La maternité et moi – Partie 1
Depuis toute petite, je me suis toujours imaginée avec des enfants. Non, c’est faux. Bien sûr, enfant, je jouais avec des poupons, des poupées, à la maman et au papa, mais je ne crois pas que ça avait un autre sens que le simple jeu pour moi. Aujourd’hui, j’ai envie de retracer avec toi mon évolution sur ce sujet : la maternité. Il s’agit évidemment de mon expérience et de mes ressentis, je n’ai pas la prétention de faire de mon cas une généralité ! Mais je serai très intéressée de savoir si tu as eu les mêmes états d’âme que moi, et quel a été ton cheminement sur la question.
Le désintérêt pour la question
Pendant toute mon adolescence, je n’ai absolument pas pensé à la question des enfants. Je devais bien dire aux repas de famille ou à mes amies que je me voyais mariée avec des enfants plus tard, mais plus par conformisme que par vraie envie. C’était le chemin tout tracé que je me voyais suivre, et je n’avais pas de raison de le remettre en question. En revanche, j’étais loin d’être gaga devant les enfants ou les bébés. Je les assimilais plus à des humains « pas finis » et donc pas très intéressants, même si j’enviais leur insouciance et leur créativité. Mais leurs réactions étaient si imprévisibles que je me sentais un peu mal à l’aise en leur présence.
Quand Monsieur Fernand et moi avons commencé à construire notre relation de couple, la question des enfants ne se posait pas vraiment. Nous étions étudiants tous les deux, au début de nos études même, et nous nous préoccupions surtout de savoir la fréquence à laquelle nous pourrions nous voir. Mais une fois nos diplômes en poche et notre premier studio trouvé, il nous est arrivé d’en discuter, à l’occasion. Plutôt en passant que pour vraiment lancer un projet bébé, hein. Mais Monsieur Fernand était assez sûr de lui quant à son désir d’enfant. Il en voulait, pas tout de suite, mais il était sûr d’avoir envie d’être père.
Le moment des doutes
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me questionner davantage. Avais-je envie d’être maman ? Viscéralement, non. Si j’avais découvert que j’étais stérile, j’aurais été triste, mais je n’avais pas le sentiment que cela m’aurait dévastée (évidemment, c’est l’impression que j’avais, impossible de savoir comment j’aurais vraiment réagi à cette annonce). Mon côté rationnel identifiait surtout les mauvais côtés de la parentalité : le manque de sommeil (je suis très sensible au manque de sommeil…), les couches, les pleurs, les risques encourus (pendant la grossesse, mais aussi ceux liés à l’enfant et à son évolution : maladies, accidents, mauvaises fréquentations…), la charge de travail supplémentaire à la maison… Bref, le positif était clairement absent du tableau !

Suite à notre mariage, je suis tombée dans la marmite de la blogosphère. J’ai découvert un tas de sites, un tas d’histoires, des tristes, des drôles, des tragiques, des inspirantes. J’ai été confrontée à des opinions différentes des miennes, qui ont fait évoluer mon avis sur certaines questions, notamment le féminisme. Et j’ai réussi à mettre des mots sur ce qui me dérangeait sur ma vision de la maternité. Le sacrifice. La dévotion. L’abnégation.
L’exemple qui a beaucoup alimenté ma réflexion, c’est ce moment clé dans une série que j’ai regardée quelques temps. Je ne dirai pas laquelle, pour éviter les spoilers, de toute façon, pas besoin de connaître les noms des protagonistes pour mon illustration. A ce stade, une femme et un homme sont fiancés et flottent sur leur petit nuage de bonheur (ça se passe dans notre société moderne, c’est important de le savoir pour bien interpréter la suite). Mais lors d’un examen médical, la femme découvre qu’elle est stérile. S’ensuit une discussion de couple entre eux, où elle et son fiancé échangent. Lui veut vraiment être papa. Elle ne veut pas le priver de ce bonheur, et lui dit qu’il ne faut pas qu’il se sente obligé de l’épouser parce qu’ils sont fiancés. Et donc, après mûre réflexion… il la quitte.
