Chronique d’une grossesse à haut risque (1) : le début en apnée

Chronique d’une grossesse à haut risque (1) : le début en apnée

La genèse d’une nouvelle aventure

Nous sommes à la fin des vacances d’été 2020. Ma petite famille sort de deux mois estivaux intenses et non reposants, particulièrement pour moi qui vient d’encaisser coup sur coup 2 fausses-couches. Nous n’avons pas passé un bel été, gênés par des imprévus financiers et une petite fille qui enchaine crise sur crise. Nous avons annulé en catastrophe nos vacances et je vis difficilement le fait de ne pas avoir changé d’air après ces mois intenses que nous avons vécu depuis le début d’année avec l’arrivée du Covid 19 dans nos vies.

Même si nous savons que nous n’avons pas une grosse marge de temps, nous décidons de faire une pause dans nos essais. Je suis trop affectée émotionnellement et je ressens le besoin de faire le point avec moi-même. Mon moral est bas, je suis clairement dans une phase de moins bien de ma dépression. Je n’ai pas envie de commencer une nouvelle grossesse épuisée psychologiquement, j’aimerais pouvoir en profiter pleinement car ça sera très certainement la dernière.

Début septembre, alors que je décide justement de combattre ce moins bien de front, mon cycle a du retard. Je mets cela sur le coup de la dépression, même si je suis réglée comme une horloge d’ordinaire. Mais les jours passant et ne voyant toujours rien arriver, je décide quand même de faire un test, juste histoire d’enlever cette éventualité de ma tête. Après tout, l’adage veut que de faire un test de grossesse fait généralement arriver rapidement les règles. Mais contre toute attente, celui-ci s’avère positif. Je me retrouve un peu dans la même position que 3 ans plus tôt, incrédule devant cette seconde barre qui s’affiche. C’est le brouillard total dans ma tête.

Photo de SHVETS production provenant de Pexels

Sur le moment, je ne ressens aucune joie. J’ai juste le réflexe de mettre la main sur mon ventre et de murmurer « s’il te plait, accroche-toi ». Lorsque mon mari rentre le soir, j’attends que petit koala soit couchée, et je lui annonce que j’ai un test positif. Sa première réaction est assez semblable à la mienne, « Est-ce qu’elle va tenir ? ». Il montre cependant plus de joie que moi. Même si je n’arrive pas à l’extérioriser, il y a quand même une part de moi qui est ravie. Je suis bien fertile. C’est d’ailleurs ma troisième grossesse sur 4 cycles. Moi qui craignait qu’en ayant pris 3 ans je sois moins fertile, c’est rassurant.

Le lendemain, je refais un test et la seconde barre est plus foncée. Cela me rassure un peu. J’en informe ma diabétologue qui me prescrit des prises de sang à faire à plusieurs jours d’intervalle pour s’assurer que la grossesse évolue bien. Elles s’avèrent toutes positives, avec de bons taux, et me situent aux alentours de 5 SA, ce qui correspond à mes calculs. Cette fois ça a l’air d’être la bonne et on commence immédiatement la surveillance rapprochée de mon diabète. Je calcule rapidement autour de quelle date le terme pourrait se situer, et lorsque je vois qu’on arrive au mois de mai, je ne peux m’empêcher d’y voir un signe.

En route pour 9 mois

Deux semaines plus tard, j’ai rendez-vous avec mon gynécologue pour une échographie de datation. Le contexte du Covid fait qu’une fois de plus, je suis seule dans cette salle d’attente. L’attente avant le rendez-vous me semble interminable. Je passe par tous les stades possibles, mais c’est vraiment la peur qui domine. J’ai très peur qu’on ne voit rien à l’échographie, ou que tout se soit à nouveau arrêté encore une fois. Comme à son habitude, mon gynécologue essaye de me rassurer d’entrée. Il a reçu les résultats de mes prises de sang. Pour lui il n’y a aucune raison que la grossesse ne soit pas évolutive cette fois vu la progression des taux. Mais j’ai tout de même du mal à me décrisper. On fait un point rapide, et je retiens mon souffle tout le début de l’échographie, jusqu’à ce qu’il me montre le petit sac et me fasse entendre les battements du cœur. Soulagée, j’éclate en sanglots. Pour la première fois en quinze jours, j’entrevois enfin une vie grandissante en moi.

On fait ensuite un point. Vu mon historique et devant mes comorbidités, sans aucune surprise, mon gynécologue me dit que ma grossesse est classée à très haut risque. Il insiste énormément sur le fait que chaque grossesse reste unique et que rien ne peut prédire ce qui va se passer pour celle-ci. Malgré tout, on fixe plusieurs dates paliers, pour m’aider à me détendre un peu et à me projeter. Le maître mot sera repos. On sait que ce qui m’a le plus fait défaut à la fin de ma première grossesse, c’est de l’énergie. Il me demande aussi de rester bien vigilante quant à mon moral parce que ça va énormément jouer.

Photo de Josh Hild provenant de Pexels

Je suis sur un nuage quand je quitte le cabinet pour rejoindre mon mari qui m’attendait dans la voiture sur le parking. Je lui annonce la bonne nouvelle et vois le soulagement sur son visage. Notre second petit tant souhaité et tant attendu a l’air d’être parfaitement en route. Notre vie va encore prendre un virage à 90 degrés.

Cette grossesse tellement attendue s’annonce déjà émotionnellement compliquée pour moi. Je sais que je suis très sensible aux hormones, je m’attends donc au pire niveau ascenseur émotionnel. Je choisis donc de prendre chaque jour après l’autre, ou du moins, j’essaye de le faire. Mais je vais rapidement me rendre compte que c’est plus facile à dire qu’à faire.

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