L’histoire du soir

L’histoire du soir

J’ai lu récemment un article expliquant que de moins en moins de parents lisaient une histoire le soir à leur enfant avant de dormir. Le manque de temps est invoqué par les parents pour expliquer cette baisse (même si l’article pointait également d’autres raisons sous-jacentes). Je trouve cela extrêmement triste. Je n’ai que de vagues souvenirs de l’avoir fait avec mes parents. Et pourtant quand j’y pense cela me met toujours en joie.

La question n’est pas de savoir si j’ai le temps de lire ou pas (temps que personne, d’ailleurs, ne me donnera), mais si je m’offre ou non le bonheur d’être lecteur – Daniel Pennac

S’il y a bien un rituel qui me tient à cœur c’est celui-là.

Schtroumpfette avait droit à l’histoire avant le dodo. Elle y a même eu droit jusqu’à très tard. Cela s’est arrêté l’année de CM1, elle avait donc 10 ans. Une collègue avait été choquée, elle la trouvait trop grande. Trop grande, mais pourquoi ? Pourquoi arrêter alors que c’était un moment privilégié avec son papa ? Bien sûr, les dernières années, une seule page était lue, par lui ou par elle (parfois moi mais rarement, ils avaient besoin de ce moment à eux) et Schtroumpfette lisait ensuite seule et tranquillement jusqu’à ce qu’il soit l’heure de dormir. Le jour où elle n’en n’a plus eu envie ni besoin, cela s’est arrêté naturellement.

On souhaite offrir ce beau rituel à Pirlouit.

J’adore ce moment. La journée touche à sa fin : la douche est donnée, mon petit cœur d’amour sent bon. On a mangé un bon repas. On s’est lavé les dents. On va pouvoir se poser. Que la journée ait été bonne ou plus compliquée, l’histoire du soir permet de câliner et de pardonner les erreurs ou d’apaiser les tensions.

Lecture du soir d'une maman avec un bébé

Crédits photo : Lina Kivaka

Mais avant, il faut que tout soit bien en place. Tels des astronautes en partance pour l’espace, on vérifie les choses point par point. Réveil encore sur le jaune ? Ok. Vêtements pour le lendemain choisis ? Ok. 25 doudous et peluches présents ? Ah non, il manque Le Petit. Couche bien mise pour éviter les accidents ? Ok. Passage pour que maman sorte de la chambre sans marcher sur une brique de Lego traîtresse ? Ok.

On choisit l’histoire. En fonction du temps qu’il reste, elle sera plus ou moins longue. Pas de Caroline ce soir, plutôt Bravo maman manchot. Ou peut-être Chhht ! pour la 106ème fois ? A moins qu’on ne lise cet album oublié si longtemps, et qui étonnamment ressurgit je ne sais pourquoi et captive soudain Pirlouit.

On s’installe. Pouce dans la bouche, doudou bien en main, calé contre moi, Pirlouit se pose enfin et cesse de gigoter. L’histoire commence. Cela prend du temps car Pirlouit a beau adorer qu’on lui lise un album, il est aussi vite dissipé. Il se laisse distraire parce que « regarde Maman, là elle est comme ça et là comme ça » me dit-il en retournant 6 pages en arrière… sans que cela ait le moindre rapport avec ce que je suis en train de raconter. Mais peu importe, le plus important c’est qu’il se laisse bercer par les mots, qu’il regarde les images, qu’il rêve, qu’il prenne goût à l’évasion…

C’est aussi assez rigolo de prendre la grosse voix de l’ours, la voix nasillarde du canard, celle fluette de la fée. De faire les bruitage entièrement doublés à la bouche (PLOUF !!), imitée de Pirlouit qui aime beaucoup participer.

Cela prend du temps aussi car plus les jours et les semaines avec nous passent, plus je lui explique de choses pour affiner sa compréhension de l’histoire.

– Tu vois là, le pingouin ne savait pas qu’il n’avait pas le droit de faire ça…

– Ah bon j’avais pas compris !

Le voir s’éveiller et s’émerveiller devant de belles histoires, quelle joie ! Lui transmettre ce virus de la lecture, quel bonheur !

