Trois enfants

Trois enfants

Une copine m’a dit qu’elle ne s’aventurerait jamais à avoir 3 enfants. Sa règle, c’est : pas plus d’enfants que de bras. Logique, mais dans ce cas, tu peux en avoir 4, lui ai-je rétorqué, que fais-tu des bras de ton compagnon ?

Outre le fait que lorsqu’on a 3 enfants, on ne peut pas leur tenir à tous la main quand on traverse la rue, il faut aussi, et surtout, répartir sa disponibilité, ses soins et son temps sur 3 enfants.

Et ça peut créer des frustrations. Le regard noir que vient de me lancer ma fille aînée en témoigne.

Crédit photo : Pexels – Monstera

Mes trois filles s’entendent vraiment très bien. Globalement, il y a beaucoup plus de moments où elles s’amusent en harmonie que de moments où elles se chamaillent. Elles semblent avoir trouvé un équilibre entre elles. La cadette tire son épingle du jeu en occupant la place centrale du trio puisqu’elle profite d’avoir sa grande sœur pour modèle et d’exercer son pouvoir de grande sur sa petite sœur.

En général, c’est la grande qui commande, mais quand elle a envie d’avoir un moment à elle tranquille, la cadette et la benjamine savent se retrouver toutes les deux (et ce sont de nouvelles bêtises qui apparaissent sans le garde-fou que constitue la plus grande).

Dans tout ça, on peut dire qu’elles ne s’ennuient jamais. Ah si, elles s’ennuient quand l’une d’entre elles se retrouve seule avec papa ou maman pour X raison. Là, soudainement, je prends conscience qu’avoir un enfant unique, ça veut dire être le seul interlocuteur de l’enfant et surtout son compagnon de jeu.

J’ai déjà lu ou entendu qu’il fallait consacrer un temps seul à seul avec chaque enfant – chose assez compliquée à mettre en place pour nous – mais quand ça arrive, l’esseulée ne pense qu’à retrouver ses sœurs pour se vanter de ce qu’elle a fait seule à seule avec moi ou leur papa…

Les moments où je me trouve seule avec une de mes filles sont rares mais précieux. Ce sont des petits moments où elles me confient des choses qu’elles n’ont pas l’occasion de me dire quand on est tous ensemble. Elles se montrent plus câlines, plus bavardes (disons qu’elles ont l’habitude de se battre pour avoir un temps de parole, alors soudainement la voie est libre, ça déroule!!).

Je n’ai pas l’impression qu’elles aient envie de ces moments ou qu’elles les réclament particulièrement – j’espère seulement que ce n’est pas uniquement parce qu’elles n’en n’ont pas assez l’habitude.

Parfois, dans le regard de mon aînée, quand je la réprimande à la faveur de sa petite sœur, je vois la déception. La déception d’être celle qui doit prendre sur elle. Je me retrouve dans ce rôle d’aînée, qui doit être plus sérieuse, dont on attend plus. J’essaye, pourtant, de ne pas lui attribuer ce rôle. Je prends sa défense face à son père – qui n’a pas été aîné, il ne sait pas ce que c’est – pour la laisser rester une enfant le plus longtemps possible. Ce n’est pas parce que deux petites sœurs la talonnent qu’elle doit nécessairement grandir plus vite.

Quand je vois le comportement de notre dernière, c’est très clair qu’elle n’a pas les mêmes parents que l’aînée. À quatre ans, notre aînée accueillait une 2ème sœur, devait se comporter comme une « grande », respecter les règles à la lettre, pas droit à l’erreur… Alors que notre benjamine, du haut de ses 4 ans, bénéficie de toute la patience et la souplesse que la position de 3ème lui confère. On lui laisse passer des choses plus facilement, ou parce qu’on sait que ça n’a pas tant d’importance.

Au final, l’aînée est la plus anxieuse des trois. Il y a, certes, son caractère naturel, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a aussi notre attitude à nous, nos inconscients qui agissent, malgré nous pour enfermer chaque enfant à sa place.

Nous en discutons régulièrement avec Jean-Louis et arrivons toujours à la même conclusion : il faut être plus souple avec la grande, plus ferme avec la dernière et notre moyenne, finalement, a vraiment le juste équilibre entre nos exigences de jeunes parents et notre décontraction de parents de 3 !

Qui a dit que la place du milieu était la moins bien ?

