Quand je regarde en arrière

Quand je regarde en arrière

L’autre jour, à la faveur d’un temps d’introspection, j’ai appuyé sur pause et regardé ce qu’était ma vie depuis que j’ai passé mon bac il y a près de 15 ans.

Les enfants criaient derrière moi pour une histoire de feutres, j’étais dans mon potager et je me disais qu’on était bien loin de ce que j’imaginais devenir lorsque j’ai débarqué nez au vent sur le quai d’une gare parisienne.

Elle est bien loin l’apprentie philosophe qui rêvait de longues études, de recherche, d’un appartement parisien et d’une maison sur la côte.

Celle dont on disait qu’elle n’avait aucun instinct maternelle a aujourd’hui 3 enfants pour lesquels elle se bat et s’est battue dès la première seconde.

Je m’imaginais chercheuse, écrivaine, conférencière, surdiplômée, et de toutes ces ambitions, à part l’accumulation d’années d’études, il ne reste rien.

Crédit photo : Fabrizio Verrecchia

Est-ce que je regrette tout cela, d’être si loin de ce que j’imaginais ?

La réponse n’est pas tranchée.

De fait, l’émulation intellectuelle de mes études me manque parfois. Ce sentiment de puissance et d’émerveillement à chaque découverte, au moment où la seule chose qu’on attendait de moi c’était de lire, de comprendre ce que je lisais, et d’en tirer les conclusions. Aujourd’hui, mes lectures sont plus des romans que des essais, et très fréquemment interrompues par des enfants.

Je n’ai ni appartement parisien ni maison sur la côte, et si parfois j’envie la liberté et l’insouciance de certains de mes collègues ou camarades de promotion, j’ose croire que ce que j’ai perdu en insouciance, je l’ai gagné en profondeur.

Il m’aura fallu du temps pour apprendre la valeur du travail de l’ombre, pour apprendre à faire plus avec moins, pour découvrir que mes rêves de gloire étaient enthousiasmants mais n’étaient pas moi. Et aujourd’hui, celle qui se rêvait conférencière donneuse de leçons s’épanouit bien plus comme révélateur en sous-main que dans la lumière.

Il a fallu que mes rêves se confrontent à la réalité de ma vie et de ce qui m’anime pour comprendre que ce dont je rêvais ne faisait pas tout. Il a fallu une réflexion moqueuse sur un quai de gare à propos de mon absence d’instinct maternel il y a 15 ans, pour que je sois bien décidée à prouver le contraire.

Il aura fallu un mariage et trois naissances, un claquement de doigts, pour que je comprenne que mon trésor est là où mon cœur est, et que c’est bien cette vie là qu’il me faut chérir, celle où je peux être moi sans crainte, et pas celle dont je rêvais à 18 ans.

Si parfois j’ai un pincement au cœur en regardant en arrière et en comparant ce que je suis à ce que j’aurais pu être, je me rappelle que les choix que j’ai posé ont contribué à m’affirmer, à me faire grandir, et je ne regrette pas.

12 commentaires sur “Quand je regarde en arrière

  1. Oh comme je me retrouve dans ton article. Diplômée d’une grande école, mes amis occupent des postes de hauts fonctionnaires et gagnent très bien leur vie. Et moi… Moi je suis mariée à mon amour de jeunesse, j’attends un bébé et je suis professeur des écoles. Et j’en suis ravie. J’ai fait le choix d’une vie perso hyper épanouie et du temps libre contre celui d’une carrière et d’un haut salaire. Tout le monde ne comprend pas mais moi, je suis tellement heureuse et épanouie 😊

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  2. Oh ! Cet article fait tellement écho en moi ! Moi qui rêvais de partir à l’étranger, de faire de l’humanitaire, de faire carrière… et des enfants ? Au grand jamais.
    Je me retrouve mère au foyer enceinte de mon 3e enfant, en reconversion professionnelle pour être plus proche de mes enfants et de mon mari.
    Des regrets ? Aucun. Je n’ai jamais été aussi épanouie. Parfois je rêve de cette liberté que j’entrevoyais, mais je ne reviendrai pas en arrière. J’aime ma vie comme elle est.

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      1. Après plusieurs années de réflexion et de recherche, je vais me tourner vers les métiers de la bibliothèque. Je suis enceinte de mon 3e et j’essaye de préparer un concours de la fonction publique.
        Bonne recherche et bonne réflexion. Je crois que la maternité nous fait nous poser beaucoup de questions 🙂

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        1. C’est chouette, c’est courageux de préparer un concours pendant une grossesse avec deux autre enfants !! Faisant partie de la fonction publique je souhaite également passer un autre concours pour changer de domaine mais j’avoue que j’ai du mal a me motiver avec la charge et la fatigue des petits, mon dernier rentre l’école en septembre je me dis que je retrouverai de l’énergie enfin j’espère ! Bon courage a vous !!

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          1. Merci 🙂
            Je le fais sans pression pour le moment. Mais quand mon 3e ira à l’école je passerai à la vitesse supérieure.
            Bon courage pour votre fatigue. Je suis que la motivation viendra avec la rentrée de votre dernier à l’école.

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    1. Parfois je pense à mes rêves d’étudiante avec une pointe de nostalgie, mais je suis convaincue que ce qui cause cette nostalgie, c’est surtout que ces rêves ne sont restés que des rêves : ils n’ont jamais été réalisés, je ne les ai jamais confrontés à la réalité de ce qu’aurait été leur réalisation.

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  3. Bonjour, 🙂
    C’est vraiment un très bel article.

    D’abord on ne se reconnait pas tous forcément dans les parcours long et dure de l’école même si on aime apprendre. Cela je l’ai compris que tard après deux année de fac qui ne se sont pas soldées par un diplôme puisque je ne m’y plaisait pas.

    Plus tard, j’ai compris que je me cherchait et que j’ai sans doute fait ces études pour plaire que pour moi. Puis j’ai entamé une autre année que j’ai beaucoup aimé en fac (dans un domaine différent, ma passion) mais là l’atmosphère ne mettais pas agréable du tout. Je me sentais mal.

    Ma vie je voulais la vivre vite, travailler, bouger, pour moi les siège de l’école, les devoirs, c’était parfois enrichissant mais trop souvent abstrait….

    Et finalement aujourd’hui je suis épanouie, j’ai quitté l’école et j’apprends beaucoup plus de la vie, de moi même. J’attends un enfant et je suis très heureuse.
    Il faut absolument faire ce que l’on aime.
    Merci pour ce bel article.

    Bonne journée et bonne continuation 😀 !
    RLN Rose

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  4. Chez nous(en Turquie) , il ya une proverbe qui dit que  » tu n’e peux pas garder ton simit(sorte de pretzel aux sesame) entiere et avoir l’estomac bien rempli a la fois.Nous assumons nos choix et « we dont look back in anger ».

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