Laisse-moi rester femme
« Laisse-moi rester femme », c’est le titre d’une chanson d’Axelle Red que j’écoute depuis que je suis enfant. Bien évidemment, je n’en ai saisi tout le sens qu’en grandissant, en devenant femme justement. Et aujourd’hui, cette phrase résonne en moi et devient un peu mon objectif personnel : rester femme. Avoir assez de temps pour moi, en tant qu’individu ayant des envies, des besoins, des passions.

Les enfants ont-ils tout changé ?
Je me suis souvent demandé si c’était réellement l’arrivée de mes enfants qui m’avait fait clairement passer au second plan (pour ne pas dire au dernier plan), et à bien y réfléchir, je pense que le processus a démarré progressivement avec ma vie de couple. Forcément, passer d’une vie de jeune célibataire à celle d’un jeune – puis moins jeune – couple (nous avons fêté nos 10 ans cette année), impacte le quotidien et la vie personnelle. En effet, nous avons été un couple assez fusionnel et mon conjoint est très demandeur de passer la quasi totalité de son temps libre avec moi. Ou plutôt, devrais-je dire, de mon temps libre. Je me suis très vite calquée à son organisation et emploi du temps à lui, à savoir que le temps que j’avais pour moi réellement, je le prenais uniquement sur des temps où lui n’était pas disponible (entraînement de volley, astreintes, etc). Sauf que là aussi, je me suis aperçue rapidement que je profitais principalement de ce temps pour ranger et nettoyer la maison, faire de l’administratif… Bref, beaucoup de corvées et au final, peu de temps pour moi, malgré mes envies grandissantes de prendre 1 heure par semaine pour me faire couler un bain et m’octroyer des soins du visage, ou mon besoin de voir mes amies, ou encore de prendre du temps pour mes passions : scrapbooking, écriture, lecture…
Et les enfants ont débarqué
Et puis, il y a 3 ans, nous avons plongé dans la parentalité, après 4 ans d’attente. J’ai adoré ce rôle de maman, et je m’y retrouvais pleinement. A ce moment là de ma vie, pour la naissance de notre premier enfant, je n’éprouvais pas tellement le besoin de me retrouver seule avec moi même. L’équilibre que nous avions me plaisait et m’allait bien. Nous avions des moments en famille, des temps en couple et j’arrivais à m’octroyer le temps nécessaire dont j’avais besoin pour ne pas m’oublier totalement. L’arrivée de Numerobis a déséquilibré un peu notre organisation, imposant un autre rythme et réduisant à néant mes temps personnels. En effet, le peu de temps libre qu’il nous restait en tant qu’adultes, une partie était consacrée aux entraînements de volley de mon mari, et l’autre, à notre couple. Et quand j’avais du temps libre pour moi, je finissais toujours par faire les tâches ménagères, gérer l’administratif, ou filer sous ma couette dormir, car avec mes enfants petits dormeurs, j’avais du sommeil à récupérer.
Retrouver un équilibre
C’est un peu avant la première bougie de Numerobis que j’ai voulu agir et retrouver un équilibre où je ne passerai pas en dernier. Au lieu de ruminer dans mon coin et d’en vouloir à mon mari et à mes enfants, j’ai fini par aborder cela avec mon mari lors d’une discussion. S’il a bien compris mon besoin de récupérer du temps pour moi et uniquement pour moi, il a eu plus de mal à comprendre l’ambivalence qui m’habite mais surtout à reconnaître également le poids de la charge mentale que je porte et qui me pèse au quotidien. Ma priorité étant de retrouver des activités pour moi, je n’ai pas cherché à le convaincre pour la charge mentale, j’ai plutôt proposé une réorganisation. Nous nous sommes donc mis d’accord pour que tous les mardis, à partir de 19h30, ce soit ma soirée. Une soirée où je ne suis sensée gérer ni les enfants, ni le ménage, ni rien d’autre que moi et mes envies. Cela a fonctionné quelques temps, au début, me permettant de profiter de notre piscine le soir après le repas, ou de scrapper une heure ou deux devant une série. Mais très vite, cette soirée rien qu’à moi est redevenue une soirée où je gère malgré tout beaucoup de choses, et notamment du fait de mon ambivalence maternelle. Il m’était trop difficile de ne pas aider mon mari à l’endormissement des enfants. A l’époque, Numerobis s’endormait encore au sein, mais les endormissements ont commencé à s’allonger… Ainsi, ma soirée ne démarrait qu’à 20h30, voire 21h00. Autant dire que je n’avais plus grande motivation. Et la routine d’avant a repris son cours. Je me suis à nouveau oubliée.

