Quand il est en déplacement

Quand il est en déplacement

Un « au revoir » de la main à Monsieur Fernand, au bout du couloir, devant l’ascenseur. La porte que je ferme, un gros soupir, et c’est reparti pour 4 jours à gérer seule notre Petit Panda, pour la deuxième fois en moins de deux semaines. Seule, pas complètement, car je peux compter sur sa nounou pour le garder en journée. Mais tout le reste, et surtout les réveils de nuit, dépendent de moi. Je veux t’en parler aujourd’hui, car je déteste – pire, je hais – ces moments.

Crédit photo : Counselling

Les bons côtés

Commençons tout de suite par évacuer ce que j’apprécie lorsque je me retrouve seul parent responsable dans notre foyer. La liste est brève, mais elle existe, alors penchons-nous un peu dessus.

  • Être tranquille une fois que Petit Panda dort
  • La fierté de s’en sortir seule

Voilà. On peut passer à la suite. Ah, tu aimerais que je développe ? Bon, d’accord, mais c’est bien parce que c’est toi.

Je suis quelqu’un de solitaire. Au bac d’anglais, lorsque l’examinateur me posait des questions à la fin de l’oral j’ai répondu que je pensais pouvoir passer 6 mois seule en forêt (avec du confort, hein, il n’était pas question de la jouer Robinson, juste de gérer la solitude). Il a paru très étonné, donc je me suis souvent posée la question depuis de savoir si c’était vraiment quelque chose à ma portée. J’en suis arrivée à la conclusion que oui, pas inoccupée mais 6 mois seule, ça ne me fait pas peur. Bon, c’est moins vrai depuis que je suis maman, mais c’est pour te donner l’idée générale de mon côté ours. Donc quand mon fils est endormi et que je me retrouve dans ma cuisine à réchauffer un plat (si tu dois gérer seule ton ou tes enfants pendant quelques jours, prévois des plats à l’avance : c’est ce que nous avons fait et ça m’a vraiment soulagée de ne pas devoir penser à ce que j’allais manger !), j’apprécie d’être au calme et en tête-à-tête avec moi-même (désolée si ça te met une chanson en tête).

Quand Petit Panda arrive chez sa nounou habillé comme il faut, avec tout ce dont il a besoin pour passer une bonne journée, je suis fière de moi, d’avoir réussi à gérer la matinée. Lorsqu’il glisse dans le sommeil, repu et propre, je me félicite pour la soirée qui vient de s’écouler. Cela me rassure et me réconforte de voir que j’arrive à m’occuper seule de mon enfant, même si je n’aime pas cette situation. De façon complètement exagérée et morbide, je me dis que si Monsieur Fernand venait à disparaître de nos vies (morbide, parce que dans ma tête, on ne se séparera jamais de notre plein gré… oui je suis aussi quelqu’un de très optimiste et gaie), je finirais par m’en sortir. Voilà, sur cette note déjà bien déprimante, passons aux mauvais côtés du déplacement.

Les mauvais côtés

Évidemment, devoir tout assumer seule, sans pouvoir passer le relais ne serait-ce qu’une minute, c’est un très mauvais côté. J’admire d’autant plus les parents célibataires de rester sur le pont H24 sans interruption (et Ysée était clairement mon héroïne de l’année). Impossible de souffler, à part quand Petit Panda s’occupe tranquillement seul. Et même là, la priorité reste liée aux actions qui le concernent : anticiper son repas, son coucher, son change… Et ensuite seulement, se détendre en lisant une page de Webtoon. Puis dormir, pour être sûre d’avoir assez de forces le jour suivant (ou la nuit…).

Pourtant, dans ces moments, ce que je déteste le plus, de façon irrationnelle et incontrôlable… c’est Monsieur Fernand en fait. Lorsque je me réveille la troisième nuit, déjà épuisée par deux nuits chaotiques, pour rendre sa sucette à Petit Panda et que je comprends qu’il est trop réveillé pour se rendormir tranquillement, et que j’en ai pour une heure au bas mot, avec change et éventuellement biberon pour réussir à le recoucher, il n’y a personne que je déteste plus au monde que mon mari adoré (alors que je le bénirais s’il était là, parce qu’il a tendance à y aller la nuit pendant que je n’arrive pas à sortir de sous la couette). C’est une réaction uniquement liée au stress et à l’épuisement, parce qu’elle ne dure jamais longtemps. Mais dans ces moments-là, je le maudis d’avoir accepté un poste avec des déplacements alors qu’on se rapprochait de plus en plus de l’envie de fonder une famille.