Cet épisode m’a révoltée, car je ne comprenais tout simplement pas la décision du personnage masculin. Pour moi (et là encore, c’est mon opinion, je sais que tout le monde ne la partage pas), si tu aimes véritablement une personne, tu la prends en entier, avec ses blessures et ses forces. Il n’est évidemment pas question d’encourager les syndrômes de l’infirmière ou de minimiser les souffrances que peuvent causer des êtres aimés qui sont malsains envers leur entourage !! Ce que je veux dire, c’est que pour moi, quand on aime une personne, on l’aide à surmonter l’épreuve à laquelle elle est confrontée (ou à laquelle on est confronté ensemble, ce qui est le cas dans mon exemple), dans la mesure où c’est possible. Dans ce cas, j’avais le sentiment qu’une injustice terrible était commise envers le personnage féminin, car elle était réduite à son impossibilité d’être mère. Alors qu’un être humain est tellement plus que ça.
Et c’est finalement ce qui me gênait vis-à-vis de la maternité qui s’est cristallisé autour de cet exemple. Le sentiment qu’être mère, c’est ce qu’on attend d’une femme dans notre société actuelle. Que ne pas l’être, c’était être incomplète. Et évidemment, qu’une mère digne de ce nom devait se dévouer corps et âme pour ses enfants (impression qui vient sans doute d’une analyse quelque peu déformée de la façon dont ma mère a vécu sa maternité). Parce qu’on est faites pour ça.
Mais moi, je refusais de croire que j’allais instinctivement savoir quoi faire avec un bébé entre les bras (et tous les articles des chroniqueuses que je lisais me donnaient raison !!). Je n’avais pas envie qu’on trouve « normal » que je me dirige vers la maternité. Et je ne voulais sûrement pas arrêter de vivre ma vie de femme sans enfant si j’avais des enfants.
J’espère ne pas t’avoir brossé un tableau trop sombre de la maternité ! Comme je suis une grande bavarde (et que c’est un sujet sur lequel j’ai vraiment, vraiment beaucoup réléchi), je n’ai pas pu tout faire tenir dans une seule chronique. Je te raconterai donc la fin de mes réflexions la prochaine fois !
Heureusement on peut vivre la maternité que l’on choisi (même si ce n’est pas toujours celle qui est présenté comme « la » voie à suivre). Comme toi je n’avais pas d »envie vicerale no d’instinct maternel mais pourtant avoir des enfants a été une choses merveilleuse dans ma vie (et à égalité dans cette de mon mari) – je ne trouve pas que ca donne un sens à sa vie ou que ce soit la seule voie possible, mais clairement c’est une aventure hyper enrrichissante. Après la partie « maternité » pour moi est assez courte, une grosse année par enfant (grossesse+allaitement), après on arrrive dans la parentalité, et celle ci peut se diviser de manière egale entre les deux parents,sans que l »un ne doive se sacrifier justement. Il y a tant de manières d »etre parents! Il ne faut pas se limiter à ce que la société nous dit.
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Merci pour ton commentaire !
J’aime beaucoup ton idée que la partie « maternité » s’achève et qu’elle laisse la place à la « parentalité ». Je pense que c’est vraiment quelque chose qui a joué pour moi dans cette première partie de ma réflexion sur le sujet : l’impression que j’allais vivre une expérience seule, en tant que mère uniquement… Et je te rejoins tout à fait sur ta conclusion : la société nous renvoie l’idée d’une parentalité idyllique mais il y a tellement de façons différentes de l’apréhender !
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Je pense qu’avec mon chéri on te rejoint totalement sur ta réflexion. On se voyait avec des enfants mais sans extrême motivation et avec une grande peur à l’idée de se sacrifier et d’avoir un (ou plusieurs petits être dépendants de nous).
J’ai hâte de voir la fin de ta réflexion parce que nous on s’est finalement lancé (après 15 ans !) et franchement même si j’adore mon bébé et qu’il y a plein de super moments, j’ai toujours le sentiment que j’aurais été plus heureuse sans enfants !
Par contre, l’exemple qui t’a choqué ne m’avais pas choqué outre mesure. Même si je te comprends, je trouve que l’opposé arrive aussi assez souvent (une femme qui quitte son compagnon parce qu’il ne veut pas d’enfant ou pas maintenant). Je trouve ca justement chouette que la série montre l’autre côté. La parentalité n’est pas qu’un rêve de femme !
(Et après je pense que c’est un couple qui n’est pas assez solide et qui n’a pas la même vision de l’avenir donc qui n’était pas fait pour durer.)