Un objectif irréaliste ?
Aujourd’hui, bientôt mère de 3 enfants de moins de 3,5 ans, je me demande si mon objectif est réalisable ou si je vais encore me résigner et mettre mes envies au second plan. Je me rends compte aussi que je n’arrive pas à concilier les 3 « moi » qui m’habitent à savoir la femme, la mère et l’épouse. Je veux tout. Je veux être tout à la fois, mais clairement, ce n’est pas possible actuellement pour moi. Il faudrait que j’arrive à redistribuer correctement les rôles de chacun de mes « moi » pour y arriver. En participant dernièrement à un café des parents où ce thème a été abordé, j’ai été soulagée de constater que beaucoup d’autres femmes/mères se retrouvaient dans mon cas. Ne pas me sentir seule m’a fait du bien mais m’a aussi aidé à prendre du recul pour espérer pouvoir faire changer les choses. Mais c’est surtout l’intervention de la sage-femme présente à ce temps d’échange, qui m’a confirmé ce que je ressens au plus profond de moi. Elle m’a dit « il ne te viendrait pas à l’idée de partir en voiture faire un Lille-Marseille sans faire une seule fois le plein de carburant. C’est pareil pour toi. Tu ne peux pas gérer tes enfants, ta maison, (ton mari), ton couple sans remplir ton propre réservoir ». Cet exemple me parle, et pour moi, elle a raison. J’espère que maintenant que le sommeil de mes enfants est un peu moins problématique, je vais réussir à m’accorder ce temps pour remplir mon réservoir. En tout cas, je suis désormais plus vigilante, et surtout, je communique encore plus avec mon mari concernant mes besoins, afin d’éviter les frustrations que j’ai pu vivre en mettant de côté mes propres désirs. Aujourd’hui, j’assume désormais de m’épanouir aussi au travail ou dans le bénévolat, et je culpabilise moins de laisser mari et enfants le temps d’un resto, un soir. La situation semble tendre vers une amélioration, vers plus d’équilibre dans notre couple, même si ce n’est pas toujours simple et que des tensions peuvent persister. J’espère juste que l’arrivée de notre troisième enfant ne viendra pas à nouveau tout foutre en l’air et me coller l’étiquette unique de « mère dévouée totalement à ses enfants, son mari et son logis ».
Et toi, tu arrives à te consacrer du temps rien que pour toi ? Comment as-tu réussi à mettre cela en place ?
Effectivement, parler des choses avant qu’elles ne nous frustrent trop c’est vraiment quelque chose qui facilite la vie (même si parfois on se rend compte trop tard qu’en fait ça ne nous convient pas) !
Ici ça commence aussi à aller mieux, nous c’était surtout le temps en couple qui avait pâti de la parentalité, mais maintenant qu’elle a bientôt 4 ans on recommence à passer plus de temps à deux et c’est maintenant que je me rends compte que ça m’avait manqué. En ce qui me concerne, c’est surtout l’allaitement qui m’a fait ressentir un étouffement dans mon rôle maternel, une fois que j’ai eu arrêté et que graduellement ma fille a commencé à ne plus systématiquement se tourner vers moi en cas de besoin, j’ai respiré aussi.
Cela dit, c’est clairement une des raisons pour lesquelles on a décidé de n’avoir qu’un seul enfant, donc tu as toute mon admiration de faire (et appliquer) ces réflexions en en ayant plus 🙂
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Je me reconnais dans ta phrase : c’est maintenant qu’on retrouve du temps en couple qu’on s’aperçoit que ça nous manquait. C’est tout à fait ça… On se laisse prendre par la spirale et on s’en contente finalement…
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Je me retrouve totalement dans ton article. Avec 3 enfants entre 5ans et demi et 16 mois, un travail à temps plein et un mari agriculteur, je traverse la même chose.
Pour nous c’est clairement l’arrivée des enfants qui a fait basculer la situation, avant ça les tâches à la maison étaient globalement partagées et on avait chacun nos activités sur notre temps libre.