Le sentiment disparaît dès que mon mari repasse le seuil de la porte et que je lui raconte ce qui s’est bien ou mal passé. Mais lorsque j’y suis confrontée, il est lourd et brutal. Ne pas pouvoir consulter un deuxième avis, ressentir l’impression désagréable que tout repose sur mes épaules et que si je fais mal, tout ce qui en découlera sera entièrement de mon fait… je me noie dans un verre d’eau. Pourtant, des déplacements, j’en fais aussi. Beaucoup plus rarement (surtout depuis le Covid), et mes absences durent une nuit, éventuellement deux. Et je n’ai pas l’impression que Monsieur Fernand ressent ce genre de détresse quand je m’éclipse.

Heureusement, tout à une fin, et les déplacements aussi. Alors quand Monsieur Fernand rentre, j’en profite pour le laisser s’occuper de Petit Panda et pour prendre le temps d’ouvrir un livre. Pour l’observer jouer avec son fils et faire un peu de cuisine pour nous deux. Pour reposer mes bras en le laissant gérer le coucher et le biberon du soir. Et je croise fort les doigts pour qu’il n’y ait pas de déplacement imprévu bientôt.

Chez toi, ta moitié se déplace souvent pour son boulot ? Comment gères-tu cela ?

22 commentaires sur “Quand il est en déplacement

  1. Ah l’absence de la moitié ! Bon mis à part les nuits où tu es au bout de ta vie toute seule, de devoir gérer le quotidien toute seule et autres joyeusetés pratique du parent seul, ce qui me paralysait le plus était l’idée que ce petit être dépendait entièrement de moi. Du coup, quand mon mari rentrait j’avais comme un énorme poids en moins sur les épaules de pouvoir de nouveau partager cette responsabilité.

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    1. Ça me fait peur aussi, d’être seule à prendre les décisions (donner ou ne pas donner de Doliprane… that’s the question). La responsabilité de gérer seule son enfant n’est pas la même lorsqu’on partage cette charge avec une autre personne. Je n’aime pas ça non plus !

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  2. Avant le Covid, mon homme partait parfois plusieurs jours pour des conférences parfois très lointaines. Il lui est arrivé de partir, une fois, près de trois semaines. Une différence ? Aucune. Mon homme n’a jamais donné le biberon à ses enfants, ne s’est jamais levé la nuit, n’a jamais changé de couches. J’ai toujours géré le moment du coucher, j’ai toujours préparé les petits déjeuners et géré la préparation des enfants pour les emmener à l’école. Ah si ! une différence : pendant qu’il partait, j’avais la voiture. (J’apprécierais presque le Covid pour ça d’ailleurs, lol, pendant qu’il est en home office, j’ai la voiture à disposition h24). Du stress ? pas vraiment. Juste, assez paradoxalement, une certaine difficulté à m’endormir sans la présence de Zhom dans le lit à mes côtés. Lorsque quelques pensées morbides envahissent mon esprit, ce que je crains le plus, c’est qu’il m’arrive à moi quelque chose. Car, j’avoue que je ne suis pas sûre que lui, saurait gérer nos enfants.

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    1. Pareil chez moi où toute la gestion des 3 enfants repose sur moi donc j ai l habitude de gérer quand il est absent.
      L absence fait parfois un peu de bien et on est content de se retrouver

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      1. Olalah, je vous admire d’arriver à gérer vos enfants seules… Je sais que ce serait mission impossible pour moi. Evidemment, si je n’avais pas le choix, je le ferai, mais je refuse d’être un jour forcée de m’occuper seule de notre fils. J’espère que ce n’est pas votre cas et que c’est un choix !! 🙂 Je vous souhaite beaucoup de courage à toutes deux en tout cas !