15 commentaires sur “Trois enfants

  1. Nous avons eu un 3eme enfant l année dernière. Il est encore trop petit pour qu on puisse avoir du recul sur son éducation mais je te rejoins sur l aînée et la seconde. Notre aînée est aussi plutôt anxieuse. Son père est très exigeant avec elle. La cadette a déjà beaucoup plus d insouciance et de légèreté. On verra pour le dernier. Mais nos 2 filles ne s entendent guère c est dommage (enfin la grande est jalouse et ne veut que peu jouer avec sa sœur). Par contre quel bonheur 3 enfants, moi je recommande 🙂

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    1. Oui c’est fou cette exigence avec les aînés… C’est dommage que tes 2 filles ne s’entendent pas mais ça peut encore changer et évoluer avec le temps… D’ailleurs l’arrivée du 3eme enfant va sans doute modifier leur dynamique quand il sera plus en âge d’interagir avec elles!

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  2. Ici on s’est arrëté à 2 parce que ca nous convient. Mais je ne pense pas qu’il y ait de nombre à privilégier ou éviter. Tout dépend de la dynamique familialle.

    C’est marrant, j’ai l’impression que chez nous la tendance est inversé. Pour le premier on avait plus de patience pour répéter les consignes, l’aider et tout lui expliquer.
    Par contre pour le deuxième on a déjà moins l’envie et la possibilité de le laisser tester et de supporter ses cris (qui s’additionnent à ceux de l’aîné).

    Et au fait ton projet de grand voyage, ca en est où ?

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    1. Oui il n’y a pas de nombre idéal sauf celui qui convient à notre propre famille !
      On était patient avec notre aînée mais plus exigeants j’ai l’impression par rapport à la dernière où on prend peut-être un peu moins le temps de lui expliquer, du coup on a l’impression d’être un peu plus « laxiste » avec elle en mode on sait que ça va lui passer…
      Quelle mémoire ! Notre grand voyage est toujours d’actualité, ça se rapproche, je raconterai bientôt les préparations qui démarrent !

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  3. Je pense que cela dépend énormément des familles et des différences d’âge.
    Ici aussi 3 enfants de 7, 5 et 2 ans et je trouve qu’on a été plus patients avec la grande et maintenant on en demande souvent plus au seconde. Cela est peut-être dû au fait que d’un point de vue scolaire ils n’ont qu’1 an d’écart (elle est né en février et lui en décembre) et donc on voudrait qu’il en soit au même point qu’elle il y a 1 an mais ce n’est pas possible.
    Et le dernier est encore petit pour faire la comparaison mais j’ai moins d’énergie pour jouer avec lui que je le faisais avec les grands.
    Par contre entre les trois je sens une super complicité et j’espère que ça va continuer en grandissant

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  4. J’ai aussi 3 filles, et globalement elles s’entendent bien, autant que leurs écarts d’âge le permettent… 8 ans, 5 ans et 18 mois… Les ainées jouent beaucoup ensemble mais chacune a aussi une complicité grandissante avec la petite, qui ne manque pas d’énerver chacune quand elle met le bazar dans les affaires, détruit les installations de playmobils ou prend trop de temps à maman pour les couchers, les changes, etc. A l’inverse de vous, je ne nous trouve pas plus conciliant avec la cadette : nous avons plutôt tendance à faire un package « les grandes » et demander autant d’autonomie et d’efficacité à l’une et l’autre depuis la naissance de la 3e alors que j’accompagnais encore beaucoup mon ainée dans les tâches du quotidien lorsqu’elle n’avait qu’une petite sœur. J’essaye de m’en souvenir et d’accepter son besoin d’être encore maternée. Le challenge, au-delà du nombre et du temps non extensible, relève aussi de passer des besoins et capacité d’un âge l’autre je trouve.
    (Comme les autres en fait ^^)

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    1. Ah les destructions d’installation Playmobil ! Je connais ça aussi et pourtant la dernière n’est pas beaucoup plus jeune que ses soeurs !
      Ce n’est pas toujours évident de se rappeler l’âge de chacune et d’agir en conséquence surtout qu’elles sont toutes différentes et grandissent différemment… Notre aînée était très autonome très tôt, c’est son caractère, la dernière aime mieux être aidée dans le quotidien… Et il faut que je me rappelle qu’elle n’a que 4 ans et demi… C’est vrai que c’est un challenge!