A la fin de l’histoire, il y a toujours les questions. Et qui bien souvent le renvoient à sa propre histoire : « Pourquoi la Maman attend ? » « Pourquoi la petite fille est toute seule ? » « Pourquoi le chien est triste ? » Lire le soir, c’est aussi ce moment magique et calme où on peut discuter de tout, prendre le temps de développer sa sensibilité, de l’écouter, de le comprendre.

– Pourquoi le papa il est en colère ?

– Qu’est-ce qui te fait dire qu’il est en colère ?

– Il a les sourcils comme ça et il sourit pas.

– C’est qu’il est concentré mon cœur.

Il aime tant les histoires que sa marraine lui a offert une liseuse audio : son papa ou moi enregistrons les histoires, et lui peut les écouter quand il veut… Plutôt le matin d’ailleurs ! Mais rien ne remplace la lecture du soir avec son papa ou moi.

Oui, il y a certains soirs où je suis fatiguée et où je préférerais que ce soit le tour de son papa, et prendre du temps pour moi à geeker ou à regarder la télé. Mais je sais à quelle vitesse ces moments précieux passent, et je savoure.

« Il était une fois 3 vilains brigands avec de grands manteaux noirs et de hauts chapeaux noirs… »

23 commentaires sur “L’histoire du soir

  1. Quel bonheur cette histoire du soir en mode câlin !
    Actuellement je me bat avec le plus jeune pour qu’il vienne écouter l’histoire. Pour le moment si on arrive à lui lire 2 pages d’un livre pour bébé on est content, après il part jouer pendant que je finis pour son aîné. Mais j’ai hâte qu’on soit blotti à 3 ou à 4 pour ce moment tout doux.

    Je dois quand même avouer qu’il m’arrive régulièrement de subtiliser les livres dont j’ai vraiment marre et de les cacher pour quelques semaines. Après tout ca doit être un moment de plaisir pour tout le monde. Et quel plaisir aussi de passer à la bibliothèque pour choisir ensemble de nouveaux livres.

    Ma seule limite, c’est le refus de lire un livre en pleine nuit lors d’un réveil nocturne. Mais 2-3 fois par ans de me convaincre ! 😀

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      1. Ca doit être la différence d’âge qui joue. Avec mon presque 4 ans, quand je lui dit que c’est un livre dont je me suis lassé, il commence à lister toutes les raisons pour lesquels lui il a vraiment envie de CE livre aujourd’hui. Ca va de j’ai envie de rêver d’un train qui transporte des moutons » à « le rouge est ma couleur préférée et c’est la couleur de la couverture ».
        Je peux gagner mais j’en prend pour minimum 15 min de conversation… Alors je triche sans honte.

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  2. Rhooo on vit toutes la même chose, c’te brique de lego traîtresse…. 😉
    Pareil ici, seulement ma fille ne pose pas de question sur l’histoire, lors du câlin qui suit, elle va directement au sujet qui la préoccupe, positivement ou négativement. J’ai l’impression qu’elle vit ce moment comme une bulle où elle peut sortir ce qu’elle a besoin de sortir. Parfois, ce sont des petits riens mais il lui est arrivé d’aborder des sujets importants.
    Entre parenthèses, j’ai d’ailleurs eu une pensée pour toi Mme Espoir l’autre soir « au centre, untelle m’a dit que je n’étais pas sortie du ventre de ma mère en rigolant. Je sais que ce n’est pas vrai mais je n’ai pas rigolé » d’un ton montrant bien qu’elle avait senti que ce n’était pas un sujet de plaisanterie. Lol je te laisse imaginer le cours sur l’adoption que je lui ai fait dans la foulée 😉 et elle a compris. Cette faculté qu’ils ont d’accepter et de comprendre sans juger me laisse toujours sans voix.
    Parenthèse terminée, je tiens à ce moment de lecture mais il nous est arrivé de la punir d’histoire. Quand elle nous fâche juste avant de dormir par exemple, pour lui faire comprendre que ce moment n’est pas un dû mais bien un moment que l’on doit tous partager avec plaisir. Ce qu’on n’a jamais fait, c’est se coucher fâché sans câlin. On se réconcilie toujours avant de dormir.
    En tout cas, ouiiiiii à l’histoire du soir. J’ai hésité avec les liseuses électroniques mais j’ai peur qu’elle ne nous remplace. Et puis comment l’enfant qui ne sait pas lire sait de quel livre il s’agit si tu mets plusieurs histoires ?

