La vie d’après

La vie d’après

Je reviens de loin. J’ai vécu une illusion de bonheur, puis l’enfer. J’ai juré qu’on ne m’y reprendrait plus. Que je resterai seule. Je me disais que c’était le seul moyen d’être tranquille et sereine.

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Crédit photo (creative commons) : Kanenori

Même chez moi, dans ce qui aurait dû être mon cocon, je n’étais pas bien. Sans cesse épiée, surveillée, avec la boule au ventre à chaque fois que je devais sortir ou partir faire des courses. Je ne compte pas le nombre de fois où je n’ai pas eu le courage de sortir faire une balade, ni combien de fois j’ai cru le voir à chaque coin de rue, ni combien de fois j’ai tremblé à chaque nouvelle notification sur mon téléphone. Même s’il n’était pas là, il l’était toujours.

J’ai cru que tout ça n’allait jamais s’arrêter. Que je n’arriverai plus jamais à ne pas y penser, à ne pas avoir peur, à être insouciante. J’ai eu peur de ce qui pouvait m’arriver. De ce qu’il pouvait me faire physiquement. J’ai eu le sentiment de ne pas être écoutée et comprise par les forces de l’ordre parce que justement, il ne m’avait rien fait physiquement.

J’ai cru que je n’arriverai jamais à refaire confiance à quelqu’un, quelle que soit le type de relation. C’était trop dur d’imaginer rencontrer des nouvelles personnes, même amicalement. Je doutais de tout, de tout le monde, et surtout de moi.

J’ai cru que je n’allais pas me relever.

Et pourtant…

J’ai eu tellement de monde autour de moi. Des amis, des copains qui sont devenus des amis, des inconnus, des femmes qui ont vécu des histoires similaires… J’ai reçu un soutien précieux qui m’a montré que dans le pire, il y a du beau. J’ai rencontré de nouvelles personnes, consolidé les relations que j’avais déjà nouées et j’ai pu faire le constat qu’il y a beaucoup plus de belles personnes que de mauvaises dans mon entourage. Je n’ai pas entièrement confiance dans certaines personnes, mais je ne sais pas si c’est parce que je surréagis suite au traumatisme ou parce que je comprends mieux les comportements humains désormais. Sans doute un peu des deux… Mais j’ai réussi à nouer des liens. A faire confiance. A entrer dans une relation sans me poser de questions.

Petit à petit, j’ai repris pied. J’ai choisi de reprendre ma vie, et ressortir, plutôt que de subir. Ça n’a pas été sans mal, tant la peur est un sentiment difficile à contrôler. Mais la boule au ventre s’est estompée, jusqu’à complètement disparaître parfois. J’ai appris à faire avec sa présence en toile de fond. Chaque sortie, chaque rencontre, chaque moment sans penser à lui a été une victoire. Que la police et la justice réagissent enfin a été une victoire, même si elle a été très éprouvante. Il a fallu le revoir et l’affronter. Mais je n’étais pas seule. Il a fallu cela pour que ça s’arrête vraiment. Pour que je sois enfin libre tandis que lui ne l’était plus.

J’ai dû comprendre que je n’étais pas responsable du fait qu’il m’ait menti, trompée et trahie. Que même si j’avais été plus ceci ou moins cela, ça n’aurait rien changé car c’est lui qui avait un problème et pas moi. Il l’avait déjà fait. Le seul tort que j’ai eu, c’est ce besoin incommensurable que j’avais d’aimer et d’être aimée. Ce que je veux retenir de cela, c’est que le mensonge, la trahison, la folie, c’est ce qui le définit lui, alors que les sentiments que j’ai eus étaient eux bien réels et c’est la seule chose qui me définit moi dans cette histoire.

Je sais aujourd’hui qu’il y aura un avant et un après dans ma vie. Je ne suis plus la même. A la fois, abîmée et plus jamais complètement sereine. Et à la fois, émerveillée devant le moindre petit bonheur parce que je sais maintenant ce qu’il vaut. Cette partie de ma vie m’a appris à relativiser les petites (et grandes) angoisses, et même si je n’ai pas changé complètement je ne vivrai plus pareille.

Il faut désormais que j’apprenne à vivre seule, complète, à connaître mes propres besoins et limites pour que plus jamais je n’ai à vivre cette situation.

Aujourd’hui, je peux le dire pour la première fois depuis longtemps, je suis heureuse et j’ai confiance dans l’avenir. Que je sois seule ou accompagnée. Que j’ai un jour un enfant ou pas. Je sais que tout ira bien.

4 commentaires sur “La vie d’après

  1. Bonjour, Coralie. Cela fait plaisir d’avoir de tes nouvelles (je me rappelle de tes premiers articles ici). Je suis désolée de tout ce que tu as enduré et te souhaite le meilleur pour l’avenir. Je me disais juste en te lisant que c’est important de savoir être heureux par soi-même… mais qu’on n’est pas pour autant obligé de vivre seul. J’ai vécu en colocation jusqu’à mes 30 passés et j’ai beaucoup d’amis dans la trentaine et même la quarantaine qui sont en colocation de « jeunes travailleurs ». Plein de bonheurs pour toi 🙂

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