Enfants rapprochés vs jumeaux : c’est quoi le pire ?!
On entend souvent les gens se poser cette question : qu’est ce qui est le plus difficile entre avoir des enfants rapprochés ou avoir des jumeaux ? Ou des parents d’enfants rapprochés dire que c’est comme s’ils avaient des jumeaux. Moi-même, je me suis plusieurs fois posé la question. Cette même question qui a tendance à beaucoup agacer les parents de jumeaux d’ailleurs ! Et ça, je m’en suis rendue compte en devenant maman de jumeaux. J’avoue qu’au début je ne comprenais pas pourquoi c’était une phrase si sensible, mais, alors que mes jumeaux vont avoir 16 mois, j’ai revu ma copie et tu vas voir pourquoi à travers cet article.
L’avantage (si on peut dire…) c’est que je peux me permettre une certaine comparaison, ayant d’abord eu des enfants rapprochés (20 mois d’écart) puis des jumeaux. Alors certes, 20 mois c’est rapproché, mais il existe des fratries avec encore moins d’écart (certaines bribelettes comme Maé et Maman Bulle pourront en témoigner). Certes les différents contextes d’accueil de ces 4 enfants ont été différents (notre couple, notre lieu d’habitation, notre expérience de parents, nos familles, nos boulots, notre âge, etc.). Et donc tout ce que je vais te dire se base évidemment sur MON expérience et MON ressenti, et n’est en aucun cas une généralité pour tout le monde.

La grossesse et l’accouchement
J’ai déjà raconté tout ça ici et ce que j’en retiens c’est que ma grossesse gémellaire a été très dure et sur tous les plans : physique, psychologique, émotionnel, organisationnel. Une véritable épreuve dont je ne suis toujours pas complètement remise psychologiquement (et je ne te parle même pas physiquement, avec cet énorme diastasis qui m’empêche de reprendre le sport, courir, sauter, porter des charges lourdes, etc.).
Sur le plan médical, j’ai l’immense chance d’avoir eu 3 grossesses presque parfaites. Des symptômes dérangeants à chaque fois, mais pas plus que d’autres femmes. S’il faut retenir une difficulté lors de mes deux grossesses simples, je dirais que je reste quand même marquée par l’intense fatigue du 1er trimestre de ma deuxième grossesse, si intense qu’elle m’a rendue insomniaque, ce qui m’avait entrainé dans un cercle vicieux.
Quant aux accouchements, si encore une fois sur le plan médical, tout s’est bien déroulé à chaque fois, j’ai moins bien vécu le dernier qui, non seulement était éloigné de mes rêves d’accouchement, mais qui en plus a été une source de stress, d’angoisse, de questionnements et de bataille éprouvants.
Pour conclure, une grossesse gémellaire par rapport à une grossesse simple, c’est plus de fatigue, plus de stress, plus de risques de prématurité, plus de risques médicaux, plus de difficultés à se mouvoir, plus d’anxiété, et plus de pression.
Les trois premiers mois
A la naissance de P’tit Matelot, ça a été très difficile de gérer un nouveau-né en même temps qu’un petit garçon de 20 mois. Ils n’avaient pas le même rythme et je n’avais aucune pause. J’en garde un souvenir mitigé, de larmes, de fatigue, d’ambivalence, de difficulté à tout gérer.
A la naissance des jumeaux, je ne dirais pas que ça a été facile, mais j’avais pu me préparer un peu à ce qui nous attendait, et, surtout, nous avons reçu de l’aide. Et ça, ça change tout ! Le congé paternité plus long, la famille, les amis, les TISF, cette chaîne de soutien a été hyper précieuse. Et puis, même si les nuits étaient difficiles, j’ai eu cette fois deux gros dormeurs, et qui dormaient assez souvent en même temps la journée, ce qui me permettait de faire des siestes.
Donc là, je dirais que le match se joue surtout sur le type de bébé (dormeur ou pas, RGO ou pas) et sur le soutien et l’aide extérieur.
Jusqu’au premier anniversaire
Pour la suite, je dois t’avouer quelque chose : que ce soit la première année de P’tit Matelot ou la première année des jumeaux, je n’en garde pas beaucoup de souvenirs. C’est assez triste, mais il faut croire que d’être submergée par la charge des choses à faire et à penser, ainsi que par la fatigue, me fait perdre la mémoire.
Les deux fois, j’ai sombré. La reprise du travail aux sept mois de P’tit Matelot a été salvatrice. Je n’avais pas eu le temps de sombrer trop profondément, et j’ai vite remonté la pente.
