Un p’tit dernier pour la route

Un p’tit dernier pour la route

Très rapidement dans notre couple, nous avons évoqué notre désir de fonder une famille et le nombre d’enfants que nous souhaiterions avoir, dans l’idéal. Tous les deux, nous espérions avoir quatre enfants. C’était il y a 10 ans. Entre temps, la vie nous a mis de belles embûches, en essayant pendant plus de 4 ans d’avoir ne serait-ce qu’un enfant. Alors quand la vie nous a souri à nouveau en nous offrant un deuxième enfant, nous avons continué à espérer pouvoir encore agrandir la famille. Mais cette fois-ci, nous étions également d’accord que ce troisième enfant serait le dernier. Ce choix n’est en rien influencé par nos premiers enfants ou la façon dont nous vivons notre parentalité. C’est surtout un choix de raison, un choix logistique. Mais je reviendrai là dessus dans un autre article qui sera consacré à cette décision.

troisième grossesse maman bulle
Credit photo (creative commons) : Istvan Pocsai de Pixabay

Trois enfants rapprochés, notre choix

Sur ce sujet, là aussi, nous avons toujours été d’accord : notre famille idéale était composée de 3 enfants d’âges (très) rapprochés. Pour nos aînés, ce désir avait fonctionné. Contre toute attente, si nous avions mis 4 ans, un parcours PMA avec IAC, FIV et fausses couches à la clé, ainsi qu’une procédure d’adoption aboutie jusqu’à l’obtention de l’agrément, je suis tombée enceinte de Numérobis deux cycles après avoir démarré les essais. Nous sommes d’ailleurs comblés et satisfaits de leur écart d’âge, à savoir 18 mois. Alors oui, on en a bavé, parfois beaucoup, que ce soit durant la grossesse ou une fois les deux enfants là, mais quel bonheur aussi de les voir grandir ensemble, si proches. Je n’ai pas eu le temps de m’habituer à retrouver un rythme moins soutenu avec un enfant plus grand, plus autonome. On a enchaîné. Quand Numérobis est né, on était toujours dans les couches, on ramassait toujours plein de nourriture par terre, on portait encore beaucoup le grand frère et on ne dormait toujours pas. Alors finalement, peu de choses ont changé, si ce n’est que maintenant, il fallait apprendre à se partager. Quand la question du troisième – et dernier – enfant s’est donc (re)posée, nous étions toujours dans la même optique d’essayer d’avoir un écart d’âge peu élevé entre le deuxième et le troisième.

Et si Dame Nature refait des siennes ?

Seulement voilà, quand l’envie de bébé s’est à nouveau faite ressentir, je n’avais toujours pas eu mon retour de couche. Numérobis était sûrement plus assidu au sein que son grand frère, si bien que j’ai eu une contraception « naturelle » pendant plus longtemps que ce que j’avais imaginé. Cela a provoqué quelques angoisses chez moi, liées à notre passé de couple dit infertile, et même s’il nous restait un embryon congelé issu de notre dernière FIV, je n’avais pas envie de devoir revivre un tel parcours du combattant. Les semaines et mois ont passé, l’âge de mon deuxième qui correspondait à l’âge de son grand frère quand j’étais tombée enceinte de lui est arrivé, et il n’y avait toujours rien. J’essayais de relativiser malgré tout, en me disant que même si je tombais enceinte pour les 1 an de Numérobis, cela restait un écart d’âge plutôt court. Mais Numérobis a soufflé sa première bougie, et mon retour de couche était toujours aux abonnés absents. J’étais prise dans des sentiments ambivalents : comblée d’être la maman de deux supers petits garçons que j’avais tant attendu et à la fois désespérée de ne pas être déjà à la tête de ma famille « nombreuse ». J’étais reconnaissante envers mon corps d’avoir finalement réussi, à deux reprises, de donner la vie de façon naturelle, et en même temps, je lui en voulais à mort, persuadée que si mon retour de couche tardait, c’était parce que mes soucis d’infertilité repartaient de plus belle. Et histoire de mettre la petite cerise sur le gâteau, je culpabilisais de ressentir tout cela, car j’avais malgré tout, tout pour être heureuse et je pensais à tous ces couples qui attendaient de devenir parents, comme nous quelques années auparavant.

Prendre du recul

Ma reprise du travail, mais surtout ma rencontre avec une nouvelle collègue, qui avait perdu sa fille à 7 mois de grossesse, m’ont permis de prendre du recul. Je me suis beaucoup attachée à cette collègue, à cette mamange battante qui entamait désormais un parcours de PMA, que mon obsession du p’tit troisième s’est calmée. Je souhaitais même très sincèrement qu’elle tombe enceinte avant moi, et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé. Et puis, en parallèle, j’ai refait finalement ce que j’avais fait pour mes deux précédentes grossesses, en amont. Je suis allée voir mon ostéopathe, j’en ai d’ailleurs profité pour lui parler enfin des douleurs que j’avais gardé depuis la naissance de Numérobis, soit plus de 13 mois après… Ce rendez-vous m’a fait beaucoup de bien et remise d’aplomb. Et un ou deux jours plus tard, j’avais mon retour de couche. Si sur le coup, pour rigoler, j’ai dit que c’était le plus beau jour de ma vie, je l’ai vite regretté car il était vraiment bien corsé ! Mais ceci est une autre histoire. Dans la même période, j’avais donc également pris un RDV avec ma sage-femme, pour une consultation préconceptionnelle. Elle m’a prescrit des vitamines, des prises de sang, et m’a souhaité une belle nouvelle rapidement. Et contre toute attente, comme pour Numérobis, après 2 cycles, Bébé Panda Roux venait de se nicher.

