Lâcheuse
Scène de vie : moment de pause café entre collègues, yeux souriants renseignant sur les sourires derrière les masques et tarte faite par l’une de nous permettant de découvrir le bas du visage pour enfourner une bouchée ou boire une gorgée de café de temps en temps. La discussion dérive sur un petit goodies sympa qui va être distribué par le comité d’entreprise : une trousse de secours de voyage.
- « Ho c’est top cette idée! Tu sais si je vais pouvoir être concernée par la distribution vu que je quitte l’entreprise à la fin du mois ou c’est raté pour moi? »
- « Ho ba oui on devrait réussir à te donner le tiens avant ton départ… ha mais non t’es une lâcheuse donc on le garde »
Mon sourire se crispe sous mon masque et je fixe mon café pour digérer la réponse que je n’attendais pas.
Je te l’apprends donc dans cet article la jolie poupée en a eu marre d’avoir l’impression d’être prise pour une idiote par certains. Sur un coup de tête elle a postulé sur une offre en fin d’année dernière et après tout un processus de recrutement elle a décroché le Graal.

Des étoiles dans les yeux
Ce poste, sur le papier, c’est tout ce dont je rêve.
- Un post hybride gestion et technique (où je me sens pour le moment plus légitime).
- Plus aucun développement informatique (moi qui pensais en faire 3/4 ans max enfin je n’en ferais plus après 8 ans).
- Des responsabilités officielles et reconnues (et non des responsabilités supportées dans l’ombre avec aucune reconnaissance).
- Des collègues sur le même périmètre (enfin je ne serais plus seule j’aurais une équipe sur le même projet que moi).
- Une très jolie entreprise avec des possibilités d’évolutions très importantes.
Alors oui j’avais postulé suite à une énième contrariété l’année dernière sur ce poste presque trop beau pour être vrai, oui je ne pensais pas que ça irait jusqu’au bout. Mais toi à ma place tu aurais refusé un poste qui est aussi proche de ta perfection ?
Je ne vous abandonne pas
Alors non je ne suis pas une lâcheuse.
L’année dernière a été compliquée. Il y a eu beaucoup de choses qui m’ont déplu. Et j’ai systématiquement tenté d’en discuter et de résoudre le problème. Jusqu’à ce que, lasse de ne pas voir de changement (en fait en vrai si il y a même eu des changements négatifs pour moi), j’aille regarder ce qui était proposé ailleurs.
Alors non je n’oublie pas que quand je suis arrivée dans mon entreprise actuelle j’étais fissurée de partout, qu’après un travail minutieux de la part de ma précédente entreprise ma confiance en moi avait été bien ébranlée. Je n’oublie pas que vous vous m’avez accueilli à bras ouverts, qu’avec vous je me suis reconstruite. Qu’avec vous j’ai repris confiance en mes capacités, ma voix, ma valeur.
Oui je sais ce que je perds, et ça me serre le cœur. Comme quand on quitte son logement pour aller dans celui d’après. On a choisi celui d’après, on est surexcitée à l’idée d’y aller et pourtant les jours d’avant on voit ce logement qui nous a vu vivre se vider et la nostalgie monte.
Je sais qu’ici j’ai des collègues en or, que je suis contente de vous croiser dans les couloirs, que les fous rires sont fréquents pendant nos pause café ou déjeuner. Je sais que j’avais une certaine assise sur mon projet et une reconnaissance de mes connaissances de la part du client et de mon chef.
Je sais ce que je vais perdre et pas ce qui m’attend. Mais l’opportunité était trop belle et je ne suis qu’au début de la construction de ma carrière, je ne pouvais pas laisser passer ça.
Partir apaisée
Et justement je sais à quel point ces quatre années parmi vous m’ont apporté. J’ai grandi avec vous, j’ai râlé, j’ai appris, j’ai chanté des chants de noël, j’ai rigolé à en pleurer, j’ai participé à des cagnottes pour l’arrivée de vos bébés, j’ai organisé des surprises de départ, triste de voir partir un collègue apprécié.