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  3. Je viens de passer 2 mois toute seule avec ma fille d’un an et demi, mon mari était en tournée aux USA. J’ai passé tout le début d’année à angoisser de ces deux mois sans relais, à devoir tout gérer : mon boulot, ma fille, la maison… tout ça en étant seule puisque nous n’avons pas nos familles près de nous. Et finalement, j’ai réussi !!! J’ai pris le parti de vivre au jour le jour, et, comme toi, de me dire que si ma fille mangeait, était propre et dormait, c’était déjà une victoire. J’ai pu aussi compter sur des amis en or qui me soutenaient, par SMS ou en venant passer qq heures à la maison. Je vais revivre cette longue solitude dès septembre prochain et pour un mois (avant il part mais sur de courtes périodes, pas plus d’une semaine) mais maintenant je sais que je peux le faire !!

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    1. Bravo à toi !! Effectivement, avancer pas à pas dans ce genre de défi est souvent la clé de la réussite. Je suis sûre que tout se passera aussi bien en septembre !! 🙂

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  4. ici je n’ai jamais encore du vivre ça, mais la première chose qui me vient à l’esprit c’est qu’au vu de mes horaires de boulot et des horaires de crèche/écoles c’est impossible pour moi de les amener+travailler mes heures+les chercher – du coup il faurait que je prenne congé juste pour m’en sortir!..

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    1. Je pense qu’il est très appréciable dans ces cas-là de pouvoir faire du télétravail, et d’avoir une hiérarchie compréhensive. C’est mon cas, et c’est vrai que les jours d’absence de Monsieur Fernand, j’ai tendance à privilégier le télétravail à un déplacement au boulot… sinon, je perds du temps en transports, et franchement, ce n’est pas très intéressant ni pour eux, ni pour moi !

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  5. Mon Dieu! Quand je lis ce billet et les commentaires, je me dis vraiment que ça ne va pas à la maison (bien que j’essaye de me persuader du contraire). Pour moi l’absence du papa dans notre foyer, c’est clairement un allègement du quotidien. Comme Arteliseaz je fais tout, mais quand il n’est pas là, ben il y a moins de linge sale dans le panier, moins de courses à faire, moins de pression sur la cuisine etc. et plus de temps pour s’occuper de toutes les tâches du quotidien.

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    1. Que la présence de ton conjoint te donne plus de travail au niveau des tâches ménagères est une chose (certains arrivent à fonctionner comme ça), mais t’apporte t il autre chose ? Par exemple support moral, écoute, discussions intéressantes, bricolage ou réparations, activités particulières …
      Sinon le quotidien semblerait plus facile sans lui?

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    2. Je suis désolée de lire ça… Peut-être que cet article pourrait être un point de départ pour une discussion avec ton conjoint ? Chez nous, Monsieur Fernand est clairement membre à part entière du foyer (c’est-à-dire qu’il n’est pas là en « consommateur », il participe aux tâches autant qu’il en génère), et c’est pour ça que son absence me pèse beaucoup. Personne pour préparer le repas pendant que je donne à manger à Petit Panda, personne pour lancer une machine ou l’étendre pendant que je lui donne le biberon (ou inversement)… Du coup, ça fait beaucoup pour mes épaules et mon cerveau !

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  6. Je vis cela toutes les semaines car mon mari travaille à l’étranger… Et ça me convient pas trop mal. Ma fille de 6 ans et demi dort super bien et surtout est une vraie Compagnie jusqu’à l’heure de son coucher. On discute beaucoup toutes les deux. Et mon petit garçon de 21 mois dort super bien aussi.
    On verra dans un mois quand le petit troisième sera la.
    A vrai dire ce qui est le plus dur est de gérer mes horaires décalés (je donne cours certaines soirées et ai beaucoup de réunions en soirée) et la gestion des enfants. Cette logistique me pèse fort… Surtout enceinte de 8 mois (en Belgique nous travaillons toutes quasi jusqu’au terme).
    Autre chose qui me pèse : il faut tout anticiper : cartable prêt la veille, table du petit dej mise et déjà compléte, bib déjà prêt ou presque, habits préparés,… Finalement une fois la grande mise au lit et tout ça fait, il est bien souvent 21:00. Mais bon, on a tellement de plaisir à se retrouver une fois le weekend arrivé… 🙂
    Courage a toi!