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Credit photo (creative commons) : Canidia Jupiter de Pixabay

Un troisième, la routine

J’étais aux anges. Je l’avais pressenti notamment grâce à Numérobis, dont le comportement changeait, notamment lors des tétées. J’ai gardé ce secret quelques jours, le temps de faire mes deux prises de sang à 48 heures d’intervalles, et je l’ai annoncé à Papa-Refait. L’annonce était assez simple, je dirai même faite un peu à l’arrache, mais j’étais tellement pressée. J’avais donc collé une feuille sous le gilet de Numérobis, sur laquelle était écrit « Futur Grand Frère » et bien évidemment, j’ai demandé à mon mari de déshabiller Numérobis… Je l’ai filmé, histoire de garder en souvenir sa réaction. Ce fut un beau moment. Par contre, nous avons été obligé de constater qu’annoncer à nos proches, un troisième enfant en trois ans, devait avoir quelque chose de blasant et routinier, car les réactions furent loin de ressembler à celles pour l’Elu et Numérobis (on avait déjà ressenti l’essoufflement au deuxième). Je ne peux pas dire que cela ne m’a pas affecté, mais disons que j’ai essayé de le prendre avec plus de recul, pour ne pas trop en souffrir, et de me consacrer à mon propre bonheur : nous allions être à nouveau parents. Notre rêve allait devenir réalité.

Les grossesses se suivent et ne se ressemblent pas

Cette troisième grossesse ne ressemble en rien aux deux précédentes. Tout d’abord, je n’ai pas été malade une seule fois durant le premier trimestre. J’étais fatiguée, certes, mais qui ne le serait pas avec deux enfants de moins de 3 ans qui ne font pas leurs nuits, un job, une maison à gérer, une vie sociale plutôt bien remplie… A l’inverse de mes précédentes grossesses, je suis arrivée à l’échographie de datation, déjà en ayant eu l’impression d’avoir attendu juste 2 semaines entre mon test et l’écho, car le temps passe vraiment très vite quand il y en a déjà deux avant ; mais surtout avec une seule demande qui n’était même pas de savoir si la grossesse était bien évolutive, non je voulais juste m’assurer qu’il n’y avait bien qu’un seul embryon ! Tout comme pour Numerobis, nous avons du faire le DPNI (Dépistage Prénatal Non Invasif) suite à un mauvais résultat au dépistage de la T21. Je n’ai pas pleuré. Je n’ai même pas angoissé. Je savais que ça irait. Bien sûr, à la fin, je trépignais d’impatience d’avoir le résultat, car il y a eu beaucoup de retard et au lieu des 10/15 jours d’attente, nous avons eu plus de 3 semaines 1/2… Mais je suis restée zen. De plus, je venais de changer de poste (toujours le même employeur cependant), et mon rapport au travail était différent par rapport à mes autres grossesses. Je me sentais bien, en forme, investie dans mon travail et même prête à jouer les prolongations avant de partir en congé maternité. Bref, une grossesse bien différente de celles déjà vécues, qui passe à cent à l’heure, et me fait vivre des tas d’émotions très ambivalentes.

C’est bizarre et même difficile pour moi de me dire que cette grossesse sera – certainement – la dernière. J’essaye de ne pas trop y penser, de profiter mais c’est une notion qui me revient souvent en tête… La dernière écho, la dernière préparation à la naissance, etc. Il y a déjà beaucoup de nostalgie en moi.

5 commentaires sur “Un p’tit dernier pour la route

  1. Nous aussi nous voulions des enfants rapprochés… Et finalement ils ont un écart plutôt classique de deux ans et demi. Il faut dire que je n’ai pas eu mon retour de couches avant 17 mois… Et cette fois-ci, toujours rien à 22 mois bien tassés. Ça me préoccupe moins car nous allons sûrement nous en tenir là, mais comme toi je ressens quand même pas mal de nostalgie pour ce qui ne sera plus. Pas évident de tourner la page, même si beaucoup de bonheur reste à vivre !

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  2. J ai 3 enfants mais pas rapprochés. Entre le 1r et le 2nd, nous avons perdu un bébé et entre le 2eme et le 3eme mon mari ne Voulait plus et j ai patiemment attendu que la fatigue des 2 premiers s estompe pour remettre le sujet sur la table. Il y a alors 3 ans d écart puis 4 ans 1/2.
    Mais avec le recul j apprécie aussi que les 2 aînées soient autonomes et à l école car je profite beaucoup de leur petit frère.
    Bonne arrivée du petit dernier à vous

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  3. Moi aussi je voulais 3 enfants rapprochés….j’ai été comblée après 2 ans d’essai:les 2 premiers ont 1 minute d’écart, nous n’avons pas tenté le 3ème de peur que le 4ème arrive en même temps😅

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  4. Je suis tellement ravie de lire qu’on peut avoir une 3ème grossesse sans être malade.
    Ici la voix de la raison disait 2 et puis finalement…pourquoi pas 3 (rapprochés, tant qu’à faire 😅). Mais l’idée du tunnel malade des premiers mois me fait peur!

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