Noël dans mon assiette : le point de vue des dindes

Noël dans mon assiette : le point de vue des dindes

J-3 avant les festivités. Enfin, on dit festivités, festivités, mais bon, ce n’était pas trop ma fête ces derniers jours. Bref, je suis dans un bac glacial, avec un éclairage néon absolument ignoble qui ne me met pas en valeur, entourée de mes congénères sous cellophane avec des pompons dorés au bout des pattes. Serais-je l’Élue ? Heureusement, j’ai réussi à atterrir dans un caddie et finalement, je me retrouve dans un autre placard glacial, entourée de saumon fumé, foie gras, champagne et autres saucisses cocktail. Non mais QUI mange des saucisses cocktail ? C’est un scandale d’avoir été choisie par des gens aussi peu raffinés.

J-3 avant les festivités. Je n’ai absolument rien à me mettre. Bryan devrait m’accompagner à la fête familiale. Il est un excellent faire-valoir. Est-ce que je privilégie la robe noire avec des paillettes ou celle avec la jupe tutu en tulle rouge ? Je pense que la rouge serait plus adaptée pour les photos qui suivront sa demande en mariage. Comme dans les films, au pied du sapin, entourés de toute la famille. Je suis TROP contente, ça fera rager ma cousine Clémentine que je me fiance et pas elle. Ah là là, je n’ai rien à me mettre. Et je n’ai pas fini mes cadeaux. Mais comme on dit « plaisir d’offrir, joie de recevoir ». Je suis plutôt du côté « joie de recevoir ». Surtout si c’est une bague avec un ÉNORME diamant. Pourvu que Bryan ne se plante pas. Je ne veux pas d’un tout petit bijou de rien du tout. Je dis diamant mais un saphir ira tout aussi bien. Mais pas un rubis. Ça ferait vulgaire sur une bague de fiançailles non ?

Crédit photo : A-ray

Jour J : J’ai été sortie de mon antre réfrigérée de bon matin. Après avoir été farcie d’un mélange chair à saucisse, marrons, etc, je suis directement partie en enfer à 120°C. À peine acclimatée à ce sauna, bam ! Étape 2 et chauffage à 210°C. La solitude me pesait un peu, alors j’ai été rejointe par des patates. Ma robe est maintenant dorée à point et croustillante à souhait. J’exhale un délicat parfum dans toute la maison. Je le savais, les noix de St Jacques ne peuvent pas faire le poids.

Jour J : Bryan ne vient pas. Le sal****. Il me pose un lapin. À MOI ! Miss Camping de la plage 2020. Je suis dé-gou-tée. Bref, je viens de mettre des petites cuillères au congélateur pour avoir l’espoir de faire dégonfler mes yeux ce soir. Non mais je rêve. Comment je vais dire ça à maman ? Elle était tellement contente à l’idée d’avoir un mariage en 2021. Je ne comprends pas ! Il devait me demander en mariage aujourd’hui ! Qu’est-ce qui lui prend d’aller fêter Noël chez ses parents ? Il est stupide ou quoi ? Bah un de perdu… Ahhhhhh j’ai déjà 23 ans ! Et si je ne me mariais jamais ???!!!

Jour J, un peu plus tard. Il y a un brouhaha insupportable. Des tintements de verres, des bruits d’assiettes. Tout le monde s’est extasié sur les noix de St Jacques au safran. Je vais prendre ma revanche. Je vais faire dans la cour des grands une entrée triomphale, en poussant très royalement… Ah bah non, pas de rugissement bestial pour moi. Je ne glougloute plus depuis quelques jours déjà. Je vais me contenter de me faire dépiauter par des gens qui sont bien trop gavés (par mon copain le canard, qui était lui même gavé, ce qui est une superbe mise en abyme quand on y pense) et bien trop bourrés, alors qu’il n’est même pas minuit. Bravo l’exemple. Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi (mais sans les champignons) ! Me voilà dans les assiettes.

Jour J, un peu plus tard. Je suis coincée entre tonton Dédé et grand-mère Jeanine. Et en face, RAAAAHHHH, Clémentine et son mec. La mocheté. Elle porte un pull de Noël avec un renne ridicule, affublé d’une écharpe en 3D, et le troll qui l’escorte est assorti. J’en peux plus de leur bonheur qui s’étale. C’est dégoulinant de mièvrerie, ça m’écœure encore plus que l’omelette norvégienne qui va suivre. Que fait-il ? Pourquoi il se lève et fait tinter son verre alors que la dinde vient d’être servie ? Ça va refroidir ! NOOOONNN pas de discours ! Et là, il sort une boite avec une bague… C’est pas possible… un ÉNORME saphir. C’était MON jour, pour MA demande ! Bryan est odieux de m’avoir fait ça. Clémentine rayonne, la dinde est froide, et je ne me sens pas trop dans mon assiette…

Crédit photo : pixelia

Les recettes

Afin de préserver la volaille (et d’envisager de la déguster pour la nouvelle année), je te propose deux recettes très simples qui te permettront de donner l’illusion confortable d’être un chef de grand talent tout en limitant le temps passé en cuisine.

Entrée de Noël aux noix de St Jacques : choisir des noix fraîches ou congelées (ou des pétoncles si le budget est plus limité). Pour des noix congelées, les faire décongeler dans un mélange lait+eau. Une fois décongelées, les sécher avec de l’essuie-tout (sécher les noix fraiches de la même façon). Les snacker dans une poêle chaude sur les deux faces, poivrer très légèrement. Déglacer au cognac ou à l’armagnac et faire flamber. Variante non alcoolique : ajouter de la crème fleurette et du safran. Servir immédiatement. Temps de préparation : 4h à 6h de décongélation, temps de cuisson : 5min.

Pour le plat : 3 pâtes feuilletées à dérouler, une fondue de poireaux, 800g de queues de lotte encore congelées. Sur 2 pâtes feuilletées déroulées, empiler par 2 les queues de lotte encore congelées, mettre de la fondue de poireaux au dessus. Recouvrir de pâte feuilletée, sceller les pâtes, dorer, passer au four 20 à 25min à 180°C. À servir avec du riz et une petite sauce à la crème et aux échalotes. Temps de préparation : 15min (45 en comptant la fondue de poireaux, réalisable en avance), temps de cuisson : 20 à 25min.

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