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Merci beaucoup, je suis contente de savoir que c’est une réflexion que d’autres ont pu partager 🙂 La suite arrive bientôt 😉
J’espère que lorsque ton bébé aura grandi, ton sentiment s’apaisera. Cette période de l’enfance où un être humain est totalement dépendant de toi ne m’attire pas du tout, je préfère vraiment le moment où l’enfant commence à gagner en autonomie et où tu peux lui apprendre de plus en plus de choses pour assouvir sa curiosité.
Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il était bien de montrer que devenir parent peut être un rêve masculin aussi bien que féminin ! J’en rediscutais justement hier avec mon mari, parce qu’il est en train de revoir une autre série dans laquelle le problème est également abordé. Au final, notre conclusion est que tout dépend des circonstances… Ce qui m’avait blessée (oui, je pense que je m’étais peut-être un peu trop projetée ^^) dans ce choix scénaristique , c’est qu’aucune autre solution n’est envisagée par les deux personnages (dans mes souvenirs… qui sont lointains !)… Mais là encore, si c’était une vraie histoire avec de vrais humains, les raisons de leur choix seraient bien plus complexes et personnelles.
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Merci pour ton témoignage, c’est interessant de lire tout ton cheminement. Je suis un peu à l’opposé. J’ai toujours su que je voulais des enfants, c’était une évidence et si possible être une famille nombreuse et-ou en adopter. Petite je m’occupais toujours de mes petits cousins ou des petits lors des réunions de famille. Lorsque j’ai du m’orienter professionnellement j’ai longtemps hésiter avec le métier d’éducateur puis finalement je me suis tournée vers la com. J’ai eu mon premier enfant juste après mes 31 ans mais j’ai très mal vécu l’attente de mon premier bébé, je m’étais fais une fixation pour avoir mon bébé l’année de mes 30 ans au plus tard et il a mis presqu’un an à arriver. J’étais tellement angoissée à l’idée de ne pouvoir avoir d’enfant. J’ai eu beaucoup de mal à lâcher prise. Dans l’idéal j’aurais souhaité être maman jeune, genre 24 ans. Ensuite, une fois enceinte je me suis calmée j’étais rassurée et je me suis dis que je ne me remettrais plus la pression comme ça pour une future grossesse que je laisserais la vie venir, je voulais vraiment lâcher prise pour le coup sans rien calculer. Notre 2 est né 20 mois après le premier. Mon mari est issu d’une famille nombreuse et c’est notre souhait d’avoir aussi une famille de 3 ou 4 enfants. Alors je suis une maman qui materne beaucoup, qui allaite longtemps, mais je ne le prends pas comme un renoncement. Je trouve que la maternité m’a beaucoup appris, m’a énormément sorti de ma zone de confort et je me trouve grandis. Par contre, je comprends très bien qu’avoir des enfants ne soient pas le choix de tous le monde et que l’on puisse complètement s’épanouir autrement. C’est maintenant en ayant 3 enfants que je réalise tout ce que je pourrais faire si j’avais plus de temps. Je crois qu’il n’y a pas d’idéal, qu’il faut s’écouter. On est tous unique , on a pas les mêmes besoins et on est libre de choisir la vie qui nous convient et pas pour rentrer dans une case ou se conformer à la norme. Je trouve dommage de réduire la femme aussi à la maternité.
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Merci pour ton témoignage !
Je comprends (et j’envie un peu ^^) qu’on puisse avoir la certitude de vouloir avoir des enfants tout en sachant ce que cela représente (c’est un peu la même admiration que je ressens envers les personnes qui ont une passion et qui la vivent à fond). Je suis contente de lire que tu as réussi à lâcher prise. Personnellement, je n’ai jamais aimé les objectifs du style Bucket List (avant mes X ans, j’aurais fait ça et vu ça, etc) : que cela serve à te motiver pour réaliser tes rêves, oui, mais que cela devienne un outil pour t’angoisser, non merci.
Je suis tout à fait d’accord avec ta remarque : il faut s’écouter. Réussir à identifier ce qui te convient, ce que tu as envie d’être, de vivre, etc. C’est plus facile à dire qu’à faire mais c’est un bon mantra !
