Quand Noël devient une épreuve
Cet article est paru sur l’ancien site Dans Ma Tribu le 21 décembre 2018. Comme d’autres chroniqueuses, j’ai décidé de ne pas laisser perdre ces écrits et de les publier à nouveau sur Bribes de Vies… Avec une petite conclusion 5 ans après.
Comme beaucoup d’enfants je suppose, j’adorais Noël. Les guirlandes, les repas de fêtes, les chants… et les cadeaux bien entendu ! Ça avait un goût très particulier. J’aimais cette période passée en famille. Jusqu’à mes 12 ans, nous le fêtions uniquement avec mes parents car nous habitions loin des grands-parents et du reste de la famille. C’était une parenthèse un peu magique avec eux, on était un peu comme dans un cocon cette journée-là. Quand nous nous sommes rapprochés de la famille de ma maman, les Noël ont un peu changé : de grandes tablées rassemblaient toutes mes tantes, mes cousins et cousines… Nous n’étions pas moins de 22 personnes !
Et puis j’ai rencontré M. Chéridamour et l’envie d’un enfant est née. La PMA s’est invitée bien malgré nous dans nos vies et a changé ma perception de Noël.
Noël quand tu es en PMA
Oh, le changement n’a pas été immédiat. Le premier Noël j’avoue que je n’ai pas eu de sentiment particulier. Ma gynécologue m’avait dit d’essayer naturellement d’avoir un enfant et il était tout à fait possible que bébé pointe le bout de son nez sans prévenir. Et puis cette année-là, nous avons emménagé dans notre nouvelle maison et les travaux de rafraichissement que nous avons menés durant les vacances de fin d’année m’ont bien changé les idées.
Mais les années passant, les choses se sont dégradées. Notre troisième Noël sans bébé a été le plus difficile. C’est l’année où j’ai vécu ma Grossesse Extra-Utérine et j’ai eu le contrecoup à ce moment-là. Nous avions en plus lancé la 2ème IAC juste avant Noël. Mauvaise idée, très mauvaise idée. Cela a été la dernière fois : je n’ai plus jamais voulu faire d’essai sur cette période de l’année tant ça a été douloureux. Apprendre à 2 jours de Noël ce nouvel échec, la seconde grossesse de ma belle-sœur le lendemain (son aîné venait juste de fêter ses 1 an), voir l’ex de M. Chéridamour avec son bébé dans les bras, tout ça m’a complètement fait perdre pied. Jamais nous n’avons été si proches de la rupture avec M. Chéridamour. Le miracle de Noël c’est joli dans les films mais dans la réalité quand il n’arrive pas c’est très dur à vivre.

Je me suis mise à détester cette période et je n’arrivais plus à l’aborder sereinement. Je n’avais plus envie qu’on m’en parle. Je ne voulais plus de cadeau car la seule et unique chose que je voulais du fond de mes tripes personne ne pouvait me la promettre ou me l’offrir. J’angoissais car j’avais peur des annonces de grossesse qui seraient faites ou de voir mon frère avec son dernier né. Et j’avais peur de craquer et de me mettre à pleurer en voyant les enfants autour de moi ouvrir leurs cadeaux avec joie et réaliser que je ne vivrais sans doute jamais ça avec mon enfant. Il n’est pas de bon ton de se cacher et d’afficher sa peine durant cette période mais mon seul désir était de rester au lit et de ne voir personne.
J’ai cependant toujours fait l’effort de ne pas montrer toute cette tristesse et cette amertume à mon entourage et surtout à Schtroumpfette. Je voulais qu’elle puisse avoir des Noëls aussi magiques que ceux que j’avais enfant. Et puis j’étais quand même heureuse de voir son bonheur à elle et de tout faire avec son papa pour qu’elle passe la meilleure journée possible. Les années où elle n’était pas avec nous cependant nous n’avons même pas installé de sapin ou de décorations à la maison et cela me convenait très bien.
Retrouver le goût de Noël ?