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    1. Merci beaucoup !! Je souhaite que vous retrouviez vite votre rythme de croisière après l’arrivée du petit 3e tous les 5 !
      Je pense que je gèrerai mieux les déplacements de Monsieur Fernand quand Petit Panda sera plus grand. Pouvoir discuter avec lui seul à seul, transformer les absences en moments complices, c’est plus chouette que de se morfondre ! Mais pour l’instant, j’avoue que c’est principalement la gestion des nuits qui m’effraie pendant ces absences… Je croise les doigts pour que ce soit bientôt derrière nous !

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    1. Exactement ! Quand mon mari part longtemps en déplacement, il prépare plein de purées pour notre fille en amont qu’il congèle, il me fait un gros plein de courses… histoire de m’enlever qq tâches ménagères durant son absence.

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    2. Je suis tellement d’accord. Je me sens triste pour toutes ces mamans solos qui sont pourtant en couple et tous ces enfants qui grandissent sans un papa présent et attentionné ! (Et qu’en retiendront-ils pour après ?)

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      1. oui exactement, ce n’est pas qu’un probleme de « gestion » au sein du couple, c’est déprimant comme exemple pour les générations futur. Mais c’est surement facile pour moi de le voir ainsi car j’ai été élevé comme cela et mon mari aussi. Nos grands parents et nos parents avaient le meme investissement physique, moral dans le foyer, nous reproduisons ce schéma. Mais je pense que ce n’est pas qu’une question d’éducation, c’est aussi et surtout de l’amour. Quand on aime l’autre, on en prend soin et on fait le maximum pour que l’autre se sente bien, soit épanoui, heureux, le moins fatigué possible. Il faut donc que l’amour soit réciproque…

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        1. Je partage votre avis sur la place que doit occuper le conjoint dans son foyer. Il y a beaucoup de paramètres qui peuvent expliquer les situations décrites plus haut, qui me font un peu mal au cœur aussi.
          Dans notre cas, quand Monsieur Fernand en a eu la possibilité, il a essayé d’anticiper son déplacement comme Inès le décrit : préparation de repas en amont ensemble, courses et ménage faits en avance aussi. Pour moi, c’est ainsi que mon couple doit fonctionner, sinon je finirais par exploser de gérer tout toute seule. Pourtant, c’est comme ça que ça marchait chez moi (bien que ma mère se revendique féministe et qu’elle râlait régulièrement contre mon père pour son absence d’implication dans les tâches ménagères) : ça ne m’a tellement pas fait rêver que je m’étais jurée que ça ne se passerait pas comme ça avec mon amoureux ! J’ai eu de la chance, Monsieur Fernand était vraiment fait pour moi sur tous les points 😀

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  7. Ici, nous n’avons pas rencontré pour l’instant ce cas de figure. Les déplacements que l’ont peu avoir sont seulement à la journée. Une fois, mon mari a dû se déplacer un week-end pour le travail, mais je l’ai accompagné sur place même si on se retrouvait que le soir. Sa présence me rassure, m’apaise. On est très fusionnel, je me sens assez anxieuse lorsqu’il s’absente, ma plus grande peur est qu’un enfant se blesse. Pourtant, je gère beaucoup de choses : les repas, les devoirs, la préparation des vêtements, le linge, le coucher, le bain, l’endormissement et les réveils la nuit. Mon conjoint prépare le plus souvent le petit déjeuner, pendant que j’habille les petits et c’est lui qui récupère les enfants à l’école et à la crèche. Il s’occupe aussi souvent des courses. Je sais aussi qu’il sait très bien gérer lorsque je suis absente. Je me sens en sécurité lorsqu’il est là, j’admire vraiment les mamans solos ou seule la semaine ou pendant des déplacements.

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    1. C’est probablement le bon mot « sécurité » pour moi aussi ! Je suis rassurée quand nous sommes deux à gérer à la maison. Quand je suis seule, tout me paraît une montagne. Et c’est souvent dans ces moments-là qu’il arrive un incident dont il faut s’occuper, ce qui est vraiment plus pénible seule qu’en couple… J’ai vraiment eu de mauvaises expériences lors des absences de Monsieur Fernand, alors peut-être que ça ne m’aide pas à me sentir sereine lorsqu’il part !

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