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Je me retrouve totalement dans tes réflexions. Je pense que le fait que M. Chéridamour soit déjà papa m’a vraiment aidé dans mes réflexions. Avoir Schtroumpfette à gérer au quotidien m’a permis de réaliser qu’avoir des enfants c’est plus de moments de bonheur et de joie que de contraintes… En tout cas je l’ai ressenti comme ça et c’était une vraie découverte. Je ne sais pas comment j’aurais évolué si cela n’avait pas été le cas. Je ne suis absolument pas certaine que nous aurions sauté le pas d’avoir un enfant.
Par contre pour l’avoir vécu, même si je n’avais pas ce besoin vicéral d’être maman bien au contraire, l’annonce de l’infertilté a été un véritable séisme pour moi et m’a fait prendre conscience que oui, je voulais des enfants. Pour autant, ne pas réussir à en avoir ne me faisait pas sentir moins « femme ».
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Merci 🙂 C’est super d’avoir pu se rendre compte de tous les moments de joie qu’amène un enfant avec lui !
Pour le sujet de l’infertilité, je sais bien que tant que ça ne m’arrive pas, je ne pourrais jamais vraiment savoir comment je réagirai… C’est toujours bien plus facile de réagir dans sa tête qu’en vrai !
Je te rejoins sur le fait de ne pas me sentir moins « femme » en ne pouvant pas avoir d’enfant en revanche. Dans mes réflexions sur la féminité, je ne lie pas « être femme » et « avoir/pouvoir avoir des enfants », c’est dissocié.
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Oh mon Dieu, j’aurais pu écrire ta chronique (d’ailleurs le sujet tourne dans ma tête depuis un moment haha) ! Je me retrouve tellement dans ce que tu dis. Le « vouloir des enfants oui car formaté comme ça mais quand il est temps de s’y mettre, se demander si c’est vraiment ce qu’on veut… » On en parle souvent avec mon mari, et je suis contente de m’apercevoir qu’on nous sommes énormément en phase. Ca fait plus de 15 qu’on est ensemble, on a toujours envisagé d’avoir des enfants « plus tard », et on se rend compte que le « plus tard » est désormais à notre porte et on s’interroge beaucoup car on est très heureux tous les deux et on a dû mal s’imaginer changer de vie. Parfois, je me dis que si l’un de nous était stérile ça règlerait le problème haha. Après je dis ça, mais comme toi je ne sais pas pas réellement comment je réagirai si c’était vraiment le cas. Bref, vaste sujet, qui a tendance à un peu m’angoisser, surtout avec la pression sociétale et familiale…
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Merci de ton commentaire ! J’espère que cette chronique (et la suivante) pourra vous aider dans votre réflexion 🙂 Nous aussi, c’était « plus tard », « plus tard », mais quand le « plus tard » a commencé à arriver, cela a entrainé chez moi une réflexion beaucoup plus profonde.
Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas faire les choses pour faire plaisir aux autres. C’est plus facile quand on est entouré de gens bienveillants, évidemment… et même dans ces cas-là, on n’évite pas toujours les remarques anodines qui peuvent faire mal. J’espère que vous avancerez à votre rythme sur cette question et que vous serez en mesure d’y apporter votre propre réponse bientôt ! 🙂
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Oh que c’est intéressant, cette réflexion autour de ma maternité !
Clairement, nous n’avons pas tout à fait le même cheminement, parce que moi, au contraire, j’ai toujours su que je voulais avoir des enfants, que ça ferait partie d’un de mes projets de vie les plus importants.
Et pourtant, au moment de sauter le pas, j’ai (en très condensé) les mêmes questionnements que toi : comment devenir maman sans me perdre moi, la femme active, qui aime ses loisirs et ses passions, qui aime dormir et être au calme ? J’avais peur de m’y perdre (et j’ai bien failli, d’ailleurs….) et j’angoissais énormément.
Et puis bon, j’ai cheminé, bien aidée dans ce rôle parent par mon conjoint, qui lui a toujours voulu être père et qui a le sens du sacrifice chevillé au corps, et maintenant, je me sens vraiment à l’aise dans mon rôle de mère, que j’ai taillé sur mesure ! 😉
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Merci pour ton retour, c’est très rassurant !! Je sais que je vais pouvoir compter sur mon conjoint aussi pour m’aider à appréhender mon nouveau rôle, et inversement évidemment. Je crois que tu as mis le doigt sur un problème : il faut être le parent qu’on veut être, et on a peut-être trop tendance à s’identifier aux parents qu’on a vus, ce qui nous empêche un peu d’envisager qu’on puisse être différent… Le sur-mesure, c’est bien 🙂
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