Bribes d’accueil

Bribes d’accueil

Si nous avons attendu longtemps pour aller chercher Pirlouit, nos familles et nos amis étaient tout aussi impatients que nous de le rencontrer !

Expliquer l’attachement

Nous avions bien briefé tout le monde sur la manière dont nous allions procéder, ce que nous acceptions et ce que nous refusions. Nous avons systématiquement expliqué nos choix afin que les gens comprennent pourquoi c’était important. Et cela a été très bien compris, si bien que nous n’avons eu aucun problème par la suite.

Nous avions fait comprendre à tous que le plus important pour nous était de créer un petit cocon. Il était exclu qu’on fasse la tournée des grands ducs à notre arrivée : nous présenterions Pirlouit au fur et à mesure, quand nous le sentirions prêt, avec de courts séjours voire juste des rencontres sur la journée. Et certainement pas le premier mois.

Nous avons également insisté sur le fait que nous ne voulions pas que les gens prennent Pirlouit dans leurs bras, lui fassent des bisous, s’occupent de lui pour le faire manger, l’emmener aux toilettes ou autre. Il était extrêmement important qu’il comprenne que papa et maman sont là pour ça, pas les autres. Nous avons été bien inspirés car Pirlouit est un petit garçon qui allait très facilement vers les autres et qui a mis longtemps à ne s’en référer qu’à nous. Pendant des semaines, on avait l’impression qu’il aurait pu partir avec n’importe quel étranger.

Quand on suit l’impression du moment

Quand nous sommes rentrés en France, la première dérogation à notre principe de ne voir personne a été mis à mal dès la première minute : en effet, c’est mon papa qui venait nous chercher à l’aéroport. Les premiers (et seuls !) petits couacs sont apparus. En effet, mon papa a eu du mal à respecter notre demande de ne pas le prendre dans ses bras ou de le câliner. « Mais il est si mignon et il réclame des câlins » ! Oui mais non. Je pense que ma maman lui a fait la leçon car il a ensuite gardé la bonne distance le temps que l’attachement de Pirlouit avec nous se fasse.

Mais même ce léger souci ne m’a pas dérangée. J’étais tellement heureuse de voir mon papa qui a été si réticent à l’idée de cette adoption être complètement gaga de Pirlouit dès le premier instant ! Il a d’ailleurs été très vite accepté par Pirlouit qui adore son « papy Bombom » (comprenez « papy gros ventre », mon papa ayant fait une blague à ce sujet dès le premier jour, blague bien comprise par son petit-fils !)

Malgré quelques inquiétudes, nous avons eu très vite le sentiment que l’attachement avec Pirlouit se faisait. Nous avons senti que nous pouvions accélérer les rencontres. Tant et si bien qu’un mois pile après son arrivée, Pirlouit voyait ses grand-parents paternels pour la première fois. Nous avons profité de son anniversaire pour les inviter. Ils ne sont restés qu’une journée, et c’était parfait.

A chaque rencontre, Pirlouit était très heureux, mais il avait un grand besoin de « décharger » ensuite et nous avions systématiquement des crises. Nous sommes restés très vigilants, et suite à la venue de ses grand-parents, nous avons attendu 5 semaines supplémentaires avant d’introduire de nouvelles personnes. Nous avons alors fait un séjour de 3 jours dans la famille de mon chéri à l’occasion d’un anniversaire important. Pirlouit a pu revoir son papy et sa mamie, des tontons, des tatas et des cousins. Beaucoup de monde, mais cela s’est très bien passé. Les gens avaient si bien intégré nos demandes qu’ils devançaient nos remarques. Par exemple, la cousine de Pirlouit a réalisé qu’il la suivait partout, elle a donc fait en sorte de le renvoyer vers nous quand il restait trop avec elle.

Au cours de l’été, il a ensuite rencontré d’autres tontons, d’autres tatas, toujours par petites touches. Et surtout ses cousins du même âge : un grand plaisir pour lui ! La grande chance que nous avons eue, c’est que pour la première fois mes neveux et nièces ont passé 1 mois chez mes parents : nous avons pu ainsi les voir plusieurs fois afin que Pirlouit crée un vrai lien avec eux. Même le petit de 10 ans avait compris que ça pouvait être compliqué au début avec lui et qu’il ne fallait pas le « forcer » pour jouer avec eux (ils étaient tous tellement impatients d’accueillir ce nouveau cousin !) Si bien que tout s’est fait de manière fluide et que c’est très naturellement que Pirlouit s’est intégré à leurs jeux petit à petit.

Nous avons attendu 5 mois pour élargir les rencontres hors du cercle familial proche.

Ces moments d’émotion

Il y a tellement de petits moments où j’ai eu les larmes aux yeux. Ces instants que j’attendais depuis si longtemps.

Mes parents ont été juste parfaits lors de notre arrivée. Nous étions épuisés par 24h de voyage. Ils ont préparé le repas et nous avons mangé rapidement chez eux, évitant ainsi le désagrément de devoir cuisiner en rentrant. Mais ils ont fait bien davantage : la veille de notre retour, ils sont venus remettre en état notre jardin en tondant la pelouse afin qu’on n’ait pas à s’en occuper. Et surtout, ils ont fait le plein du frigo ! Ce n’était pas prévu, nous pensions aller faire les courses le jour de notre arrivée. Ça a été une merveilleuse surprise et cette attention m’a énormément touchée. Grâce à eux, nous avons pu rester 4 jours à la maison rien que tous les 3 sans nous soucier du moindre problème matériel. Un grand bonheur !

Le lendemain de notre arrivée, nous avons reçu un gros colis des parents de M. Chéridamour pour Pirlouit. Ma belle-maman avait écouté très attentivement tout ce que nous lui avions dit : Pirlouit a donc eu droit à un tracteur en Légo (qu’il adore et auquel il joue encore tous les jours !), un cahier de peinture magique pour l’occuper et une très belle parure de lit car il nous en manquait une. Encore une fois, ces attentions nous ont émus. Pirlouit était accueilli à bras ouverts.

Et il y a eu d’autres petites touches qui sont venues éclairer son arrivée.

Voir Pirlouit béat devant ma sœur (tata bêtises qui mérite bien son surnom !!) qui arrose mon papa de la tête aux pieds. Et Pirlouit qui participe avec force cris de joie à l’arrosage.

Pirlouit qui hurle de joie en faisant du trampoline avec mes neveux. Ou qui joue tout un week-end avec son cousin, en nous retournant le jardin et revenant complètement crotté de la tête aux pieds mais avec un sourire incroyable du bon moment qu’il vient de passer et de la complicité qu’ils ont partagée.

Mon papa tellement fier de jouer avec son dernier petit-fils.

Pirlouit qui, le jour de son anniversaire (qu’il refusait de fêter), me dit dans un moment de confidence qu’il est content finalement que ce soit son anniversaire et d’avoir ses grands-parents à la maison.

Mais aussi et surtout, paradoxalement, ces moments où Pirlouit plutôt que de demander à tata, de monter sur les genoux de tonton ou d’aller vers papy, se tourne vers M. Chéridamour ou moi : l’attachement s’est bien fait en douceur. Nous avons eu raison de nous écouter et de lui créer tous ces souvenirs.