Ma mère et moi

Ma mère et moi

Ma mère et moi, c’est toute une histoire. J’en ai déjà parlé il y a longtemps, sur l’ancien blog, juste avant de devenir mère moi-même.

Elle n’était pas la mère dont j’avais besoin. On ne s’est jamais comprises elle et moi. Elle a fait des choses que je ne pourrais jamais lui pardonner, des choses qu’une mère n’est pas censée faire. Rien de répréhensible par la loi mais cela reste blessant et marquant.

Une mère n’est pas censée se moquer de sa fille, elle n’est pas censée lui dire des choses affreuses, elle n’est pas censée ne pas l’écouter, ne pas venir à son aide quand elle en a besoin. J’ai appris à ne pas compter sur ma mère, à devenir une femme sans elle.

Aujourd’hui, je ne l’appelle que très rarement (pour son anniversaire et la fête des mères). C’est elle qui m’appelle le plus souvent, pour prendre des nouvelles, comme si elle voulait entretenir un lien qui n’existe plus depuis des années.

On se voit deux fois par an, pour qu’elle et mon père puissent voir leurs petites-filles mais ce n’est jamais chaleureux, détendu. Je n’attends qu’une chose, que le week-end soit terminé. On n’a rien à se dire, rien à partager.

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Crédit photo : pasja1000

Et pourtant, malgré tout ça, je pense à ma mère tous les jours.

Je pense à la mère que je n’ai pas eu, à tout ce que je n’ai pas pu partager et tout ce que je ne partagerai jamais avec elle. Je pense à toutes ces amies qui appellent leurs mères tous les jours, vont faire les boutiques avec elles, les retrouvent le week-end avec plaisir. Leur font un câlin, tout simplement.

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Crédit photo : ParentRap

Je pense à la mère que je suis aujourd’hui, à celle que je veux être demain. Loin du modèle qu’elle m’a donné.

J’essaie de parler avec mes filles, de les regarder grandir, de jouer avec elles, de les écouter, de les câliner. Contrairement à elle. J’aimerais que plus tard, mes filles se sentent assez en confiance pour se tourner vers moi, me demander de l’aide, se confier et que je puisse leur apporter ce dont elles ont besoin. J’aimerais partager de vrais moments avec elles et pouvoir les voir devenir des femmes et participer à ce processus. J’aimerais qu’elles m’appellent pour me dire que je leur manque. J’aimerais qu’elles m’aiment.

J’espère qu’elles ne me détesteront pas, qu’elles ne me fuiront pas.

Je déteste ma mère de me faire ressentir cette peur. Je lui en veux d’avoir fait de moi une femme et une mère si peu confiante en soi.

Chaque jour, j’essaie de ne pas penser à elle, ou un peu moins que la veille. Je voudrais réussir à arrêter de me comparer à elle, arrêter de chercher dans mon comportement des ressemblances à éradiquer. Je voudrais me libérer de son influence, être libre d’être moi sans avoir peur d’être elle.

11 commentaires sur “Ma mère et moi

  1. J’ai de très bonnes relations avec mes parents. J’ai eu une enfance heureuse et maintenant je leur fais confiance et prend plaisir à nos rencontres.

    Par contre, je n’ai plus de relations avec 2 de mes grands parents. Ma maman, comme toi n’a pas eu une enfance heureuse ni aimante et ça a laissé des traces. Durant toute mon enfance, je les ai côtoyé plusieurs fois par an et ça se passait assez bien. Ils s’intéressaient beaucoup à moi. Ils n’étaient pas très affectueux, assez froids et rigides mais il était évident pour moi qu’ils essayaient de bien faire.
    Malheureusement ces dernières années, en vieillissant, ils sont devenus aigris, rancuniers, méchants, surtout envers ma maman mais j’ai dû mal à l’accepter et j’ai de moi même coupé les les ponts.
    (Peut être n’ont ils pas changé mais j’ai ouvert les yeux en grandissant et en fondant ma propre famille?!)

    Tout ça pour dire que même sans bonne figure parentale, ma maman a fait un travail extraordinaire avec moi. Elle a fait quelques erreurs, comme toutes les mamans, nous avons eu quelques clashs mais c’est une super maman. Et aujourd’hui pour élever et aimer mes enfants, je m’inspire énormément de ce qu’elle a fait avec moi.
    Je n’ai pas de doute que tu seras te poser les bonnes questions et être une super maman. Dès que tes enfants seront un peu plus vieux, je te conseille de les laisser décider si ils veulent voir ta maman. Mais ne te force pas trop et ne les force pas. Cette relation n’est pas forcément nécessaire à leur bonheur et à leur construction.

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    1. Merci beaucoup pour ton message qui me touche énormément et me fait du bien.
      Je suis très heureuse de savoir que tu as une maman extraordinaire, tu as beaucoup de chance. Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ta famille.