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  5. Nous avons 3 enfants et envisageons d’agrandir notre tribu d’ici qques mois !!! Ils ont actuellement 5, 4 et 21mois. Personnellement, ma cadette adore être en mode bébé, qu’on la materne… elle grandi à son rythme et puis fait aussi des bonds qui nous étonnent tout d’un coup. L’aînée adore être LA grande, celle qui commande mais aussi celle qui prend soin et veille sur ses frères et sœurs. Elle demande de plus en plus de temps rien qu’à elle. Mon garçon est en pleine découverte de lui et de ses possibilités, il grandi donc à toute vitesse dans sa motricité, son langage et clairement il a envie de rattraper ses aînées ! Donc plus qu’une histoire d’âge, c’est avant tout une histoire de besoins en lien avec la personnalité, le vécu et où se trouve chaque enfant. Évidemment, qu’il y a des impératifs et il faut pourvoir aux besoins de nos enfants. Mais, je dirais que je vois chaque enfant pour ce qu’il est et non pas forcément en me disant, numéro = doit être plus autonome, numéro 2 = est petit ou grand selon ce qui m’arrange. numéro 3 = le petit dernier le chouchou à qui on passe tout (biensur je caricaturise!) Enfait, je me dis que j’aurais pu accueillir mes enfants dans un tout autre ordre finalement et je pense que cela ne change rien à ce que ce que je leur propose au quotidien car ils sont simplement très différentsles uns des autres. Je m’adapte à chacun et cela n’est probablement pas en lien avec sa position dans la fratrie. Je pense que nous sommes des parents en constante évolution aussi. Plus ou moins exigeants ou laxiste, peut-être, selon les périodes de vie, les ressources disponibles sur le moment… Enfin j’ai peut-être une vision un peu particulière de la fratrie mais pour moi qui suis la dernière, la question de l’âge ou de la position dans la fratrie n’a jamais tellement fait sens, ou surtout n’a jamais été placée au centre. Je trouve que cela serait assez réducteur pour l’enfant, quelque soit sa position. C’est comme un préjugé. La seule chose qui m’importe c’est de pouvoir accompagner et évoluer auprès de mes enfants au quotidien selon les situations qui se présentent.

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    1. Je te souhaite plein de belles choses avec ta super tribu qui va s’agrandir ! Je comprends ce que tu veux dire, effectivement on ne pense pas à ses enfants en terme d’ordre d’arrivée dans la fratrie. Pour autant, nous ne sommes inconsciemment pas le même parent pour chacun de nos enfants… L’aîné est celui qui a fait de nous un parent, il est celui de toutes les 1ere fois, le dernier enfant est celui de toutes les dernières fois qu’on va appréhender différemment parce que c’est la dernière fois justement… On s’adapte toujours au caractère et aux besoins de chaque enfant évidemment mais je pense que la place dans la fratrie reste aussi un élément qui va plus ou moins influer dans nos vies. Ce n’est pas grave à partir du moment où ça ne nous enferme pas dans un rôle qu’on nous aurait inconsciemment attribué…

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  6. J’aime bien ta description d eta famille, ça a l’air mouvant, vivant, joyeux… comme chez moi petite ! Je suis l’ainée d’une fratrie de 3, et aussi la seule fille… on se suit de très près (il y a 4 ans d’écart entre mon plus jeune frère et moi), et je n’ai pas l’impression d’avoir « subit » ce statut d’ainée… mes parents ont toujours attendu les mêmes comportements de chacun de nous. Aujourd’hui que j’en ai 3 aussi, je fais très attention à ne pas reporter sur la Lueur une pression d’ainée qui s’ajouterai à une espèce de pression sociale de « tu es une fille, y a un bébé à la maison, tu aide ta mère ! ». Le Lampion doit m’aider, lui aussi, non mais oh !

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    1. Oh oui c’est joyeux chez nous, les rires fusent c’est top! Moi j’ai 6 ans d’écart avec ma soeur et mes parents se sont séparés quand elle avait 9ans du coup y avait plusieurs facteurs pour avoir plus de pression d aînée… On essaye en tout cas que chacune ait sa place à elle, valorisées dans leurs individualités ! Et tout le monde aide!

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  7. Je n’ai qu’un enfant, une petite perle unique et précieuse. Ce n’était pas par choix. Elle est arrivée tard et mon corps ne pouvait supporter une deuxième grossesse. Et puis le budget n’aurait de toute façon pas suivi pour prendre en charge les études de 2 enfants… Ceci dit, je ne suis pas le compagnon de jeu de ma fille. Elle joue seule à la maison et en extérieur avec ses cousins et amis nombreux. Nous discutons beaucoup toutes les deux. Et elle réclame parfois un petit frère ou une petite sœur mais quand un bébé est à la maison, ce dernier l’indiffére vite. Elle aime se retrouver dans son cocon et me dit parfois avec n bonheur non dissimulé: « moi je suis ton seul bébé pour toujours, tu es MA maman qu’à moi ». Je précise qu’elle vient d’avoir 4 ans. 😅
    Elle est assi à l’aise avec les camarades de son âge qu’avec les adultes. Et voudrait que son père lui mette un bébé dans le ventre comme beaucoup d’enfants de cet âge en plein Œdipe. J’envie Artois les fratries nombreuses puis me rappelle combien c’est chouette pour un enfant de ne pas avoir à se battre our obtenir l’attention de ses parents. Aînée de 3 enfants, finalement j’envie parfois ma princesse. Je suis avec elle la mère que j’aurai voulu avoir. 😊

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