Pour être honnête, je ne pense pas retrouver la magie qui m’a bercée enfant et ce même si nous arrivons à adopter. Quelque chose s’est brisé.
Néanmoins, depuis 2 ans mon état d’esprit a encore évolué. Nous avons été pris par plusieurs nouveaux projets. L’adoption bien entendu mais également notre mariage et notre projet immobilier. Et surtout j’ai pris conscience que nos parents prennent de l’âge (même s’ils sont encore jeunes !), que les moments passés tous réunis avec frères et sœurs deviennent rares et qu’il faut donc en profiter aujourd’hui sous peine de le regretter. Je fais donc abstraction de tout ce qui me peine et me déprime dans Noël et je vois le côté agréable : une fête de famille où nous passons un bon moment avec des personnes que nous ne voyons pas forcément le reste de l’année.
Je savoure le fait d’être en famille (dans la mienne ou dans celle de mon mari), de manger la bûche au chocolat de mamie (la meilleure bûche du monde !) et je chouchoute mes neveux et nièces. On profite des grandes tablées pour jouer à des jeux de société que Schtroumpfette aime beaucoup et qui sont plus sympas quand on est nombreux. Les petits rituels de cette journée (se moquer de ma maman qui a préparé un repas pour 50 personnes alors qu’on n’est que 20, chanter exprès très faux des chants de Noël avec ma sœur pour plaisanter gentiment mon papa qui lui chante faux pour de vrai, manger mon traditionnel Père Noël en chocolat qui a intérêt à se trouver au pied du sapin -oui oui j’ai bien 38 ans !) sont également un baume qui me permet de vivre plus sereinement cette fête.
Par contre je ne me force pas à décorer la maison ni à afficher un bonheur que je ne ressens pas forcément. Le soir, quand je me retrouve seule avec M. Chéridamour il y a toujours un moment un peu difficile où la mélancolie apparaît. Je vois cependant tout ce qu’il y a de positif dans cette journée et je retrouve au final ce qui compte le plus : être tous ensemble en bonne santé. Et ça, personne non plus ne peut me l’offrir alors je sais combien c’est précieux.
J’aurais bien aimé donner un ton plus joyeux à cet article. Je pense à tous ces couples qui espèrent encore, à ceux qui après des années de galère ont enfin un Noël heureux avec un bébé à venir ou leur enfant dans leurs bras. Je suis heureuse de savoir qu’il y a de belles histoires qui se réalisent même si cela n’a pas été notre cas. Et je sais que comme chaque année une fois les fêtes passées c’est une nouvelle année qui commence avec l’espoir qui revient.
Et aujourd’hui ? Il y a eu d’autres Noëls depuis cet article. 5 pour être exacte. Celui où nous avons fêté l’envoi de notre dossier dans le pays de Pirlouit, rendant plus proche notre rêve de famille. Celui si particulier où nous avons eu l’appel magique. Le suivant, rendu si difficile par une attente qui s’éternise. Et enfin, Noël dernier, le premier fêté avec notre petit garçon. Voir la joie dans ses yeux, pouvoir le faire participer aux traditions familiales me met du baume au cœur.
Mais cela ne me fera jamais oublier ces autres Noëls où la déprime était si présente. Et je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui attendent encore, toutes celles qui ont de l’espoir, tous ceux qui n’en ont plus, tous celles qui, comme moi, n’en reviennent pas de la chance qu’elles ont finalement de pouvoir poser au pied du sapin les cadeaux pour leur enfant.
Je prie pour que votre rêve finisse par se réaliser. Non, les miracles de Noël n’existent pas forcément. Mais les histoires qui se finissent bien oui. Et aujourd’hui quand M. Chéridamour me demande ce que je veux pour Noël, je ne sais plus quoi lui répondre, car je en veux rien de plus que ce que j’ai déjà.

❤
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C’est si bien (d)écrit et ta conclusion m’a fait monter les larmes aux yeux ! Plein de bonheur à toi et ta famille !
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Merci !
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C’est très poignant et votre écrit m’a beaucoup émue. Je suis heureuse pour vous.
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Merci beaucoup !
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