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  2. J’ai un peu le même souci mais avec mon père, j’ai appelé ça se developper contre et non pas comme mais quoi qu’il arrive, c’est un modèle inéluctable dans la vie.
    En revanche, j’ai fait un genre de « crise » à la trentaine qui m’a beaucoup aidée, je transmets donc au cas où. J’ai ressenti le besoin d’être en paix sur les rancunes, les erreurs, les casseroles que je trainais pour aborder la prochaine dizaine que je considérais comme étant le vrai passage à l’âge adulte. J’ai commencé par demander pardon ou à m’expliquer avec ceux que j’avais blessés ou avec qui ça avait claché. Pour ce faire, j’ai même repris contact avec une amie d’enfance que j’avais « perdue » en partie par ma faute depuis 4 ans. Pour te montrer que je voulais vraiment pousser le truc loin.
    Donc est venu le problème papa. Hum, pas de grandes explications mais je lui ai pardonné en décidant de me préserver désormais. Autrement dit, plus de non-dit car je ne veux plus porter de rancoeur. Ça me fait du bien, nos rencontres sont parfois électriques mais la famille a l’habitude. En revanche, je ne cherche jamais le conflit, c’est plutôt éducation bienveillante 😉 genre tu me vexes, c’est dur de dire ça, etc. Car il est un bon grand-père pour ma fille.
    Aujourd’hui, j’ai 40 ans et je suis capable de dire « ça, je tiens de lui mais j’approuve donc je garde » ou « cette réaction c’est lui et je ne veux pas reproduire » je vire et m’excuse auprès de la personne si besoin.
    Je te souhaite d’en arriver là, on vit mieux sans rancoeur. Bonne chance

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    1. Merci Virg pour ton message.
      Je travaille également sur la rancoeur et en ai déjà beaucoup moins qu’il y a quelques années. peut-être qu’à terme j’arriverai à ne plus en avoir du tout.

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  3. Je ne suis pas proche de ma mère, pourtant je la vois quasiment 2x par mois! Elle garde régulièrement mes enfants, nous passons des journées ensemble, allons nous promener à pieds dans le village avec les enfants etc …
    Et pourtant : nous ne parlons que de « la pluie et du beau temps » comme on dit. Elle ne connait pas mes peurs, mes doutes, mes envies, mes joies, ce qui me fait vibrer au quotidien.
    Je pense que, comme je ne partage pas la vie qu’elle souhaite, et que je ne suis pas le portrait craché de ce qu’elle aurait aimé que je devienne (je ne suis pas douce, je parle et rit fort, j’aime les soirées entre amis arrosées, j’aime partir en week-end sans mes enfants,…) cela a créé un fossé entre nous.
    Alors je fait abstraction de ma vraie vie, et je continue de la voir, pour les enfants, les fêtes de famille, où mon mari et moi faisons un effort pour ne pas la « brusquer »; malgré les réflexions malvenues que nous prenons en pleine tête à chaque fois.
    Je pense que si je n’avais pas d’enfants, et qu’elle n’était pas mamie, je ne verrais plus ma mère.

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      1. Je ne vois pas pourquoi mes enfants n’auraient pas le droit d’avoir leur mamie au quotidien, pour un problème qui a la base ne les concerne pas
        Donc je fais l’effort, mais passer du temps avec ma mère n’est que très rarement source de plaisir pour moi !

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  4. Bonjour,

    En lisant votre chronique et les commentaires, je mesure la chance que j’ai d’avoir des parents aimants. Je ne mène pas la vie qu’ils s’étaient imaginée, mais nous sommes proches.
    Vous avez fait preuve de beaucoup de courage en écrivant cet article, et ce que vous dites sur votre mère pourrait sans problème se dire de ma belle- mère, la mère de mon mari.
    Elle est totalement indifférente à son fils, à sa vie, et à tout ce qui le concerne.
    On la voit très peu( 3 fois par an) et cela suffit amplement. Mon mari a beaucoup progressé et fait maintenant avec. Il sait qu’on ne divorce pas de ses parents, et que sa mère ne changera jamais.
    Essayez quant à vous de ne pas trop vous mettre la pression. Et peut être que vous faire aider par un professionnel vous permettrait de vous libérer totalement. Vos filles ont en tout cas de la chance de vous avoir comme maman.

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    1. Merci beaucoup pour votre message très gentil.
      Je suis triste pour votre mari, c’est tellement blessant d’avoir une mère indifférente. Je lui souhaite de réussir définitivement à se détacher de cette situation et à être heureux malgré tout.

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  5. Je te comprends totalement. Moi j’ai pris le parti inverse de toi et j’ai préféré intérioriser ma colère envers ma mère. Je ne m’en serais probablement jamais rendu compte si je n’avais pas lu ‘il n’y a pas de parents parfait’ de Isabelle Filliozat. Ce livre m’a fait comprendre bien des choses sur moi et ma relation avec mes parents. Je vous le conseille. Si on comprend les mécanismes en oeuvres c’est plus facile de s’en détacher. En tout cas c’est déjà un grand pas de s’en rendre compte. J’espère que vous arriverez à être la maman que vous voulez être.

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    1. Merci pour ton commentaire et ton conseil de lecture.
      J’ai déjà lu ce livre mais en tant que mère qui souhaitait déculpabiliser. Je ne l’ai jamais lu en tant que fille qui voulait comprendre sa mère, je devrais peut-être essayer.

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