Quand les choses s’emmêlent
L’équilibre des choses
Je suis superstitieuse. J’ai toujours au fond de moi le sentiment que quand quelque chose de terrible se produit dans la vie, autre chose vient contrebalancer. J’ai raté un concours plusieurs fois, à mon grand désespoir. Mais cette expérience m’a été essentielle pour la suite. On n’a pas pu avoir d’enfant naturellement mais on a pu se lancer dans ce chemin de l’adoption qui nous correspond tellement.
L’inverse est vrai. Quand quelque chose de merveilleux m’arrive, j’ai toujours peur de voir un événement triste se profiler. Aussi quand on a appris qu’un enfant nous attendait, je n’ai pas pu m’empêcher de craindre ce qui pourrait se produire de négatif. Il n’a pas fallu longtemps pour que ce soit le cas.

Quand la maladie s’invite
Lorsque j’ai fait un petit point à l’automne pour te raconter où nous en étions dans notre parcours adoptif, je t’avais indiqué que M. Chéridamour avait été malade. Malheureusement, et malgré les propos rassurants des médecins, sa pathologie s’est réveillée 5 jours avant l’appel magique. Notre inquiétude était modérée par le fait que nous savions cette fois ce dont il s’agissait et connaissions le traitement.
Avant d’accepter la proposition d’adoption, j’ai précisé à notre OAA (Organisme Agréé pour l’Adoption) que M. Chéridamour était malade, tout en les rassurant avec les données que nous avions. J’ai bien senti que ça ne plaisait pas, et la personne souhaitait savoir pourquoi nous n’en avions pas parlé plus tôt. Je lui ai donc précisé que cette maladie n’était pas sensée avoir une suite (et pour être honnête, nous n’avons pas du tout pensé à les en informer !!)
Avec ces données, nous avons donc signé le consentement à l’adoption. La semaine suivante, M. Chéridamour avait rendez-vous avec son spécialiste pour une visite de contrôle. Elle ne s’est malheureusement pas passée aussi bien que nous l’imaginions.
Le verdict
Le spécialiste détecte autre chose. Une autre maladie, liée à la première. Le coup est dur : ça commence à faire beaucoup. Le spécialiste est prudent et souhaite vérifier. Il décide de programmer rapidement toute une batterie d’examens poussés.
M. Chéridamour s’inquiète. Beaucoup. Pour ma part, je crois en notre bonne étoile. Les 2 jours précédents l’examen, il est dans un grand état de stress, je ne sais pas comment le soutenir. De plus il est très fatigué, sans qu’on sache si c’est dû à sa maladie (que nous ne connaissons toujours pas, le spécialiste ayant pris soin de ne pas la nommer) ou au stress.
Le verdict tombe : c’est bien une 2ème maladie auto-immune, bien moins anodine que la première. Le spécialiste évoque un traitement sur plusieurs années, et un suivi à vie. M. Chéridamour est rassuré : un traitement existe. Quant à moi, je m’effondre au diagnostic car des recherches rapides sur des sites médicaux et de patients me font comprendre que c’est une maladie grave. Elle va impacter la qualité de vie de mon mari. Selon la gravité de la maladie, elle pourra être dormante et n’avoir que peu de répercussions, ou au contraire engendrer d’autres soucis de santé importants.
Tout se bouscule
Je me sens perdue. La situation n’est plus la même que quelques mois auparavant, où mon choix était évident : mon mari avant un enfant. Désormais, la question ne se pose plus en ces termes. Nous avons accepté l’adoption de notre fils. Nous avons effectué le dernier versement auprès de notre OAA. Et surtout, notre enfant n’est plus hypothétique, lointain. Il a un nom et nous avons commencé à nous projeter, à lui choisir un prénom, à décorer sa chambre. Nous pensons à lui depuis plusieurs semaines, tous les jours. Il ne s’agit plus de renoncer pour rien. Je comparerais (et j’espère que cela ne te choquera pas) à renoncer à un enfant avant d’être enceinte, ou décider d’avorter ou pas une fois enceinte.
