La dernière fois, je t’ai laissé après une belle journée d’été, un soir de nouvelle lune, avec mon gros ventre, la pêche et surtout une sensation d’être enfin alignée.
Un truc qui me posait vachement question, c’était quand partir à la maternité. Ou plus précisément, quand faire venir les grands-parents pour garder la Poupette parce que le moment était venu. Jusque tard dans ma grossesse, je me demanderais si j’arriverais à identifier les contractions, je n’en avais jamais eu lors de ma première grossesse.
Et puis quand j’ai compris que des contractions, j’en avais déjà plein, la question s’est un peu transformée : comment j’allais identifier que c’était des contractions de travail. Certains soirs, j’avais des contractions toutes les 5 minutes pendant plusieurs heures. Un peu inconfortables. Pas franchement douloureuses. Mais comment on fait la différence alors ?
Et donc on est le 1 août. Je me couche et je dors comme une pierre. Je n’entends même pas Monsieur Sans Chaussettes se coucher. 1h du mat, je me retourne, contraction (normal). J’ai juste le temps de me dire dans mon demi-sommeil « ouh, c’était fort là » que FLOUTCH. Une grosse vague dans le lit, de l’eau partout.
Bon, ben du coup ça répond à la question « vais-je repérer le début du travail ».
J’ai beau connaître la procédure : appeler la maternité, prévenir les beaux-parents, se mettre en route, pas d’urgence (j’ai pas encore de contractions régulières) mais ne pas trainer non plus (utérus cicatriciel), je suis complètement sous le choc. J’avais tout prévu sauf me réveiller en accouchant. 1h du mat en plus, c’est vraiment l’heure ou je suis pas dispo. C’est l’heure où il m’est arrivé de ne PAS ENTENDRE mon bébé pleurer (si tu es maman, tu sais !) Je ne sais plus trop ce que je fais, je me rappelle entendre Mr Sans Chaussettes, encore dans le lit, prendre son téléphone et dire « allo ? C’est MAINTENANT ».

Je crois que je m’habille vaguement, je dois probablement prendre une douche. Je fais des aller-retours entre la chambre, c’est le bordel dans ma tête, faut changer les draps, faut prendre la valise. Faut appeler la maternité. Faut … C’est Monsieur Sans Chaussettes qui finit par prendre la main je ne sais plus où j’habite.
Et là, d’un coup, j’ai l’impression qu’on m’ouvre le ventre. C’est donc ça une contraction de travail. La deuxième arrive assez longtemps après, je ne sais plus, peut-être 1/2h. Puis, 20 minutes après. La relève arrive, Mr Charleston donne quelques consignes, on rentre dans la voiture, contraction. Y’a 20 minutes de route (chance, c’est la nuit, parce qu’aux heures de pointes c’est pas la même). C’est la tempête dehors, il pleut des hallebardes. Le temps qu’on arrive, j’ai des contractions quasi en continu. Et pas des petites (enfin j’en sais rien, j’ai jamais vécu ça, mais je suis pliée de douleur).
Je suis prise en charge tout de suite. On me répète qu’avec un utérus cicatriciel ça serait bien d’avoir une péridurale en précaution (pour éviter l’anesthésie générale en cas de problème). Je suis:d’accord. J’ai perdu pied, je ne sais plus qui je suis, j’ai besoin d’être soulagée. On m’examine, et on me dit que c’est un peu tôt, il faut patienter 2-3h.
2-3h. J’en suis à vomir de douleur. J’ai des contractions en continu, tous les livres parlent de « surfer sur la vague » puis d’un peu de répit. Moi j’ai pas de pauses. Dans mon souvenir, ils reviennent finalement très vite, examen, 3cm, c’est parti, péridurale. On en a reparlé des mois après avec Mr Sans Chaussettes, et en fait ça a vraiment duré 3h.
Et d’un coup ça va mieux. L’anesthésiste me casse un peu les pieds à vouloir me rajouter des doses alors que la douleur est très supportable, moi je veux sentir ce qu’il se passe. Mais bon, elle ne passe qu’une fois de temps en temps, ça se fait. Tout le monde est aux petits soins. On en profite pour parler prénoms, et oui, on n’est pas du tout décidés ! On choisit la future voiture, aussi.
Arrive un moment un peu longuet, le travail n’avance pas trop, le jour se lève (il pleut toujours), alors je me rappelle des paroles de ma sage-femme « il faut bouger ». Donc, je me dandine sur mon lit. On me fait passer à gauche, à droite, repeat. Et puis d’un coup 6cm. 8cm. Ça se rapproche !
Ma copine m’annonce que sa petite fille est née. Elle est magnifique. On découvrira un peu plus tard qu’on est dans le même hôpital. On nous laisse 1h30 pour laisser descendre bébé. Puis, 30 minutes de poussée avant d’intervenir madame. Pas de souci, on le savait, on nous avait prévenus : utérus cicatriciel = ils ont l’oeil sur la montre.
Et c’est d’ailleurs ce qu’il se passe, une ventouse arrive, 2 poussées et c’est reglé. Un immense petit bonhomme nous rejoint, et il est : pas content ! Je ne sais plus trop, je crois qu’on me le donne, c’est complètement fou, il est là. Puis il file sur papa le temps qu’on me recouse (y’a quasi rien). Il pleure tant qu’il peut mais sur papa ça va un peu mieux. Et moi je pleure, je pleure. Au point que la sage-femme me demande plusieurs fois si elle me fait mal. Je ne sens rien, je crois que c’est juste la tension accumulée pendant la grossesse, l’angoisse de l’accouchement, et surtout l’histoire de la Poupette qui lâche. Il est là, il s’appelle Nino, il est dans la salle de naissance sur son papa, il est immense (53cm ! on n’avait qu’un pyjama en naissance, le pauvre il était tout plié dedans !)
Et puis on me le « rend ». Il pleure toujours, très clairement il a faim. Ça tombe bien, j’ai du colostrum depuis plusieurs semaines. Et ça aussi c’est fou, je le mets au sein, il attrape et il tête si fort ! Je me rappelle de ma mini-poupette qu’il fallait positionner précisément, lui tourner la tête, insérer le sein… Lui gère, il tête, tête, tête, tant et si bien que je change de sein, et il finit par s’endormir dans mes bras, enfin apaisé, avec du colostrum qui déborde de partout.
On nous montera ensuite en chambre. C’est le milieu d’après-midi, je n’ai rien mangé depuis la veille au soir, on m’amène un pain perdu absolument parfait. On change ce pyjama beaucoup trop petit pour la taille au dessus. Et il y a un petit berceau à côté de mon lit (vide, bébé ne quitte pas nos bras !) Je n’en reviens pas. J’ai même pris des photos, pour me souvenir.

On est donc en suite de couches. Seuls responsables d’un bébé de quelques heures, qui n’est pas branché, qui n’est pas dans sa petite boîte, qui est là, dans nos bras. Territoire inconnu, mais si doux et si normal. Tout se passe bien, il mange, il prend du poids, il dort sur nous et dans son berceau, l’équipe médicale nous fout une paix royale. Quelques heures après l’accouchement, il dort si bien que je le pose dans son petit bac à légumes et je vais prendre une douche. Et il dort si bien que je me lave même les cheveux. Et je sors de la salle de bain, il est là, il n’a pas bougé. J’ai l’impression d’être dans un autre monde. Et maintenant, on est quatre.

Oh merci de revenir sur cette belle naissance de votre petit Nino, sans tabou. Je te souhaite une aussi belle naissance pour le bébé en route.
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Merci beaucoup ❤️
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