Un an de plus

Un an de plus

L’été vient de se terminer et je laisse derrière moi les couches. Définitivement. Plus jamais je ne devrai changer mon bébé. Plus de couches lourdes et chaudes. Ou au contraire vides et légères. Si légères que ç’en est rageant de devoir la jeter. Je n’ai plus de bébé. Un enfant l’a remplacé. Je ne m’y attendais pas. La plupart des matins, les couches étaient pleines. Tellement pleines. Régulièrement, elles débordaient. Gustave avait pris l’habitude d’uriner au réveil. Tranquillement. Confortablement allongé dans son lit, bien au chaud. C’en était exaspérant. Parfois, la couche fuyait même la nuit. Bien trop souvent à mon goût. J’en ai changé des draps cet été ! C’est pourquoi quand, à la fin de l’été, il a déclaré vouloir dormir sans couches, j’ai refusé. Je lui ai proposé un marché. Trois nuits avec une couche sèche d’abord. Gustave a pleuré, tempêté. En larmes, il m’a reproché de lui interdire de grandir, de vouloir le maintenir petit bébé, mais que lui voulait être grand. J’ai tenu bon : il fallait d’abord faire trois nuits sans couche. Le lendemain, il partait finir les vacances chez ses grands-parents. La nuit passée, il m’annonçait fièrement avoir passé outre le marché que je lui proposais. Non seulement il avait dormi sans couche mais il n’y avait même pas eu d’accident. Et lui de conclure : tu vois que je peux devenir grand ! Et donc oui, il a grandi. Il est devenu un vrai petit garçon. Un enfant intrépide qui, pour la première fois, a osé.

Ce jour-là, je n’avais aucune envie de me baigner, mais nous sommes allés voir l’océan. Il était calme. La température acceptable. Les enfants ont couru sur le sable. Rapidement, le va-et-vient des vagues les a mouillé tous les trois. Ils voulaient se baigner. Craintivement. L’immensité bleue reste impressionnante.

Je les ai équipés de brassards et leur ai dit qu’ils pouvaient y aller. Seuls. Je ne voulais toujours pas me baigner. Alphonse et Gustave sont restés sur le sable mouillé, les pieds léchés par l’écume. Partagés entre l’envie et la peur. Ernestine avait beaucoup trop envie pour avoir peur. Elle était seule dans les vagues. Elle a regardé vers la plage et a vu ses frères hésitant. Elle est ressortie. « Vous voulez que je vous aide ? » Elle a pris la main d’Alphonse dans sa main gauche, celle de Gustave dans sa main droite. Ils sont entrés tous les trois dans les vagues.

plage, vagues
Photo personnelle

Je les revois, fière et émue. Trois petits bouchons montant et descendant au gré de la houle. Leurs cris, leurs rires résonnaient sur la plage. La peur les avait désertés. Seul le bonheur restait. Je me souviens m’être dit « c’est la première fois qu’ils se baignent seul… enfin ! » Le ciel, chargé de nuages, se teintait de cette lumière si particulière. Celle qui annonce la fin de la journée. La lumière dorée. J’étais heureuse.

Cet été, j’ai laissé derrière moi la même chose que chaque été. Un an. Ce n’est qu’à cette époque que je prends pleinement conscience du temps qui s’écoule. Le reste de l’année, le rythme est trop effréné. Je ne prends pas le temps de m’arrêter, de les observer, de les jauger. La routine est trop intense. La course un peu folle. Et pourtant, ils grandissent tous les trois. La petite enfance commence à s’effacer dans mes souvenirs. Mes enfants ne sont pas grands. Mais ils ne sont plus les tout-petits que je cherche encore parfois à protéger. C’est aussi à ça que sert la pause estivale. Constater combien ils ont grandi.

6 commentaires sur “Un an de plus

  1. Je me rends compte que ma fille grandi sur les photos pour ma part, il y a eu « ce n’est plus un nourrisson » puis « on commence à voir l’enfant en devenir » et enfin il y a 15 jours « ce n’est plus un bébé »… nostalgie et amour s’entremêlent, l’envie à la fois de la serrer contre moi pour garder quelques bribes de bébé et de lui donner des ailes pour s’envoler ❤

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  2. Je ressens exactement la même chose, comme toi, à chaque fin d’été, quand je réalise les progrès et les différences, une fois qu’on retrouve le rythme effréné de notre quotidien trop bien rempli. Du coup, ton texte me parle beaucoup ❤

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  3. Très beau texte et je te rejoins à 100% !
    Des fois j’ai l’impression que ça va aussi vite que la marée montante… Ici je prends surtout conscience avec le changement de garde robe. C’était le cas ce weekend quand j’ai sorti du 4 ans pour ma choco-grenouille ! Ce matin, j’avais du mal à reconnaître mon petit bébé dans ses habits de petite fille 🥰

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  4. Oh c’est rigolo que ce soit l’été le déclencheur ! Moi je crois que c’est Noël… La différence de leurs stades et réactions a chaque Noël me fait prendre conscience… « Tiens, l’année dernière elle était minuscule, on sortait de la maternité » « tiens, cette année elle déballe ses cadeaux toute seule  » « oh trop chou, elle peut aider son frère maintenant » etc ^^

    En tous cas, je trouve fou que Gustave ait pu exprimer que tu l’empêchait de grandir !!!! Ici je propose régulièrement au lampion, 3,5 ans, de dormir sans couche pour voir… Mais non, il y tient à sa couche de nuit… Jattends qu’il soit prêt, mon gros bébé ! ;P

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