Réflexion nocturne
Être parent, ce n’est clairement pas la période la plus simple de la vie. Élever un enfant, l’accompagner, l’aimer, le protéger : tout cela pèse parfois lourd sur les épaules. On passe beaucoup de temps à se poser des questions… et sans doute autant à ressasser celles dont on croit déjà connaître la réponse. Ce soir, alors qu’un week-end bien rempli touche à sa fin, je refais le fil des heures écoulées. Et une question revient, lancinante : est-ce que j’en fais trop ?

Une parentalité habitée
Je suis une vraie maman poule – ou plutôt, une lionne. Mes enfants sont mon sujet préféré, ma passion, ma vie. Ils occupent tant de place en moi qu’il m’est arrivé d’oublier ce que j’aimais en dehors d’eux. Est-ce parce qu’ils sont différents ? Ou aurais-je été ainsi, même dans d’autres circonstances ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que vivre avec deux enfants autistes, c’est un défi permanent. Cela demande une énergie folle, une attention de chaque instant. Mais heureusement, nous ne sommes pas seuls : une équipe pluridisciplinaire engagée, des enfants capables de s’adapter, des métiers qui nous laissent un peu de latitude. On fait front, ensemble. Et même si on tâtonne, on avance
Le miroir des autres parents
J’observe souvent les autres parents, ceux qu’on croise à l’école, au parc, en rendez-vous médical. Ils semblent vivre à un autre rythme. Poser des limites leur paraît naturel. Déconnecter, cloisonner, garder un espace pour eux-mêmes : ils y arrivent. Ce n’est pas un reproche, juste une constatation. Parfois, je les envie. Leur parentalité semble plus fluide, moins traversée par l’hyper-empathie, le doute ou la surcharge mentale. Leurs enfants fonctionnent “comme il faut”, et leur propre fonctionnement ne vient pas interférer. Nous, parents neuroatypiques, devons composer avec bien plus que l’éducation. C’est naviguer sans filet, porter nos troubles en plus de ceux de nos enfants. Mais c’est aussi, parfois, une force discrète. On comprend ce qu’eux vivent. On peut mettre des mots là où d’autres ne voient que des comportements. Nos failles deviennent des ponts. Et nos enfants sentent, peut-être, que nous leur ressemblons un peu.
Et nous au milieu
Être parent d’enfants autistes, c’est vivre un décalage permanent. Avec les autres, avec l’école, parfois même avec la société. C’est devoir expliquer ce qui devrait être compris, s’excuser pour ce qui ne devrait pas l’être. On anticipe, on protège, on ouvre doucement des fenêtres sur le monde. Mais il y a aussi ces instants de grâce : une phrase enfin prononcée, un éclat de rire, une connexion inattendue. On apprend à se réjouir autrement. À célébrer l’infime. À redéfinir ce qu’est la réussite, le lien, l’amour. Pourtant, malgré tout cela, je doute. Est-ce que je les aide trop ? Pas assez ? Est-ce que je devrais les pousser ou les laisser souffler ? Ces questions ne quittent jamais vraiment l’esprit. Mais être parent, c’est peut-être ça : accepter de ne jamais tout savoir, et aimer quand même.
Parfois, entre deux cris, un câlin volé, un mot doux glissé à l’oreille, je me dis que peut-être… je ne m’en sors pas si mal. Pas parfaite, mais présente. À ma manière. À notre manière. Alors j’essaie de lâcher un peu prise, de me rappeler que je fais de mon mieux. Et que mes enfants, avec leurs forces, leurs fragilités, leurs mille nuances, me montrent chaque jour que ce “mieux-là”, c’est déjà beaucoup. Ce soir, comme souvent, je m’endormirai en espérant qu’ils grandissent avec ce sentiment-là : avoir été aimés, compris, soutenus. Même quand je doute. Même quand je vacille. Parce que je suis là. Entière. Et parfois, ça suffit.


Je crois qu’on est de nombreux parents à se poser des questions et à se demander si on fait trop ou pas assez, que nos enfants soient extraordinaires ou non.
J’ai deux enfants qui n’ont pas de problème de santé ni d’atypie particulière. Et pourtant, c’est dur de poser des limites, c’est dur de trouver du temps pour moi ou pour mon couple, et au travail je ressasse ce que j’aurais pu faire différement, mieux. Il y a de nombreux jours ou je me sens dépassée et j’explose de ne justement pas avoir pu trouver de temps pour me poser, reposer, recentrer.
Ce n’est peut être pas aussi visible que poru toi mais je t’assure que c’est la vérité. Et en discutant avec mes amies je m’appercois bien que je ne suis pas la seule.
Sans vouloir comparer les situations, les parents d’enfants « classiques » ont probablement des questions que tu ne te poses pas (tous ces « pourquoi mon enfants d’y arrive pas alors que les autres le font sans difficulté », « est il en retard ? » …).
J’ajouterai qu’habitant à l’étranger, je me retrouve aussi avec un sentiment de décalage qui me fait douter de ma parentalité. Ici je suis trop stricte et je dois essayer de trouver un moyen de laisser plus de liberté à mes enfants et au contraire quand on rentre en France je dois penser à expliquer pourquoi mes enfants sont aussi insouciants / malpolis selon les yeux de la peronne qui nous parle. C’est une sacré charge mentale.
Courage à toi, je ne doute pas que tu es une super maman. Il te (nous) manque juste un peu de bienveillance et de confiance en toi (nous) !
J’aimeJ’aime