Je me suis complètement asphyxié à l’arrivée de notre petit 3ème, pourtant super calme et cool .. et encore plus à la reprise du travail (pourtant il avait 8 mois) et au bout d’un moment j’ai complètement craqué de ne plus avoir de temps pour moi et d’être en apnée toute la semaine entre le boulot, les enfants et le quotidien de la maison. On a du coup convenu avec mon mari que je m’échappe un soir par semaine pour aller à la piscine avec une copine. C’est pas simple à respecter entre les réunions diverses, les semaines de boulot chargées, les imprévus sur la ferme de mon mari et aussi parfois la flemme de ma part de me dépêcher pour juste avoir du temps pour moi ensuite… mais bon, je garde ce créneau, c’est quand même un peu ma bouffée d’oxygène ! Mais le naturel revient vite au galop et ce n’est pas rare que je prenne 1/2 journée de rtt pour faire le ménage ou les courses
Je ne suis donc sûrement pas bien placée pour te donner des conseils, mais je pense que la voie de la communication avant d’exploser c’est déjà un bon morceau !
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Oui je pense aussi que la bonne communication reste un atout et la base pour l’équilibre du couple
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Maman de 3 enfants mais dont les 2 premiers sont « grands » (quasi 8 ans et 5 ans), je sais désormais que je retrouve ce temps quand ils grandissent. Ça m aide à « m oublier » pour le petit dernier.
Et j ai négocié une femme de ménage quelques heures par mois avec mon mari. Ce n est pas si cher que ça et ça allège beaucoup. Je le conseille ++
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Oui je vois aussi que déjà avec le grand de 3,5 ans qui gagne en autonomie, je retrouve une certaine liberté. Ce sont finalement des parenthèses dans nos vies. Et je valide l’aide ménagère, on va s’en occuper à la rentrée
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Je crois que le manque de temps pour soi est commun à beaucoup de mamans d’enfants en bas âge et que c’est pire si on travaille et qu’on vit loin de sa famille. Je cumule tous ces points et clairement j’ai très rarement du temps rien que pour moi. J’essaye quand même parfois de m’échapper le temps d’un apero entre copines après avoir laissé toute ma petite famille avec un bon repas etc
Je sais une chose: tout passe!
Ils vont grandir et on aura plus de temps pour nous.
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Tout passe, c’est une des phrases qui justement t me guide depuis que je suis mère !
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J’ai eu le même cas de figure quand ma première était petite, avec beaucoup de frustration car j’avais envie de faire plein de choses (apprendre à coudre, peindre, dessiner…) . Ce qui m’a aidée, c’est de choisir un seul domaine dans lequel je voulais progresser (là, je couds ma garde robe-quand j’aurais fini, je commencerai l’aquarelle) et surtout, de prendre des cours à l’extérieur de la maison : c’est ma soirée à moi, je ne suis pas là pour voir si ça se passe bien ou pas pour le repas ou le coucher. Mon mari gère ; et généralement ça file plus droit que quand je suis là.
La chose à avoir en tête aussi, c’est que quand les enfants grandissent, on récupère du temps pour soi. Ça m’aide à tenir pendant le terrible two de la deuxième.
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Je comprends très bien ta difficulté.. ici nous avons vraiment une charge mentale et des corvées réparties à 50-50 mais comme nous n’avons aucune aide de nos familles on a quand même zéro temps pour nous!.. la seule manière pour nous de prendre une soirée restau avec des amis, une soirée hobby ou une soirée sport, c’est donc de faire peser une soirée « parent solo » à notre conjoint, ce qui est très chaud aux âges difficiles de nos petits.. du coup on fait ça très rarement l’un comme l’autre.. mais clairement ce n’est pas évident de ne jamais pouvoir « recharger nos batteries », comme tu dis..
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(dsl il y a eu un bug c’était un commentaire général à l’article et pas une réponse à toi Claire)
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J’ai aussi tendance à tout vouloir faire, ou trop vouloir faire. Et en effet de se concentrer sur une seule chose ça aide aussi. Maintenant il faudrait vmt que j’arrive à trouver une activité qui me fasse sortir de la maison une fois par semaine, mais pour le moment, je sèche !
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Je me retrouve assez dans le fait que, si je veux un moment à moi, je ne dois pas être là. Sinon, je suis prise par les « maman, regarde » « chérie, tu peux m’aider » ou le tas de papiers qui me regarde d’un air accusateur, ou le linge qui s’empile, etc. Du coup, j’ai l’impression réellement de décrocher quand je vais à mon sport ou lors de mes déplacements pro, à l’hôtel, le soir je peux prendre une douche sans autre considération que ma douche et je peux lire sans être interrompue tout le temps.
