J’étais l’enfant casse-cou
Dans chaque famille, on a cet enfant qui n’a peur de rien. Depuis tout petit, on qualifie cet enfant de « casse-cou », celui qui fonce sur son vélo, qui revient à la maison les genoux en sang, qui grimpe le plus haut possible au sommet des arbres…
Souvent, cet enfant est assimilé au sexe masculin. Parce que la société veut nous dire que les filles sont calmes et posées, là où les garçons sont dynamiques et aventureux… Et bien, moi, ce cliché je le balaie d’un grand revers de la main car cet enfant casse-cou, c’était moi.
Une enfance mouvementée
Lorsque j’étais petite, je n’avais aucunement la notion du danger. C’est bien simple, j’ai eu ma première double fracture la semaine avant ma rentrée en maternelle, à trois ans donc.
Je ne compte plus le nombre de chutes. Pour moi, elles faisaient partie du quotidien. Je me souviens par contre d’une fois où j’ai dévalé une pente abrupte avec un vélo sans freins et j’ai terminé ma course le visage contre le bitume. Le sang coulait à flot sur mon front, m’empêchant d’ouvrir les yeux. Quand je les ai rouverts, j’étais allongée sur le canapé en train de me faire recoudre et mon père me regardait avec un air mi-inquiet mi-résigné.
Pour ne rien arranger, j’adorais les loisirs dits « dangereux ». Exit la danse ou le football, ici c’était équitation, ski alpin, VTT et rollers. D’ailleurs, habitant en montagne, le ski est une religion. Mais quand j’étais enfant, pas question de faire des beaux virages avec un planter de bâton magistral ; non, il fallait descendre les pistes noires le plus rapidement possible, en ligne droite. Et mon excitation était à son comble quand mon père m’autorisait à faire du ski-cross.
Quand j’y repense, je me dis que c’était de l’inconscience. Je n’ai jamais mis de casque ou de protections. Il aurait pu m’arriver des choses bien plus graves que de simples chutes. Pourtant, je ne pensais jamais au pire, je me shootais à l’adrénaline et à la sensation de vitesse.
J’ai eu ma seconde double fracture en tombant à rollers à pleine vitesse. J’avais douze ans et je me rappelle de mon séjour à l’hôpital durant lequel, le médecin m’avait dit que mon bras était très fragilisé et que la prochaine fracture se solderait par la pose de broches.
À ce moment-là, j’ai eu la trouille.

L’âge de raison
Cette dernière grosse chute m’a vraiment calmée. En vacances, je passais plus de temps à bronzer sur la plage qu’à surfer sur les vagues. J’ai vendu mes rollers, j’ai du arrêter l’équitation car trop chronophage. Lorsque j’ai racheté des rollers, vers vingt ans, je roulais environ 300 kilomètres par saison : je ne sortais pas sans mes protège-poignets et j’évitais de me mettre en difficulté en maîtrisant ma vitesse.
Maintenant, j’ai basculé à l’inverse. J’ai facilement la trouille, notamment lorsque je prends ma moto. J’imagine toujours un ballon traversant la route sous mes roues ou une voiture me coupant la priorité.
Je suis terriblement nostalgique de cette période où la peur n’avait pas sa place dans ma tête alors que mon « moi adulte » calcule tous les risques. Bien sûr, le fait que je sois devenue maman n’arrange rien à mon anxiété !
Les chiens ne font pas des chats
Ma fille est comme je l’étais. Le casque en plus. Une petite déglinguée de l’adrénaline, une fofolle de la vitesse ! Elle monte tous les jours sur les motos pour voir si elle arrive à toucher les cale-pieds : signe ultime qu’elle pourra monter derrière nous.
Et quand je la regarde dévaler la pente sur son vélo et freiner avec ses pieds, je suis à la fois résignée et angoissée. Très souvent, mon père me fait remarquer que ce n’est rien à côté de ce que je lui ai fait subir quand j’étais petite !
Complètement d accord avec toi sur le non fondé des clichés filles garçons dans ce domaine ! La nounou de mes filles qui s’exclame « elles grimpent dans les arbres comme de vrais garçons manqués « …euh bah elles sont juste des enfants et dégourdies…avec des parents confiants , pas hyper protecteurs mais veillant quand même à leur sécurité. Moi aussi depuis que je suis maman je suis beaucoup plus trouillarde dans mes activités sportives et un peu nostalgique de celle que j’étais avant.
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Je te rejoins sur le côté nostalgie ! C’est la sagesse qui arrive 😉
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Cela me rassure de te lire. J’avoue que je pense que je ne reprendrais jamais le parapente, trop peur d’avoir un accident et de laisser mes enfants orphelins.
Et pour les clichés, ils ont la vie dur, c’est comme ça, on n’avancera que petit pas à petit pas, mais ça finira par changer.
Chez nous, il n’y avait pas « le » casse-cou de la famille, on s’entrainait les uns les autres. Et je crois qu’on a eu beaucoup de chance. Il y a eu quelques points de suture, mais aucune fracture. Pourtant, j’ai un de mes petits frères qui est tombé d’un arbre et qui ce serait certainement fait très mal (si ce n’est plus), s’il n’avait pas atterri sur les épaules de mon frère ainé (je crois que moi, c’est cet épisode qui m’a un peu calmée).
J’avoue qu’en tant que maman, trouver le juste milieu entre préserver leur sécurité et leur laisser suffisamment de liberté fait partie de mes grandes difficultés. Parfois, j’ai l’impression de prendre des risques, et parfois j’ai peur de les brider… dur métier que d’être parent !
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C’est clair qu’on valorise davantage un garçon casse cou qu’une fille, mais les mentalités évoluent et on accepte sans doute mieux une fille sportive aujourd’hui. L’inverse est vrai, j’ai un fils qui a non pas horreur mais qui est complètement indifférent au foot, au point d’en avoir intégré les principales règles au collège, c’est très excluant.
Après c’est normal en vieillissant d’avoir une conscience du danger et d’adapter ses prises de risques.
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Je compatis pour ton fils qui se sent exclu. Je me rappelle que déjà quand j’étais enfant, il y avait un garçon dans mon école qui n’aimait pas le foot. Il était constamment la cible des moqueries des autres… Anormal
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