’un accompagnement en douceur à notre retour à la maison. Aujourd’hui encore je me demande comment nous aurions fait si nous nous étions retrouvés seuls chez nous avec un bébé de 3 jours si nous n’avions pas eu ces 3 semaines de néonatalogie et ce suivi obligatoire à la sortie. 

Cela dit, nous n’avons pas pour autant eu une Mary Poppins qui est apparue par magie pour nous aider à continuer à faire tourner la maison, s’occuper du bébé quand il est malade, nous donner du répit pour que nous dormions. En plus, mon mari et moi sommes tellement pudiques que de nous-même nous n’irons jamais demander de l’aide. Comme personne ne nous le proposait, nous nous sommes repliés sur nous, et en avons même voulu un peu à nos amis de nous avoir « abandonnés ». Avec le recul, j’ai mis de l’eau dans mon vin. Je ne peux pas en vouloir à nos amis de ne pas nous avoir tendu la main à ce moment-là. Déjà parce qu’ils étaient à d’autres phases de leurs vies, loin, très loin de nos préoccupations de jeunes parents. Ensuite, ils n’étaient pas dans notre foyer ni dans nos têtes. Nous ne publiions que les moments de joies, nous abordions toujours un sourire sans faille, et notre fille était un bébé cadum toujours souriant et bien potelé. Impossible de s’imaginer à quel point en réalité c’était compliqué pour nous. 

C’est pour cela que notre village a commencé à se construire d’abord autour du corps médical, avec ma psychologue au centre. Elle m’a prise en charge très rapidement après mon premier accouchement pour ma dépression post-partum, et je peux sans aucune honte dire qu’aujourd’hui sans elle, je ne peux plus vivre. Juste à côté d’elle, il y a notre pédiatre, qui s’occupe de notre famille depuis que notre fille a 15 mois. Il a remplacé celle qui s’occupait de Petit Koala depuis la néonat parce qu’elle déménageait à 400 km. Elle nous avait dit en voyant notre panique et notre anxiété de la perdre de ne pas nous inquiéter parce qu’elle avait pris le temps de chercher un remplaçant aussi pro et doux qu’elle pour suivre ses petits prémas, et elle n’a pas menti. Il est tellement génial que nous l’avons gardé même quand il a à son tour déménagé 3 ans plus tard (à 40 km). Viennent après s’ajouter toute l’équipe paramédicale qui s’occupe de nos enfants : ergothérapeute, psychomotriciennes, orthophonistes et psychologues. Elle est toujours disponible pour nous aider ou juste nous écouter si nous avons besoin d’une oreille compatissante, sans aucun jugement.

Ça peut surprendre que je dise que notre cercle le plus proche du village soit uniquement des personnes qui ne font que leur métier finalement, mais ils le font bien et ils nous aident tellement que je considère que ce sont vraiment les fondations qui permettent à l’ensemble de pas s’effondrer. 

Crédits photo : Anastisia Shuraeva

Juste après, il y a les consolidateurs, notre famille, qu’elle soit de sang ou de cœur. Ce sont ces personnes qui nous soulagent 1h, une nuit, un jour, autant qu’ils peuvent quand ils le peuvent, en nous permettant d’avoir du répit et de nous retrouver. Ce sont ces personnes que nos enfants appellent « tata/tonton », qu’ils sont toujours heureux de voir et avec qui ils se sentent assez à l’aise pour ne pas mettre leur coquille sociale. Elles ne nous jugent pas quand on met nos enfants devant la télé pour manger tranquillement, ou qu’on fait du chantage au chocolat à notre fils pour qu’il avale une cuillère de riz. Elles ne s’offusquent pas qu’on annule une venue à la dernière minute parce que ce jour là c’est compliqué, où qu’on refasse coucou après un silence de 6 mois, trop pris dans notre quotidien tumultueux.

Et enfin nous avons notre dernier cercle, notre cercle virtuel, ces personnes qu’on a pas forcément rencontrées en vrai mais qui pourtant nous sont si chères. Je les appelle « mes copines », et elles sont toujours dans ma poche avec moi. Je sais que je peux les contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il y en aura toujours une disponible. Elles sont inépuisables de conseils de bonne humeur, d’astuces, et même avec des divergences d’opinions ou de centre d’intérêt je finis toujours par me dire que sans elles je n’aurais jamais abordé certaines choses d’un autre point de vue. 

Dans ce village qui me porte au quotidien, j’ai appris que la parentalité ne se résume pas à une aventure solitaire. Bien au contraire, elle est nourrie par les liens que l’on tisse avec ceux qui nous entourent, qu’ils soient proches ou lointains, réels ou virtuels. Chaque membre de ce cercle, qu’il soit professionnel, familial ou amical, a une place essentielle, parfois discrète mais toujours si précieuse. Grâce à eux, j’ai découvert que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais bien une force. En les acceptant dans ma vie, j’ai compris que, tout comme un enfant grandit grâce à l’amour et à l’attention qu’il reçoit, nous aussi, en tant que parents, grandissons en étant soutenus par ceux qui nous entourent. Et même dans les moments de doute ou d’épuisement, il y a toujours cette lumière, ces petites mains tendues, qui nous rappellent que l’on n’est jamais vraiment seul.

3 commentaires sur “Ce village autour de moi

Laisser un commentaire