Portrait de femme 7 : Camille, passion psychomot

Portrait de femme 7 : Camille, passion psychomot’

Quand mon frère m’a présenté Camille, j’ai tout de suite été frappée par sa douceur et sa capacité d’écoute. De cette femme se dégagent une bienveillance, une disponibilité, une volonté sans failles. Et puis elle m’a parlé de son métier dont j’ignorais tout. La façon dont son visage s’éclaire quand elle l’aborde, ses explications claires sur des sujets complexes, sa passion sans fin pour ses patients, petits et grands… J’ai tout de suite su qu’il me fallait partager son parcours, sa vision, et surtout, son enthousiasme.

Crédit photo : Photo personnelle de Camille

Psycho-quoi ?

Camille est psychomotricienne. Métier que j’ai donc découvert grâce à elle. D’après mon ami Wikipédia, c’est le spécialiste de la rééducation des troubles psychomoteurs. Merci, wiki, mais en quoi ça consiste exactement ? Je laisse Camille en parler...

« Difficile de définir la psychomotricité. C’est un domaine tellement vaste, tellement riche et un peu flou aussi… C’est un peu comme une recette de cuisine : on y met du moteur, de l’affect, du cognitif, du sensoriel, on mélange bien et ensuite on rajoute notre petite touche perso ! Pour certains, ce sera de l’expression corporelle, du mime, pour d’autres du dessin, de la peinture, pour d’autres encore du jeu, des règles, et puis des parcours, des balles, de la relaxation… »

Un parcours du combattant


Tu l’auras compris, psychomotricienne, ce n’est pas le premier métier qui vient en tête quand on est au lycée. D’ailleurs, Camille a découvert cette voie un peu par hasard…

« Je suis au lycée, en terminale, et je cherche quoi faire de ma vie. A l’époque, j’aime bien comprendre comment les gens fonctionnent, je m’interroge sur leurs histoires, sur leurs relations, sur leurs émotions. Et puis, peut être parce que j’ai lu quelques ouvrages de Freud, peut être parce que j’ai beaucoup aimé le film « 6e sens » et Bruce Willis qui incarne un psy, peut être parce que mon petit frère est handicapé et que je cherche aussi à le comprendre, je décide de m’inscrire en fac de psycho. »

Mais il faut dire que les débouchés sont moindres, les profs décourageants… Camille est un peu pessimiste sur son avenir et cherche un peu ailleurs.

« J’assiste à des conférences dont une sur la psychomotricité. C’est littéralement le coup de foudre. Je ne comprends pas tout mais je retiens une chose : la psychomotricité, c’est de la psy avec le corps. Moi qui préfère bouger plutôt que parler, je me dis que c’est l’idéal ! Le corps devient support, vecteur d’expression, la psycho devient concrète et peut s’appuyer sur quelque chose de réel, de matériel ! »

Seul problème : l’équivalence, c’est compliqué, et les places sont chères dans les écoles que Camille vise (10 auditeurs libres sur 150 dossiers !)

« Je croise les doigts mais je ne suis pas prise. 

Comme je suis en contact avec une nana de l’école de psychomot, j’obtiens l’emploi du temps de premières années. Je décide de suivre les cours, clandestinement. 2 mois s’écoulent et c’est juste horrible. Je ne dois parler à personne, je me sens tellement illégitime. Moi qui ai déjà du mal à trouver ma place en temps normal, me voilà dans une situation terrible ! Je ne tiendrai pas l’année. Je trouve un stage avec une psychomot et j’envoie une lettre bien trempée à la directrice de l’école pour lui assurer toute ma motivation. Elle me convoque… et elle finit par m’inscrire. Je bosse comme une acharnée toute l’année, et j’arrive 2ème au concours. »


C’est pour qui, la psychomotricité ?

Son diplôme en main, Camille peut exercer ! Oui, mais du coup, qu’est-ce qu’elle fait exactement ? Qui sont ses patients ?