Et ces deux événements se télescopent et s’entrecroisent. J’ai l’impression de traverser cette période dans un brouillard, d’avoir des hauts et des bas, souvent dans la même journée. Voici de quoi te donner une idée du timing :
- annonce de la reprise de la maladie de M. Chéridamour / appel pour nous annoncer que nous avons un fils ;
- 3 semaines plus tard, signature du consentement avec notre OAA / annonce d’une possible nouvelle maladie ;
- 15 jours plus tard, accord définitif du pays pour l’adoption de notre fils / nouveaux examens pour M. Chéridamour et confirmation de la maladie ;
- 2 jours plus tard, visite de l’assistante sociale et de la psychologue du département pour remettre notre dossier à jour / visite chez le spécialiste avec tous les résultats et début du traitement.
En deux mois, absolument tout s’enchaîne. Le bon, le moins bon, la joie, la peur, les certitudes, les incertitudes…

Les interrogations arrivent
Nous ne savons pas si nous devons parler de tout ça avec l’assistante sociale et la psychologue de notre département ou avec notre OAA tant que nous n’avons aucune information du spécialiste. Nous nous demandons si l’adoption peut finalement ne pas se faire avec mon M. Chéridamour malade (le pays peut-il revenir sur son accord ?) Et serons-nous désormais capable de nous occuper d’un enfant alors que M. Chéridamour est malade ?
Je me demande aussi si nous ne sommes pas très égoïstes de vouloir cet enfant malgré la maladie que va avoir son papa. Je doute de tout : de nous, de nos choix. Je m’inquiète de l’avenir. Je suis déjà de nature angoissée et anxieuse quand tout va bien, avec tout qui se dérègle je me sens perdre pied. Est-ce que nous arriverons à tout gérer ? Est-ce qu’on arrivera à être les meilleurs parents possibles pour ce petit garçon ? Aurons-nous l’énergie pour nous occuper d’un petit garçon plein de vie ?
J’en discute avec les copines chroniqueuses qui me soutiennent de façon merveilleuse et me redonnent confiance. Le plus important n’est pas la maladie de M. Chéridamour. Cela n’enlève rien à l’homme merveilleux qu’il est, au papa fabuleux qu’il va être. Il faut que j’arrête de me mettre la pression à vouloir être la meilleure maman possible. Nous allons faire front ensemble, et puiser dans nos forces pour offrir tout ce que nous pouvons à notre fils, l’aimer et lui donner un équilibre qui va lui permettre de se construire et d’avancer dans la vie. Nous ne serons pas les derniers parents confrontés à la maladie de l’un d’eux, et qui arrivent malgré tout à élever un enfant.
Oh là là comme je te comprends, à chaque belle chose, nous avons payé la facture. Je suis comme toi, bonne ou mauvaise, j’attends toujours le revers de la médaille.
En tout cas, je comprends votre dilemne. Quoique, ayant un tempéramment « joueur », je ne dirai rien pour ne pas casser le process d’adoption. Mais j’aurais aussi peur du retour de bâton … si la vie était plus simple…
J’espère que la maladie de ton compagnon n’est pas trop grave. Bon courage à vous.
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On ne peut effectivement jamais savoir ce que nous réserve l’avenir, et nous avons pris la décision de ne rien arrêter. Impossible pour nous de faire marche arrière.
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Oh que c’est difficile après cette nouvelle tant attendue. J’espère que ton conjoint n’est pas trop impacté par la maladie et que cela ne remet pas en cause l’arrivée de votre petit garçon. Je suis sure que vous saurez dépasser cette épreuve et je vous souhaite le meilleur à venir. Prenez bien soin de vous.
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Merci beaucoup pour ces mots.
