Job honeymoon

Job honeymoon

Je ne sais pas si tu connais le principe de la lune de miel au travail, cet instant béni ou tu n’es que découverte, ou tu ne connais pas encore l’ennui et tu n’en as pas marre des photos du chat de ton collègue (qui si, quand même, il en montre énormément quoi, c’est lassant).

Cette période bénie a habituellement une durée d’environ six mois avant que l’on recommence à avoir du mal à se lever, a râler des inconvénients rencontrés, réaliser que notre supérieur est un con et j’en passe.

Alors ça c’est dans la littérature. Je dois dire que pour le coup, jusqu’à il y a peu, cette vision d’un nouveau poste me paraissait plutôt réaliste. Au début tout est nouveau et excitant et puis au fur et et mesure on remarque de plus en plus les défauts (comme avec tout je pourrais dire).

Mais je dois dire que récemment j’ai aussi appris que cette période pouvait être beaucoup plus courte, voir inexistante. Monsieur Génial a changé de poste au début de l’année, le nouveau le comble et la lune de miel est vraiment présente (et continue) mais en revanche sur son précédent poste il n’y en a pas eu. Du tout. Au bout de deux jours il est rentré en me disant que ça n’allait pas être possible et qu’il fallait qu’il trouve un autre travail.

Deux jours. Il n’en a pas fallu beaucoup plus à ma sœur dans son dernier poste pour réaliser qu’elle ne tiendrait pas longtemps et qu’il fallait qu’elle se sorte de là. Pourtant elle est pro-active et optimiste, au début elle s’est dit que ça allait pouvoir évoluer positivement. Mais rapidement elle a réalisé que ça avait un énorme impact sur tout (on passe tellement de temps au travail que c’est délicat de réussir à l’exclure complètement de notre vie personnelle) et qu’elle n’allait pas tenir, que ça la rendait malheureuse et qu’elle ne voyait pas d’évolution positive à court terme.

J’ai changé de travail il y a maintenant un peu plus d’un an. Après presque dix ans dans le monde du travail j’ai expérimenté des licenciements illégaux, le harcèlement, la pression intense, le manque de reconnaissance, la misogynie, les coups bas, les préjugés… en bref je n’ai plus vraiment d’illusion sur le monde du travail. Il faut dire que mon parcours a été bien plus chaotique que la moyenne quand j’en discute avec des collègues. Alors il y a plusieurs raisons à cela, bien évidemment, dans un premier temps il y a eu la conjecture économique mais il y a aussi qui je suis et ces cases où j’ai refusé qu’on me mette.

Tu imagines bien qu’avec mon passif je n’ai plus les mêmes illusions sur les prises de poste. Et heureusement parce que celle là a été catastrophique. D’un point de vue personnel et professionnel. Au bout de deux mois j’ai provoqué un point avec ma cheffe et je lui ai tout déballé en lui disant que j’avais sérieusement réfléchi à utiliser la possibilité que j’avais de retourner dans mon ancien poste. Oui, oui, ce poste qui n’était pas du tout parfait mais où la balance bénéfices/emmerdes me semblait plus acceptable il y a un an de ça.

Du coup pas de job honeymoon pour moi?

Crédits Photo : RAEng_Publications (CreativeCommons)

Tu penses vraiment que je t’écris un article sur ce sujet pour te dire que je n’en ai pas vécu? Ça serait un peu trop facile. En revanche la littérature a tort. Laisse moi te parler de l’année qui vient de s’écouler.

Passons sur les deux premiers mois, ils sont toujours traumatiques pour moi parce qu’ils marquent la perte d’un de mes repères et je travaille actuellement là-dessus (je viendrais peut être t’en parler en fonction du résultat). Et revenons à ce fameux point avec ma cheffe. Je ne vais pas te cacher qu’en le faisant je pensais me retrouver encore une fois dans une situation délicate mais c’était déjà la merde alors un peu plus un peu moins…

Et en fait ce qui en est ressorti me laisse encore bouche bée, pour une fois on ne m’a pas dit que c’était moi le problème mais bien que j’avais effectivement identifié les soucis déjà en place et qui n’étaient pas de ma responsabilité. J’ai eu des excuses sur les choix qui avaient été pris vis-à-vis de mon arrivée et des encouragements face à mes propositions d’améliorations.

Un mois après, suite à une réorganisation interne, on m’a demandé de choisir entre deux postes et j’ai choisi de garder celui que j’avais depuis trois mois. La situation s’était bousculée en un mois seulement et je voulais vraiment prendre le temps d’aller au bout de ce poste maintenant que j’en devinais les avantages. Et oui j’ai eu une lune de miel à retardement, et non pour les six premiers mois de ce poste.

Malheureusement, cette réorganisation a rimé avec nouveau chef et j’ai regardé l’ancien partir avec un pincement au cœur. On sait ce qu’on perd, pas ce qu’on retrouve. Celui qui prendrait la place accepterait-il de la même façon ma franchise et les actions que j’avais lancées ?