« Je travaille en cabinet libéral depuis 8 ans et j’y accueille tous types de patients, du bébé à la personne âgée. Majoritairement quand même, ce sont des enfants, et principalement d’âge scolaire. Les motifs de consultation tournent souvent autour des apprentissages « il n’arrive pas à se concentrer », « il écrit trop lentement », « il est nul en géométrie et en dessin », « la maîtresse nous dit qu’il tombe tout le temps »… Maladresse globale, parfois troubles « DYS », troubles de l’écriture, troubles de l’attention, agitation, difficultés avec les autres… Parfois, ce sont des enfants plus petits qui franchissent la porte du cabinet « il a 7 mois et il ne se retourne toujours pas » « il a envie de marcher mais il ne peut pas nous lâcher les mains »… 

J’écoute, je pose des questions, je retrace le parcours de l’enfant, je suis disponible, bienveillante et j’écoute mes intuitions… Après la passation du bilan psychomoteur, qui met en lumière les difficultés mais aussi les points forts de l’enfant, je propose une prise en charge, axée sur des objectifs thérapeutiques précis. Des séances hebdomadaires qui fournissent à l’enfant un espace rien qu’à lui, dans lequel il peut s’exprimer et surtout expérimenter et se tromper sans conséquence. « 

Et qu’est-ce que vous faites, alors?

« Tout est possible, on joue, on dessine, on construit des parcours, des tours, des maisons, on mime, on discute, on réfléchit, on trouve des solutions, on compense, on négocie, on joue encore, on fait semblant, on compte, on observe, on sent, avec les pieds, les mains, le corps, on danse, on se détend, on prend conscience de sa force, de l’importance de ses yeux, de ses appuis, de ses potentialités…

empilage, tour, enfant qui fait une tour
Crédit photo : La-Rel Easter

Je dis « on » car la séance se construit à 2. Je m’adapte à ce que l’enfant m’apporte, je propose à partir de ce qu’il dit, fait ou ne fait pas. Le plus souvent, c’est génial et ça me plaît. D’autres fois, c’est dur. Il y a des journées, comme tout le monde j’imagine, où je ne suis pas dispo, où j’ai pas envie. Et m’asseoir devant un ordinateur pour juste répondre à des emails m’arrangerait bien! « 

Profession libérale

Camille a ouvert son propre cabinet en 2016, en reprenant celui d’une ancienne pyschomotricienne devenue amie.

« Quand elle m’a proposé de racheter son cabinet, j’ai dit « non » pendant un an. Me lancer en libéral, seule, me faisait peur. Et un jour, nous étions au restaurant et je lui racontais une bonne expérience de séance avec un enfant autiste que je suivais depuis quelques temps. Ça m’a frappé comme une illumination : j’aime beaucoup mon travail, ne pas racheter son affaire est une erreur !

Il a fallu trouver une banque. Des nuits sans dormir, des rdvs à droite à gauche, des « oui mais avec conditions », des non… Encore des insomnies. Et puis ça a fini par marcher, j’ai signé chez le notaire en septembre 2016. Et je ne regrette pas ! »

Au final, cela fait maintenant 5 ans que Camille a ouvert son cabinet à Gif-sur-Yvette. Psychomotricienne, c’est bien sûr son métier, mais aussi sa passion. Elle a toujours des paillettes dans les yeux quand elle parle de son métier.

(Si tu veux la retrouver, elle est sur Doctolib : Camille PIHOUÉE et si tu veux en savoir plus sur la psychomotricité, tu peux suivre sa page Facebook).

3 commentaires sur “Portrait de femme 7 : Camille, passion psychomot

  1. Oh merci pour ce témoignage enthousiaste sur ce métier que j’ai découvert au moment du retard moteur de ma deuxième fille. Par contre, je suis un peu frustrée : j’aurais beaucoup aimé en savoir plus sur la formation pour devenir psychomotricien/ne ! Combien d’années d’étude, quels organismes (écoles privées uniquement ? fac ?), quelles matières enseignées, y a-t-il des stages pratiques, etc etc…

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