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    1. Notre fille a eu la Lunii en cadeau pour ses 3 ans et ça lui plaît bien. Elle est autonome pour choisir ses histoires. Par contre clairement pour nous ce n’est pas pour l’histoire du soir, premièrement parce que le risque qu’elle écoute des histoires jusqu’à très tard est élevé (on l’a retrouvée une fois à 22h…), deuxièmement parce que ça ne peut pas remplacé le contact humain avec papa ou maman.

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    2. La liseuse ne nous remplace absolument pas. Il l’écoute le matin quand il joue dans sa chambre avant qu’on se lève, ou quand on cuisine et qu’on ne peut pas lire. Il sait de quelle histoire il s’agit car il les connait (on a la bookinou qui permet d’associer une gommette à un livre mais je n’aime pas ce système, donc on utilise juste une carte qu’il passe jusqu’à trouver l’histoire qu’il veut. En fait il l’utilise plus comme un podcast.

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  3. Chez nous c’est un incontournable également pour notre fille de 5 ans mais aussi pour son petit frère de 9 mois. Je crois qu’on a mis le rituel en place dès les premiers mois des enfants (3-4 mois ?).

    Pas d’échange spécialement sur l’histoire chez nous non plus. Ce qui est rigolo c’est que depuis quelques temps elle veut relire les Popi de quand elle était petite pour le coucher ! (On lit PLEIN d’autres livres en dehors de ce moment également)

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    1. On lit énormément en dehors de ce moment là également ! En journée on lit les livres de la bibliothèque, le soir il préfère les siens qu’il connaît, ce doit être apaisant et rassurant pour lui.

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  4. Nous on ne lit pas d’histoire le soir car on est toujours trop limite sur le timing et ça nous semble triste de devoir se dépêcher et/ou de devoir négocier/chamailler sur les choix de livres juste avant d’aller se coucher.. du coup depuis leur naissance le rituel c’est de chanter une chanson ensemble dans la pénombre. Par contre on lit avec eux des dizaines de livres par jour au bas mot – en mode câlin comme tu décris – tous les uns contre le autres et pouces en bouche ^^ !.. au fil de la journée ces livres répondent à pleins de besoin : temps calme, temps câlin, temps « pardon », temps fatigue, temps imagination…

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    1. Le soir quand on n’a plus vraiment le temps de choisir l’histoire, c’est moi qui l’impose et je prends une histoire courte. Mais on a un rythme qui nous permet de nous poser le soir. Et lire les livres dans la journée c’est bien aussi, surtout si ça permet des moments de câlin !

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  5. C est mon moment préféré, l histoire du soir. Ca repare la fatigue du reste!!
    Quel plaisir de les avoir contre nous, la joue à porté de bisous.
    Après la lecture, c est le câlin. et c est vrai que les discussions existentielles arrivent souvent à ce moment. Comme pour Pirlouit, j ai l impression que les thèmes sur la séparation, la solitude, etc, sont très souvent abordés par mes enfants. Le fait d etre en colère et de se réconcilier aussi.
    Bref, je savoure ce joli moment 😊.

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  6. Ici aussi ça a toujours été histoire le soir (en plus de celles de la journée mais je pense que ceux qui lisent le soir sont déjà ceux qui sont plus enclins à la lecture aussi en journée). Ma grande a 8 ans et elle écoute toujours avec sa sœur.
    Mon dernier a 1 an. Il ne participe pas encore mais ce sera sûrement pour bientôt.
    Nous lisons soit les livres de la maison, soit ceux que nous prenons à la médiathèque toutes les 3 semaines (presque 40 livres à chaque fois 😅). Parfois je suis fatiguée (seule moi le fait pas mon mari) mais je sais que ça me manquera un jour alors hors de question d y renoncer tant qu elles en expriment le besoin.