Et alors coup de cœur, ma nouvelle cheffe est tout ce que je souhaite être. Franche, motivée, impliquée, dynamique. Elle pousse aux initiatives, elle te pousse vers le haut. C’est bien simple, je lui ai dit que quand je serais plus grande je voulais être elle 😉 .

Et j’ai vécu un début d’année au-delà de toutes mes espérances. Je passe de très bons moments avec mes collègues, sur mon projet principal (j’ai un poste multi projets), j’ai une toute petite équipe mais où on est très soudé et le chef de projet est dithyrambique à mon sujet devant notre management. Il me pousse à prendre des responsabilités, il me fait participer à des réunions complexes, il me fait confiance, c’est un vrai plaisir de travailler avec lui.

Après avoir eu une note de 100% pour mes objectifs, j’ai eu une augmentation malgré mon année incomplète, et une deuxième deux mois après. Puis la cerise sur le gâteau un mois après : un plan d’incitation. Un plan d’incitation c’est quand ton entreprise explique qu’elle voit du potentiel en toi et te demande de rester sous une certaine durée en échange d’une prime ou d’actions offertes.

Donc au bout d’un an, j’avais un papier de mon entreprise disant noir sur blanc qu’elle reconnaissait mon potentiel et ne voulait pas me voir partir. Je ne vais pas te mentir j’étais … extatique. Après tout ce que j’avais vécu, je n’attendais plus grand chose de la part de mon management. Je répondais même que la seule chose que je cherchais c’était un poste où on me respecte. Alors un poste où on m’encourage et avoir une forte reconnaissance, je ne m’y attendais pas à part en rêve.

Soyons clairs, mon poste n’est pas parfait loin de là. Il y a plein de problèmes, je peste régulièrement, j’ai l’impression de devoir parfois attaquer des murs à la pioche pour réussir à débloquer des situations mais je m’éclate. Je me sens soutenue et motivée, j’ai pu affiner ce que je voulais faire de ma carrière, ce qui me motivait et l’exprimer clairement face à quelqu’un qui ne trouve pas que c’est un affront de vouloir sortir de ma case prédéfinie. Je ne sais pas si je dois m’inquiéter que ma job honeymoon dure plus de six mois mais pour le moment je suis contente de ne pas avoir envie de m’enfuir au bout de 8 mois comme dans mes précédents postes. Enfin, après une dizaine d’années à encaisser, j’ai l’impression d’avoir enfin de la chance et ça fait du bien.

Nous sommes aujourd’hui à 13 mois de ma prise de poste. Et je vais au travail en chantant.

12 commentaires sur “Job honeymoon

    1. Je ne sais pas si j’ai un beau plan de carrière qui s’annonce mais ça fait du bien d’avoir un management qui me correspond (oui parce que je sais que ce qui me convient n’est pas forcément ce qui convient à d’autres) et je compte en profiter le plus possible parce que je ne sais que trop bien que ça peut évoluer très vite XD

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  1. Quand j’ai commencé à lire l’article je me suis dit « zut, je pensais que Maé s’éclatait dans son nouveau job », tu m’auras bien tenue en haleine 🙂
    En tout cas, c’est super de voir que tout se passe bien, et même au delà de tes espérances. Je trouve qu’en France on a tendance à souvent critiquer tout ce que les entreprises font mal, mais pour ma part (et mon cas ne fait pas une généralité) j’ai eu de belles honymoon dans les 2 boites ou j’ai travaillé, et qui ont durée bien plus que 6 mois. Donc je reste optimiste sur le fait qu’il y a quand même des entreprises agréables et épanouissantes, il faut juste réussir à les trouver.

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    1. Tu as vu ce petit suspens que j’essaie de mettre dans mes articles XD.
      Pour rejoindre ton propos ma philosophie actuelle est qu’il n’existe aucune entreprise et aucun poste idéal et parfait. En revanche il est possible de trouver l’entreprise (ou le poste) ou les inconvénients seront ceux qui nous sont le plus acceptables et nous gênent le moins. Sachant que les inconvénients que l’on trouve acceptable varient durant notre vie. J’ai actuellement des déplacements obligatoires, il y a quelques années c’était inenvisageable pour moi d’avoir un poste avec ce genre de contraintes, maintenant ce n’est vraiment pas ce que je préfère mais ça va avec le poste ou je me sens bien donc je fais avec.

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  2. C’est fou quand même l’importance que peut avoir un.e chef.fe dans la qualité et l’épanouissement qu’on peut avoir au bureau! mon chef vient de partir, je suis dans l’expectactive.. Sinon moi j’ai rarement eu de honeymoon au tout début (le stress de ne pas savoir comment « faire les choses » et le fait de ne pas savoir si ce que je fais correspond bien aux attentes), elle commence chez moi plutot vers 9mois-1ans et peut durer de nombreuses années! Dans mes anciens boulot elles ont été cassées par des réorganisations internes et/ou des nouveaux chefs..