La deuxième fois, j’ai sombré. Profondément, intensément, des mots comme dépression et burn out parental ont été prononcé. Et pourtant, grâce au soutien des TISF qui venaient deux fois par semaine à la maison j’ai pu me réserver des (petits) moments de solitude dont j’ai tant besoin. J’ai aimé être à la maison avec mes deux bébés. Mais gérer des jumeaux, la logistique liée à des bébés multipliée par deux, la gestion des deux ainés (qui n’ont pas disparu à la naissance de Cocoa et Prunelle !), la gestion de la maison, du quotidien, la vie qui continue… ajouté à cela la rénovation d’une maison et une situation sanitaire anxiogène…
S’il devait y avoir un match entre les deux, je dirais que la logistique avec des jumeaux pêche beaucoup en leur « défaveur ». La moindre sortie demande une telle organisation, une telle anticipation, une telle énergie ! Moi qui sortais beaucoup avec Crapouillou et P’tit Matelot, ne serait-ce que pour une petite balade, je suis finalement peu sortie avec les jumeaux.
Et maintenant ?
Ah ah, maintenant à 16 mois, je peux te garantir que les jumeaux c’est bien plus difficile ! Les nuits sont toujours hachées, quand c’est pas l’un, c’est l’autre. Et parfois les deux. Et les journées, c’est terrible ! Je les adore hein, ils sont très mignons. Mais…
… l’un ouvre un placard interdit, pendant que l’autre grimpe sur une chaise, l’un réclame les bras pendant que l’autre renverse un verre, l’un monte l’escalier pendant que l’autre le descend, l’un attrape la poubelle pleine de couches pendant que je change l’autre sur la table à langer, l’un vide entièrement un tiroir pendant que l’autre s’enferme dans une pièce, etc. Les repas c’est une véritable orgie. Les bains/douches c’est un stress de chaque milliseconde que ça finisse en catastrophe. Les sorties au parc c’est une surveillance à 200%, l’un part à gauche pendant que l’autre part à droite, l’un tombe dans une flaque d’eau pendant que l’autre met des cailloux à la bouche… Ça ne s’arrête jamais, c’est épuisant, c’est usant. En plus, Prunelle dépasse tout ce que j’avais pu connaître en terme de bêtises par rapport à ses frères : dès qu’il y a un truc à ne surtout pas toucher/attraper/faire/aller : c’est pour elle ! Il paraît qu’il y a plus d’accidents domestiques chez les familles avec des jumeaux et franchement je ne suis pas surprise. Je prie tous les jours pour qu’il n’arrive rien de grave, tellement ils se retrouvent parfois dans des situations pas possibles. Moi qui n’ai jamais approuvé les parcs, je suis à deux doigts d’en installer un chez moi ! Je te raconte pas quand il faut en plus préparer à manger, gérer les devoirs de Crapouillou ou une crise de P’tit Matelot.
Alors que pour les deux premiers, bien qu’ils étaient rapprochés en âge, eh bien 20 mois ça compte quand même ! Crapouillou avait déjà acquis pas mal de choses quand P’tit Matelot a eu un an et plus : le sommeil était déjà beaucoup mieux, il comprenait déjà pas mal de règles, il savait parler et s’exprimer, il ne portait plus de couches la journée, etc. Et j’ai l’impression qu’il ne faut pas négliger le lien gémellaire qui fait aussi que les jumeaux s’entrainent dans leurs bêtises respectives.
Sur le plan psychique…
On se relève de tout et on oublie les moments difficiles. Je suis en plein dans les moments difficiles avec les jumeaux qui sont encore petits, donc je ne suis pas très objective (on en reparle dans 10 ans ?). Il n’empêche que jusqu’à aujourd’hui, avoir des jumeaux est l’une des épreuves, voir l’épreuve, la plus difficile que j’ai eu à vivre de ma courte existence. Difficile par son intensité, mais aussi et surtout par sa longueur : contrairement à beaucoup d’autres choses où on peut tenir en se disant « ça va passer », là oui, comme tout le reste ça va passer, mais à mon avis avant que je me dise « ouf, c’est passé » j’ai encore quelques mois ou années à traverser ! En tout cas, le tunnel est encore long et je n’avais jamais vécu une telle descente, une telle détresse psychologique, un tel brouillard, un tel trou si noir et si profond avant.
Donc, me concernant, avoir des jumeaux est plus difficile qu’avoir des enfants rapprochés ! Ceci dit, il y a quand même quelques avantages, et j’espère pouvoir t’en parler un jour, le plus vite possible !
T’es trop forte Mam’s, tu tiens le bon bout 😉 dis-toi que tu es notre héroïne à toutes ❤
Promis, un jour viendra où tous tes enfants s'habilleront tout seuls, ça prendra 3 secondes de partir en balade, bientôt ils t'aideront tous à mettre la table et iront sans souci sur les toilettes, et toi le matin avant le grand départ de ta tribu à l'école, tu ne feras que t'assurer qu'ils n'ont rien oublié (tu ne pourras pas t'en empêcher) et leur faire un gros câlin/bisou.
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Merci !
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Merci pour ce retour d’expérience honnête ! J’ai toujours rêvé d’avoir des jumeaux depuis toute petite, et j’ai finalement eu deux fils rapprochés (21 mois). Pourtant depuis la naissance du deuxième je me disais souvent « ah si ils avaient été jumeaux j’en serait déjà quitte des couches, ils parleraient tous les deux, ils iraient tous les deux à l’école, on approcherait de l’âge où on peut se faire ses soirées à deux..). Mais je vois clairement que ces réflexions tiennent du pur phantasme 😅 !.. plein de courage à vous!
