Le jeu des probabilités
Les probabilités et moi on n’a jamais été très amies. Dès l’école elles m’en ont fait voir de toutes les couleurs avec des cours à la facilité déconcertante et des examens qui me déconcertaient.
Tiens on pourrait se demander quelles sont les probabilités de réussir tous les cas d’application vus pendant les cours pour finir par échouer lamentablement à l’examen à chaque fois.
Donc clairement dès le début de notre relation elles m’en ont fait voir de toutes les couleurs.
Et pourtant je me raccroche très souvent aux probabilités et aux statistiques, comme un moyen pour mon esprit cartésien de tenter de reprendre le contrôle sur une situation où il n’en a aucune. Me donner un sentiment de contrôle à défaut de pouvoir contrôler mes émotions en somme.
Quand les statistiques sont à l’inverse de notre réalité
Tiens par exemple comme avec ma grossesse extra-utérine! Je suis tombée dans les 0,01% des 0,01% des cas. Le truc qui n’arrive à personne quoi. Ou lorsque lors de mon premier emploi je me suis retrouvée à être licenciée alors que tout le monde était content de mon travail. Pareil niveau probabilité on n’est pas dans le cas le plus commun. La faute à pas de chance comme on dit.
Mais j’ai aussi l’exemple inverse. Ma grand-mère elle a gagné contre les statistiques. Et pas d’une courte tête. Quand on lui a détecté son cancer en phase terminale en avril 2020 on nous a expliqué que la moyenne de survie était autour de six mois. Pourtant ces photos pleines de joie de Noël 2021 où elle est avec nous debout et souriante, ces moments suspendus hors du temps et loin du cancer ont existé.
On est allé contre toutes les prédictions, contre les médecins qui la voyaient en fin de vie en septembre 2020, contre ce cancer incurable qui a fini par reculer devant sa force et sa détermination. Alors les probabilités on les emmerde (pardon pour la grossièreté).
Quand les statistiques nous rattrapent
Des statistiques j’en ai cherché pleins ces dernières années. Aligner les chiffres pour tenter de me préparer, tenter d’anticiper mon effondrement et la douleur. La dernière statistique que j’ai cherché pour ma grand-mère (j’y reviens après…) c’est la durée moyenne de vie en soins palliatifs.
10 semaines. La durée de vie d’un patient en soins palliatifs excède rarement 10 semaines. Oui mais après tout les dernières stats on les a sacrément fait mentir. Alors 10 semaines… aussi non?
7 semaines. Cette fois ci tu n’auras pas fait mentir les probabilités. Et la réalité m’a rattrapée bien trop vite parce qu’au final je m’étais accrochée à ce chiffre dix. Les statistiques n’ont donc pas toujours tort.

Amour haine
Du coup comment se fier à ces probabilités parfois complètement à côté de la plaque et d’autres fois si réalistes.
Alors oui je sais que tu dois te dire que je n’ai rien compris aux statistiques. Que ça donne une moyenne et donc si on t’annonce 6 mois de durée de vie moyenne c’est parce que certains tiennent trois ans quand d’autres tiennent un jour.
Dans le cas de ma grand-mère, elle aura tenu quasiment trois ans après le diagnostic. Trois ans de hauts et de bas mais qui nous ont permis d’avoir pleins de merveilleux moments qu’on nous avait annoncé ne plus pouvoir avoir. Ce fut sûrement une erreur de ma part d’espérer le même pied de nez aux statistiques quand on nous a annoncé son passage en soins palliatifs. Et puis on peut aussi se demander si cela aurait été souhaitable.
Mais du coup j’en fais quoi de mon réflexe de me rattacher aux statistiques quand on m’annonce une mauvaise nouvelle ?
Je mets à la poubelle cette habitude? Et bien je pense que non. En tout cas les dernières mauvaises nouvelles que j’ai appris je n’ai pas pu m’empêcher de faire les recherches pour vérifier les probabilités annoncées par les médecins de mon oncle, ou les statistiques sur la gravité de la pathologie détectée à ma mère.
Est-ce que de me raccrocher à ces chiffres me fait vraiment du bien? Ce n’est pas sûr. Mais ça me donne un léger sentiment de contrôle sur ce qui va se passer dans le futur. Un besoin d’anticipation qui, si j’en crois les films de science fiction, n’est pas un besoin que je suis la seule à ressentir.
Je suis désolée pour la perte de ta grand mère mais heureusement de ses derniers moments que vous avez pu passer ensemble.
Comme toi, je me raccroche aux proba et aux stats. Alors même que je détestais ça à l’université.
Mais il me faut des données pour comprendre, prendre une décision et essayer de me projeter.
Elles me permettent aussi souvent d’espérer ou me donnent envie de me battre encore plus fort.
Des fois je suis déçue mais ça ne m’empêchera de continuer.
Par contre je ne les laisserai pas me dicter ma vie car le hasard, la chance et les expériences en font aussi partie.
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Bonjour,
Probabilités, statistiques, cela ne viendrait-il pas de caractéristique des populations occidentales à tout vouloir rentrer dans des boites, classer, arranger ?
J’ai longtemps été en butte avec les proba et les stats, notamment en raison de l’incapacité des profs de l’époque de nous expliquer simplement les choses, et surtout, de nous faire aimer la matière.
Pour d’autres matières, comme la biologie, la physique, la chimie… j’ai eu des enseignants extraordinaires, qui nous ont fait aimer ces matières, mais pour les maths…
L’un des profs nous avait dit que si nous étions des génies en maths on ne serait pas dans sa classe… l’inverse était tout aussi vrai, quant au suivant, en dehors de ses fiches cartonnées, je me suis toujours demandé comment il avait pu devenir prof, de maths entre autre, mais cela aurait été vrai pour toute autre matière
Bref, oui, les statistiques ont un rôle important, mais gare à l’effet réducteur et à la volonté de faire entrer x ou y dans une petite boite
Quant à la moyenne, elle est du même niveau que les expressions de surface en terrain de foot (on s’en balec du foot, désolé) ou des volumes en piscines olympiques;
Ben oui, on en est là, alors déjà que pour les stats, c’est dur, pour les proba, c’est loin d’être gagné
Bonne journée les filles et, surtout, gardez espoir, il y a tant d’autres belles choses dans la vie 🙂
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Toutes mes condoléances pour ta grand mère. Contrairement à toi, travaillant avec des statisticiens et ayant l’habitude des chiffres, je ne sais que trop bien que les probabilités et les stats veulent tout et rien dire. Je les utilise donc avec parcimonie, sur des sujets plutôt léger qui n’affecteront pas mes décisions ni ma vie.
Pour le reste, mon côté très pragmatique me dit que la vie est une pute fait d’heureux et malheureux hasards sur lesquels nous n’avons absolument aucun contrôle. Donc dans les moments compliqués je me raccroche juste au présent et aux petits bonheurs que je peux contrôler.
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Ici, on m’a dit au lycée « les statistiques, c’est comme les mini jupes. Ça donne une idée, mais ça cache l’essentiel ». On passera sur l’horreur de sexisme qu’est cette phrase, j’en ai gardé qu’en effet, elles ne montrent pas tout, les stats… J’ai beaucoup joué contre aussi, on peut se dire qu’on est sur le côté extrême de la balance…
Toutes mes condoléances pour ta mamie…
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