Préparer notre voyage – 2

Préparer notre voyage – 2

La dernière fois, je t’ai dit ce que nous avions anticipé pour le départ. Arrivés au bout de ce que nous pouvions faire (enfin, c’est ce qu’on pensait naïvement à ce moment-là), il ne nous restait plus qu’à attendre de plus en plus impatiemment que le Covid nous laisse assez de répit pour partir à la rencontre de notre enfant.

On a senti qu’un frémissement se produisait en tout début d’année. J’ai appelé notre organisme pour savoir ce qu’il en était de la situation. Les personnes sont rassurantes : on sera sans doute, éventuellement, certainement partis d’ici 6 mois. Bon, alors on attend patiemment. Ou pas, je dois t’avouer que cette période a été extrêmement compliquée à gérer pour moi. J’avais le sentiment que nous n’allions jamais y arriver et une énorme déprime m’a prise.

Plusieurs longues semaines après cet appel, nous avons reçu un mail : les choses bougeaient enfin et les parents adoptifs allaient pouvoir bientôt partir. J’étais aux anges, M. Chéridamour de son côté était beaucoup plus prudent car il avait peur qu’on soit de nouveau déçus dans notre attente comme cela avait déjà été plusieurs fois le cas. Ni une ni deux, j’envoie un message en demandant si une date des premiers départs était connue et surtout si au vu de la situation sanitaire Schtroumpfette pourrait nous accompagner.

Trois jours après, je n’ai toujours aucune réponse. J’hésite à appeler, quitte à passer pour la relou de service. Mais alors que je tergiverse encore, j’ai un appel. Je décroche, heureuse d’avoir enfin les réponses à mes questions. Mais j’ai eu plus que ça.

Nous partons 15 jours plus tard chercher notre fils !

Après des mois à attendre et espérer ce moment, ma réaction a été le choc, un cri de joie et un espèce de râle en prenant la mesure de la nouvelle et de l’extrême rapidité du départ. Et j’ai aussitôt appelé M. Chéridamour qui a cru que je lui faisais une blague !

Dans la foulée, nous avons annoncé la nouvelle à Schtroumpfette (autorisée à nous accompagner). Puis à nos parents et au reste de la famille et des amis.

Nous avons également prévenu nos employeurs respectifs. Ils étaient préparés à notre départ, mais la soudaineté les a pris de court. Si M. Chéridamour a décidé de ne s’arrêter que 1 jour avant notre départ, j’ai eu la sagesse de prendre 1 semaine complète. Et je ne le regrette absolument pas car ma dernière semaine de travail a été très éprouvante. J’ai cependant réussi à boucler tout ce que je voulais dans les temps. J’ai ensuite pu avoir l’esprit libre pour finir de préparer notre voyage, et je t’assure que ce n’était pas de trop !

Une anticipation loin d’être optimale

Tu dois te dire qu’avec tout ce que nous avions déjà préparé, il ne nous restait pas grand chose à faire. Que nenni, j’étais frustrée d’avoir oublié autant de choses. Nous avons multiplié les achats de dernière minute :

• un coussin de voyage (c’est un accessoire qui m’avait manqué lors d’un précédent vol long courrier) ;
• un masque de nuit car nous avons appris que la lumière était très présente dans notre hébergement même la nuit et je suis incapable de bien dormir avec trop de lumière ;
• nous avons acheté des nouveaux jeux, coloriages et livres d’activités pour Pirlouit car j’ai eu peur de ne pas avoir prévu assez ;
• ce n’est qu’une semaine avant le départ que nous avons connu les cadeaux que nous aurions à offrir aux personnes sur place. M. Chéridamour et moi avons été un peu agacés de cela car nous avions demandé à plusieurs reprises les informations à ce sujet au cours des mois précédents, sans succès. Nous avons dû acheter au dernier moment parfums de marque et bouteilles de vin ainsi que des petites choses pour les enfants de l’orphelinat. Une dépense qui aurait très bien pu être faite très en amont ;
• nous avons également pris conscience à ce moment que la tenue que nous avions prévue pour la remise officielle de notre fils ne convenait pas. M. Chéridamour a acheté une chemise en lin en urgence et moi une robe longue (et pas en polyester, c’est fou ce que ma garde-robe n’était pas adaptée à notre voyage…).

Pour la plupart des achats, j’ai mis un peu mes principes de côté et eu un recours massif à Amazon. Mais pour les jeux par exemple, j’ai écumé Le Bon Coin et été récupérer le tout à droite et à gauche. De même, pour les achats de cadeaux, j’ai dû me déplacer dans toute la ville. Je me suis félicitée d’avoir pris ma semaine pour tout préparer !

Et les imprévus

Ce que je n’avais pas imaginé, c’est la masse de démarches administratives que nous allions avoir à faire. Et nous avons eu notre lot de moments stressants, de coups durs et de joies.

Le plus difficile a été un souci concernant Schtroumpfette. À une semaine du départ, un événement est survenu et nous avons été plusieurs jours dans le flou sur sa présence à nos côtés. Schtroumpfette était effondrée. Et c’était un crève-cœur pour M. Chéridamour (je ne l’ai jamais vu dans un tel état !) et pour moi car je me suis rendue compte que je comptais énormément sur sa présence pour nous épauler, pour faciliter notre lien avec Pirlouit, pour dynamiser un peu notre séjour. Je ne me voyais plus partir sans elle alors que j’avais imaginé tant de situations où nous serions enfin tous les 4, tant de joie partagée. Notre projet a toujours été un projet familial et nous ne l’avons jamais ressenti aussi fort qu’à ce moment là. Ce n’est que moins de 24h avant le départ que nous avons su que c’était bon pour qu’elle nous accompagne ! Ça a été un énorme soulagement et nous en avons pleuré de joie !

Côté imprévus, il y a également eu les dépenses. Certaines de notre fait, mais beaucoup car nous n’avions pas été suffisamment mis au courant par notre OAA. Les cadeaux dont j’ai parlé ci-dessus, mais aussi des dépenses pour les frais administratifs locaux. Et surtout une assurance non prévue et relativement onéreuse.

Au final, nous avons déboursé plus de 1 000 € non prévus en une semaine, heureusement que nous avions un peu d’argent de côté !

Mais ce que je retiens de ces journées bien remplies et stressantes, c’est surtout la joie du départ. Nous avons reçu énormément d’amour et de cadeaux de la part de tout le monde. Nos amis, notre famille mais aussi nos collègues, tous ont partagé notre bonheur. Nous avons été extrêmement touchés par leurs mots, leurs attentions. C’est bien simple, moi qui ne suis pas émotive j’ai eu l’impression d’avoir les larmes aux yeux durant toute cette période. Le matin de notre départ avant de monter dans l’avion, nous avons dû recevoir une trentaine de messages. Qu’ils soient courts ou très longs, tous nous ont énormément fait plaisir.

Et il y a eu la petite respiration bienvenue, ce message nous en apprenant plus sur notre fils : ses mensurations (il fait définitivement partie de la team crevette !), la routine de ses journées et surtout ses goûts. Ces dernières informations sont succinctes mais nous comblent de joie : il aime jouer en groupe, les peluches, les puzzles et… les Legos ! Ça ne peut définitivement qu’être notre fils !

Ça y est, nous sommes parés. Prêt à partir, à nous envoler vers lui.