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Peut etre que mon témoignage peut t’aider : mon père est atteint de deux maladies chroniques dont une autoimmune qui limitent sa qualité de vie : pas de voyages, de sports ou de restaurant pour lui par exemple, et des passages courts mais réguliers à l’hôpital. En tant qu’enfants nous n’avons jamais eu consciences réellement de ces problèmes, on savait juste que régulièrement papa était fatigué. Aider aux devoirs, faire des bisous, jouer aux playmobils, faire des crêpes, planter des fleurs dans le jardin.. ce sont les petites choses qui sont importantes pour les enfants!
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Merci pour ce témoignage !! C’est rassurant. Nous sommes assez casaniers de nature. Je pense que le principal pour notre enfant sera d’avoir des parents qui s’aiment et qui l’aiment et lui offent une grande stabilité et les ressources nécessaires pour grandir. Et le spécialiste à qui nous avons parlé de notre projet n’était pas du tout inquiet.
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C’est sûr que le timing des évènements est déroutant. Mais si seulement les personnes 200% saines (physiquement et mentalement) pouvaient avoir des enfants, biologiques ou non, il n’y en aurait pas beaucoup. C’est la vie, alors si vous vous sentez la force d’offrir une belle vie a cet enfant, continuez. En effet ce sont les petites choses qui sont importantes pour les enfants!
Ta comparaison ne me choque pas du tout. Mais peut-être est-ce plutôt « terminer la grossesse et donner le bébé », et non pas « avorter », pour la deuxième possibilité. Car ce petit grandit beaucoup dans vos cœurs et continuera sa vie autre part s’il ne vient pas chez vous finalement.
Je vous souhaite beaucoup de courage et j’espère que cette maladie n’est pas trop grave!
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Je connais des futurs parents adoptifs ou déjà parents (par adoption ou pas) qui ont des soucis de santé. Cela ne les empêche pas d’être de bons parents. La maladie de mon chéri aurait très bien pu se déclencher une fois notre enfant ici. On a décidé de continuer et vivre avec plutôt que de tout arrêter car cela voudrait dire qu’on n,’a plus aucun projet ou espoir dans l’avenir..
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La vie va comme elle veut et non pas comme nous voudrions qu’elle aille. Elle nous donnes des cartes en main et tout ce que nous pouvons faire, c’est de jouer de notre mieux. Vos doutes et vos questionnements sont tout à fait normaux et inévitables. Ils naissent essentiellement du fait que les évènements se sont superposés et entremêlés.Mais il faut prendre confiance en vous, en tant que couple, futur père, future mère, future famille. Comme vous le dites en conclusion de votre article : vous ne serez pas la seule famille a affronter la maladie en même temps que la maternité / paternité. L’essentiel, je crois, pour réussir à sillonner ce genre de chemin de vie difficile, c’est l’amour. Or, de l’amour, j’ai l’impression, à vous lire, que vous en avez à revendre. Courage. Je ne sais pas si il existe une balance cosmique dans l’univers qui tend à équilibrer nos joies, nos larmes, nos bonheurs et nos malheurs. Mais je suis sûre d’une chose : l’amour endure tout.
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Désolée de ne répondre si tard, je n’avais pas vu qu’il y avait d’autres commentaires ! Merci beaucoup pour ces mots.
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J ai eu des amis qui lors de lors de la procédure d adoption ont dû faire face à un cancer… quand ils ont demandé au cancérologue s ils devaient cesser les démarches, le médecin a répondu: « bah non, vous continuez, y a pas de raison! »
Ça fait 10 ans! Et depuis, ils ont accueilli deux enfants, et tout le monde va bien.
Je croise les doigts pour vous!
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Merci beaucoup pour ce message. J’ai l’impression que c’est assez rare en cours de procédure que la maladie apparaissent. Mais c’est plutôt rassurant de savoir que ça n’empêche pas d’arriver à réaliser son rêve.
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