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En effet, au delà des considérations pratiques il y a quand même pas mal de paramètres à prendre en compte. Mais encore une fois, ceci est mon ressentit personnel, et peut-être qu’une autre maman dans ma situation aurait une analyse complètement différente de la mienne !
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Je crois que jumeaux ou enfants rapprochés il y a des avantages et des inconvénients pour les 2 situations. Et qu’une grande partie des inconvénients viennent beaucoup des enfants que l’on a et des parents que l’on est. Le ressenti sera très différents en cas d’enfants malades (colique, RGO…), de gros dormeurs, de parents stressés ou relax…
Courage à toi ! J’espère que tu vas bientôt t’épanouir dans ta vie de famille.
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Oui au tout début, disons la 1ere année des jumeaux, je me disais exactement ça : que ça dépend énormément de l’enfant (dormeur ou pas, RGO ou pas, malade ou pas, etc.). Et même si ça joue énormément, je pense quand même que l’effet « jumeau » a quelque chose de plus difficile encore, notamment sur le long terme.
Ceci dit, j’ai eu la chance d’avoir 2 bébés beaucoup plus faciles que mes 2 aînés. Je n’ose même pas imaginer si on avait eu 2 Crapouillou en même temps !!
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C est sur qu avec des jumeaux, y a toujours le facteur double: il faut en laver 2, en nourrir 2, en habiller 2…
Ne penses tu pas que tes jumeaux sont plus « faciles » aussi parce que vous êtes une famille / des parents différents ? Les parents expérimentés ont souvent des enfants plus calmes car ils ne sentent pas le stress des parents, sont occupés par les aînés… et plus autonomes car ils sont entraînés par les plus grands?
(Bien sûr rien ne peut influer sur les maladies…)
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Je lis les différents commentaires, et je ne peux pas m’empêcher de réagir à celui-là par le biais de mon prisme personnel : notre troisième enfant a, de loin, était le plus difficile tout au long de ses deux premières années de vie, alors que nous étions des parents bien plus cools qu’à la naissance de ses grandes soeurs ! Donc encore une fois, difficile de faire des généralités !
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Coucou. C est un témoignage très touchant.
Mon assistante maternelle a eu exactement la même configuration que vous.: 2 aînés puis des jumeaux. C est d ailleurs pour cela qu elle est devenue nounou… (masochisme? 🤣). Ses enfants sont devenus de jeunes adultes supersympas. Donc espoir!!!!
Bref, je lui demandais son secret, car perso, je suis dépassée avec deux enfants, et elle m a dit: j ai amenagé ma maison pour qu elle soit babyproof: dans le salon, y a pas de chaises, on ne peut grimper sur rien, aucun bibelots, pas d armoire à vider. (Y a des canapés aux assises assez bases) Juste des livres pour enfants et des jouets dans des grosses caisses. Une barrière à l entrée .
Elle me disait que si je ne pouvais pas réaménager tout mon intérieur, qu il y a des parcs géants, qui servent en fait plutôt à délimiter une zone de jeu qu à entraver l enfant. Effectivement, si tu cherches « parc immense bébé » tu trouves des choses.
Perso, j ai pris un parc, qui me sers quand je dois sortir un truc de four, par exemple. Oui, elle hurle dedans, mais c est pour 3 min, et c est une super caisse à jouet.
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Je plussoie le parc. Au départ, je l’avais pris pour « protéger » mes animaux 😉 au final c’est devenu une cabane. Comme il était en bois, on avait même fini par faire une ouverture pour que ma fille entre et sorte toute seule. La règle dans le salon c’était : les jouets dans le parc 🙂 on lui avait même aménagé un petit coin lecture là-dedans.
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Ah ah elle doit vraiment aimer les enfants !
Mais c’est clair qu’avoir une maison babyproof (je ne connaissais pas cette expression !) doit grandement faciliter la tâche. Et c’est une chose qui ne nous avait pas vraiment paru nécessaire avec un singleton. Avec des jumeaux, ça aurait été très tranquillisant, c’est sûr ! Bon, on ne pouvait ni la rendre babyproof ni mettre de parc, tant pis !
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Je suis la folle qui a toujours voulu avoir des jumeaux ! Le raisonnement étant que je voulais deux enfants et que je savais que je n’allais pas apprécier la grossesse, donc le 2 en 1 me faisait rêver (enfin pour la première grossesse ! ). Je ne m’étais pas trompée sur une chose, j’ai détesté être enceinte et je considère que c’était toujours le plus difficile avec des enfants de 4 et 2 ans.
Mais je n’avais jamais considéré l’aspect bêtises coordonnés. Imaginer mon deuz an en double m’a vite fait passer mon deuil de jumeaux !
Merci pour le retour et bon courage ❤
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