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    1. C’est exactement ça ! Tant qu’il demande je fais (idem pour les câlins portés, mon chéri refuse mais je sais que ça va trop me manquer quand il ne demandera plus alors je profite !)

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  7. …le premier avait un tromblon…

    Ici aussi c’est absolument incontournable, j’ai des super souvenirs de lectures du soir avec ma propre maman du coup c’est aussi une des choses que je préfère faire avec ma fille ! Et je continuerai jusqu’à ce qu’elle me dise qu’elle en a marre, fût-ce à 15 ans haha 😀 C’est mon privilège d’ailleurs, c’est toujours moi qui lit et pas mon mari, sauf si je ne suis pas là bien sûr.

    C’est un peu moins le cas maintenant mais par le passé elle a eu un problème de santé qui l’a beaucoup fatiguée, du coup à cette période on a énormément lu la journée (aussi parce qu’elle a un gros retard de langage et que comme elle ne peut pas poser pas de questions, c’était un moyen facile de développer au moins son vocabulaire passif), et ça me fascine toujours parce qu’à force de les voir, elle fait des tas de liens entre les livres : par exemple les trois brigands, justement, est sur la cheminée de Petit Poilu dans une des aventures de ce dernier, et la hache rouge est volée par je ne sais plus quel personnage dans un volume des Petites Poules je crois, et en général du coup il faut aller lire le livre auquel il est fait référence tout de suite après (elle va le chercher ou montre l’indice avec insistance), et moi qui adore aussi les références littéraires ça me fait trop rire que ma fille les remarque, la branche est pas tombée loin du tronc 😅

    (Et y a tellement de livres pour enfants géniaux que moi aussi je m’amuse en les lisant sauf rares exceptions (et quand je suis enrhumée et que j’arrive pas à faire les voix xD ))

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    1. En littérature de jeunesse, c’est fou de voir la diversité des histoires. Il y en a vraiment pour tous les goûts ! J’ai trouvé certains albums magnifiques, que ce soit pour les dessins ou l’histoire !

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  8. Bébé n’a que 7 mois, mais depuis quelques semaines, il a une histoire chaque soir avant de dormir. C’est court, il n’écoute pas forcément beaucoup (en tout cas, il n’en donne pas l’impression), mais c’est un moment que j’affectionne et que j’espère garder le plus longtemps possible. Comme tu l’écris, avoir un temps calme, blottie contre mon tout petit, avant de se dire au revoir jusqu’au lendemain, c’est précieux. Et j’espère que ça lui donnera goût à la lecture plus tard !

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  9. Quand le 1er tome de Harry Potter est sorti, en 1998, mes deux ainés avaient 7 et 8 ans.
    J’ai tellement aimé que j’ai commencé la lecture à voix haute, chapitre par chapitre, alors qu’ils savaient tous les deux lire. Au fur et à mesure de la sorite des tomes, il y avait une petite lutte pour savoir qui allait lire en premier (y compris sur la version anglaise). Heureusement, j’avais un petit dernier, à qui j’ai lu les 7 tomes, chapitre par chapitre, à partir de ses 7 ans. Un super moment !

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    1. Je n’ai jamais réussi à convaincre Schtroumpfette de lire les romans jusque assez tard. Elle avait 13 ans quand elle s’est décidée, et c’était trop tard pour en profiter avec elle… Je regrette encore et je t’envie !

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  10. Chez nous aussi l’histoire du soir est un incontournable, les deux grands ensemble (sauf les rares fois où l’aîné décide de lire dans son coin) et la petite à part car c’est difficile de trouver des livres qui les intéressent de 3 à 7 ans (même s’il y en a quelques-uns, comme par exemple « L’incroyable exploit d’Elinor ou Grand-mama, deux livres que j’ai chroniqués sur mon blog).
    Avec les deux grands, on commence à lire des livres longs en plusieurs fois. Cet été par exemple, on a le Heidi pendant notre voyage en Suisse.
    Et quand on connaît tous les bienfaits de la lecture à voix haute pour nos enfants, on ne voit pas pourquoi on arrêterait avant bien longtemps !

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