Je prends souvent un exemple de situation qui m’est arrivée pour illustrer cette sollicitation constante : je passe chercher ma fille à la garderie le soir, elle commence à dessiner un truc, mon mari rentre du boulot. Je veux juste aller au toilette, 30s, on s’est retrouvé tous les 3 à la porte des toilettes, mon mari me suivant en continuant de me raconter sa journée, ma fille aussi en m’expliquant son dessin, et moi qui soutiens deux conversations et qui attends d’avoir 30 s d’intimité. Sérieux, j’ai d’un coup réalisé l’ubuesque de la situation et j’en ai eu un fou rire de dingue 😉 😉 😉
Chaque fois, ils me répondent « mais il n’y en a pas pour longtemps » sauf que, chaque fois, ils m’interrompent complètement dans mon activité en cours. Il m’arrive même de reprendre par exemple le pliage du linge l’après-midi parce que, le matin, à force d’avoir été sollicitée je l’ai oublié…
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Oh comme je compatis. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’abandonne une tâche pour répondre à une énième sollicitation ! Et après mon mari s’étonne quand je lui dis que j’ai pas eu le temps finir tel ou tel truc !
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Il est sympa ton conjoint avec les entrainements de volley et les matchs qui vont avec j’imagine, mais du coup, non seulement il ne t’aide pas , mais tu as un 4è enfant à charge. Clairement, il faut que tu prennes du temps pour toit HORS DE LA MAISON. C’est du temps POUR TOI.
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Alors il a fini par arrêter le volley en milieu de saison pour justement être présent tous les soirs à la maison. On va voir là en septembre comment on va réussir à équilibrer tout ceci pour qu’il n’y ait pas de frustrations des deux côtés…
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C’est compliqué d’écrire un commentaire sans jugement. Si tu l’écris, c’est que tu as conscience que la situation n’est pas acceptable. Ta soirée à toi à partir de 19h30 ??? une fois que le tunnel du soir est géré ? après avoir géré les repas ?? pourquoi pas jusqu’à 19h40 pour que tu puisses aller aux toilettes…. Un conjoint est un partenaire !!! part-il à ses entrainements après avoir préparer les repas, lancer les lessives ect ?? il n’est pas question de se prendre du temps libre parce que lui en a mais parce que tu en as besoin . Un partage des taches ? pour moi, le vrai amour est quand les 2 en font le plus possible pour que l’autre en ait le moins possible, ce qui tend à un équilibre sain. De plus en plus de personnes dénoncent la charge mentale (et autre) des femmes. Donner l’exemple dans son propre foyer est un bon début.
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Alors pour la soirée à partir de 19h30, c’est justement car on avait fait comme lui… Quand il partait à ses entraînements, c’était 19h30, et donc avait également géré avec moi le repas, la mise en pyjama etc. Il restait par contre le plus dur à l’époque : endormir les enfants.
C’est un conjoint et papa qui fait énormément de choses aussi (mais qui par contre gère en effet très peu la charge mentale notamment les prises de rdv médicaux etc mais on y travaille)… Mais après on reste aussi sur des ressentis personnels et retrouver un équilibre à chaque nouvelle étape n’est pas tjs simple. Exemple type avec la naissance du deuxième où de fait, il a dû prendre en charge encore plus qu’avant le 1er (qd on en à qu’un, on peut se reposer quand l’autre s’occupe de l’enfant et inverser ensuite mais dès qu’on passe à deux enfants, y’a plus de pause possible et c’est ça qui peut être aussi difficile à gérer)
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Perso, je pense de plus en plus que pour arrêter de ruminer, il faut plutôt accepter de faire une croix sur le temps libre pour quelques années. Je me suis débattue pour essayer d en trouver, du temps libre, mais finalement je trouvais même ça décevant, parce qu en rentrant, bah, il y avait encore plus de choses à faire (et mon mari fait beaucoup de choses)
Donc j essaie plus actuellement de transformer des temps que je trouvais gonflant en temps de qualité : genre ma fille de 18 mois se réveille tous les matins à 5h30, et je passe 2 heures en tête à tête avec elle, et avant je subissait, maintenant j essaie de profiter un max du fait d etre seule avec elle, ce qui n arrive jamais le reste du temps.
Le temps libre va revenir, je le vois bien avec mon grand (4 ans)qui demande bcp moins de temps et de surveillance.
Bon, après, je bosse 50 heures semaine en étant à 80%. Donc le boulot absorbe aussi une bonne part ie de mon temps…
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En effet, je me rappelle avoir lâché prise à une période où je me sentais couler, et j’avais décidé de toute façon de voir les choses positivement et donc de profiter de mon fils en me disant que le reste attendra et se vivra plus tard… Et du coup, cela s’est même répercuté positivement sur mon fils ! Et comme tu dis, plus ils grandissent, plus on retrouve nous, un peu de notre indépendance !
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