Il y a quatre ans je recevais ce mail m’annonçant que j’allais recevoir une offre pour vous rejoindre. J’étais assise dans le canapé à allaiter Petit M. et j’ai vu cette notification, je me revois pleurer, mon père (en vacances avec moi à ce moment-là) arriver dans la pièce et me demander si tout allait bien. Et moi répondre que j’étais enfin sauvée.
La dernière fois je suis partie en souffrance. La dernière fois je suis partie en ayant envie de tout bruler et de tout oublier.

Cette fois-ci je pars avec plein de jolis souvenirs et pleins de choses que je ne veux pas oublier.
Je ne vous lâche pas. Je prends un embranchement différent mais je repasserais de temps en temps.
Je ne vous lâche pas parce que ces quatre ans m’ont tellement construite que je ne pourrais jamais les oublier.
Merci pour ces quatre années.
Je vous félicite Mae d’avoir le courage de partir, car en cette période troublée, ce n’est pas évident. Et partir ne signifie pas tout rejeter en bloc. Vous allez vers ce qui est mieux pour vous. J’espère que cette chronique sera lue par vos futures ex-collègues.
De mon côté, en poste depuis 11 ans au même endroit, j’en ai vu partir des collègues: certaines de leur plein gré, d’autres gentiment poussées vers la sortie.. Mais des années après, je garde toujours des contacts avec certaines d’entre elles. Celles qui me manquent le plus, mais ont trouvé l’herbe plus verte ailleurs. Et tant mieux. La preuve que l’on partage bien plus qu’un employeur.
Bonne route à vous, et à bientôt pour la suite?
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Je cache plutôt a mes collègues l’existence de ce blog mais j’ai eu le temps pendant mon pot de départ de leur dire merci. Je ne sais pas si j’ai eu du courage de partir. J’ai eu la chance de profiter de très bonnes conditions et je ne me suis pas vraiment mise en danger en faisant ce choix.
11 ans… Parfois je me dis que je suis condamnée à me lasser au bout de 3 ans.. J’espère vraiment pouvoir obtenir plus de stabilité dans ce nouveau poste/cette nouvelle entreprise mais je ne peux jurer de rien. Mais je partage la conclusion : les employeurs passent mais certains collègues restent dans nos vies :10 ans que la marraine de mon fils ainé est dans ma vie en ayant était au début juste une collègue. Ça sera surement le cas de certains de mes (très récents) anciens collègues :-).
Et petit secret : la suite est déjà écrite suite à une prise de poste étonnante ;-)! Mais il va falloir attendre quelques mois avant de la lire. Merci en tout cas!
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Très beau texte. Ce n’est pas lâcher mais saisir une nouvelle opportunité professionnelle qui va t’ouvrir de nouvelles perspectives et apprentissage ^^. Après c’est vrai que quitter des collègues sympas ça mets une ombre au tableau mais tu retrouveras des nouvelles personnes avec qui peut être tu tisseras des liens amicaux. Dis toi que tu prends du level et qui je te le souhaite t’apportera tout ce que tu souhaites pour ta carrière professionnelle. Moi je dis souvent qu’il ne faut rien regretter dans la vie. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans ton nouveau poste
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Merci pour ce commentaire. Depuis quelques années j’ai effectivement une vision de la vie qui me pousse à ne pas attendre, une sorte de faim dévorante qui me donne l’impression de stagner très vite… Je sais que mon choix est raisonné et que je ne le regretterais pas. Mais après un départ cataclysmique de mon ancienne boite je ne pensais pas vivre un départ comme celui que j’ai vécu il y a peu. Cela a rendu tout ça assez irréel comme une impression de flottement parce que je n’avais pas envie de dire au revoir. Alors j’ai dit à bientôt 🙂 et je planifie déjà de passer les voir en septembre.
Merci pour tes voeux
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