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    1. Je prendrais ta phrase a l’inverse : c’est fou comme une personne peut être toxique de façon aussi diffuse. Parce qu’au final le management a des défauts mais la plupart du temps j’ai croisé des gens qui essayaient plus ou moins de bien faire et juste un ou deux éléments qui rendaient le tout invivable. Ma cheffe est top, mais si mon n+2 était toxique (Dieu merci ça n’est pas le cas) ça serait compliqué malgré ses qualités à elle.

      Jusqu’à présent moi j’avais vraiment connu la honeymoon des le tout début mais parce que je partais dans des très mauvaises conditions des travail précédents. La je suis partie dans des conditions très agréables entourée de collègues bienveillants sur un projet que je maitrisais avec un client adorable. Donc forcément j’étais plus critique en arrivant ici parce que j’avais vraiment des choses à perdre comparé à mes précédents changements de poste. Mais au final je suis heureuse d’avoir fait ce choix et pris le risque!

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  3. C’est vraiment super, félicitations et bon amusement 🙂
    Tout ça en un an ! ça doit en boucher un coin à tes anciens managers !
    Les débuts dans mon nouveau poste s’approchent plus de tes deux premiers mois… Ton récit me redonne un peu d’espoir, tout n’est pas perdu 🤞

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    1. Merci ❤

      Honnêtement les deux premiers mois ont été vraiment compliqué. Isolement, collègue qui devait gérer ma montée en compétences souhaitant me voir me planter parce qu'il voulait mon poste et n'ayant aucune compétence d'intégration et de formation, projet laissé dans un état horrible… Tu saupoudres un deuil et bonjour le cataclysme. Commencer un nouveau travail quand tout le monde est en congés c'est pas une bonne idée je m'arrangerais pour ne plus le faire à l'avenir 😉

      Ce que j'en garde comme leçon c'est de ne pas attendre pour remonter les soucis rencontrés, ne pas attendre que "ça s'arrange tout seul". Je ne sais pas vraiment comment dire ça mais en gros toute relation de travail me semble devoir être du win/win. Si ça ne va pas pour moi mon travail s'en ressentira et ça n'ira pas pour l'entreprise et au final tout le monde est perdant. Un recrutement ça coute cher. Et pas que financièrement. Niveau temps, implication… Une entreprise n'aime pas te voir partir vite donc exprimer ce qui te donne envie de fuir, dans une entreprise intelligente, permet de faire émerger des solutions.

      Je te souhaite un joli retournement de situation comme le miens en tout cas ❤

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  4. Comme Raphaëlle, l’honeymoon ne commence jamais de suite mais plutôt après 2 à 9 mois en poste. Cette période disparaît ensuite puis revient au gré de mes chefs, collègues ou projets.
    Après, je n’ai jamais voulu vivre pour mon job. Ce n’est pas ma priorité. Donc ma motivation peut venir de l’intérêt du projet comme des collègues avec qui je travaille.
    Mais j’essaye de ne pas rester dans un poste ou je ne trouve aucun intérêt/aucune motivation.

    Je suis contente que tu te plaise et j’espère que ca continuera encore longtemps !
    Je trouve qu’à chaque changement de poste il est utile de faire des points régulier avec son nouveau chef e avec les RH pour voir comment ca se passe.

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    1. Je ne vis pas du tout pour mon travail moi non plus. Je cherche a m’y sentir bien mais il n’est pas le centre de ma vie et d’ailleurs une fois dans ma voiture sur le parking je déconnecte hyper bien des soucis ou autres XD.
      Mon caractère fait que moi j’aimais beaucoup les premiers mois ou justement je me trouvais face à des difficultés et des apprentissages à gogo mais je peux comprendre que cette période puisse aussi être anxiogène pour d’autres.

      J’ai sourie sur ton point avec les RH. Je n’ai pas vu la mienne depuis mon premier jour. J’ai croisé ma RH formation par hasard lors d’une formation mais c’est tout. Et je m’en porte très bien XD

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  5. Je ne connaissais pas du tout ce concept pour les jobs, et je dois dire que je n’ai pas ressenti ça pour mon poste actuel ni le précédent : l’ancien n’était pas top dès le début et est resté égal à lui-même, et j’adore l’actuel depuis 8 ans sans avoir changé d’avis ! Après en écrivant ça je me rends compte que c’est pareil pour mes relations amoureuses, j’ai jamais vu de différence entre une phase de lune de miel et la suite donc je suis peut-être juste pas sensible à ça x)

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    1. Comme tout principe de sociologie il y a des exceptions! Je pense qu’effectivement si tu n’y es sensible pour rien pas de raison que tu ressentes ça pour un travail. Mais encore je n’ai jamais vécu ça dans une relation amoureuse encore pour le travail ou un nouvel appartement ou autre j’ai souvent eu ces quelques temps idyllique avant de commencer à voir de plus en plus de soucis.

      Heureuse de lire que tu adores ton poste depuis 8 ans!! Ça doit faire des envieux!

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