Chronique d’une grossesse à haut risque (2): Le premier trimestre

Je suis donc enceinte et cette fois, ce petit embryon a l’air bien accroché. Revenons sur la discussion avec mon gynécologue à l’issue de l’échographie de datation.

La tension du début

Malgré tous ses mots pour me rassurer, je n’arrive pas une seconde à me décrisper. En plus de ma première expérience de gestation ratée, il s’avère que je suis terrorisée par mes fausses-couches successives. Elles sont tellement fraîches dans le temps que je suis incapable de me projeter. Je n’arrive pas à réaliser que cette fois, un petit être grandit et grossit bien un peu plus chaque jour.

Si mon corps s’adapte rapidement au changement, mon cerveau lui n’intègre pas que je suis enceinte. Je suis épuisée et je n’arrive plus à tenir le rythme, ni à m’occuper de ma fille qui déborde d’énergie. J’ai très vite la tête qui tourne et le moindre effort me demande une énergie considérable. Les nausées arrivent vite avant de se transformer en Hyperemesis Gravidarium encore une fois, et j’ai en plus, de fortes chutes de tension. Devant mon épuisement, mon gynécologue décide de me mettre à l’arrêt 2 semaines, en me demandant de me reposer un maximum. Mais au bout des 2 semaines, non seulement je n’ai pas retrouvé d’énergie, mais en plus j’ai des micros saignements qui me font paniquer. Bien que tout aille bien, je me retrouve alitée en prévention.

Photo de MART PRODUCTION provenant de Pexels

Constamment malgré tout, je me refuse à me projeter ou même me réjouir. Je suis à l’affût du moindre signe qui serait négatif. Je suis persuadée que si je me relâche ou que j’en parle, il va m’arriver quelque chose. Je ne veux pas m’attacher à ce petit être par peur d’avoir une fois de plus le cœur brisé. J’ai des rendez-vous médicaux toutes les semaines, avec une échographie toutes les 3 semaines qui sont de brefs instants de soulagement, où je vois mon embryon se métamorphoser en fœtus un peu plus chaque fois. Ils sont toujours précédés et succédés de crises d’angoisse, qui ne sont pas aidées par le contexte sanitaire qui veut que mon mari ne puisse pas m’accompagner à ces échographies de contrôle. Me retrouver seule dans la salle d’attente est une véritable épreuve où je finis toujours par pleurer sous le coup du stress.

Un secret bien gardé

En dehors de mon équipe médicale, je refuse de parler de ma grossesse. Les rares personnes au courant sont celles à qui je ne pouvais pas le cacher pour des raisons évidentes. Très vite, j’ai un ventre apparent qui fait que je n’ose même plus aller relever mon courrier, de peur de croiser un voisin qui se rendrait compte que je suis enceinte. Je ne veux pas recevoir de félicitations et faire semblant de me réjouir quant au fond de moi ce n’est que peur et panique. J’en suis à un point où j’ai béni le second confinement car cela me donnait une bonne excuse pour ne voir personne.

Photo de Ivan Samkov provenant de Pexels

Tout mon premier trimestre se passe au fond de mon lit, dans une ambivalence que j’ai moi même du mal à comprendre. Je ne comprends pas pourquoi après avoir tant souhaité que cette nouvelle grossesse s’installe, je le vis aussi mal. Je ne comprends pas cette peur qui ne me quitte jamais. J’ai beau essayé de me détendre, appliquer les exercices conseillés par ma psychologue, rien n’y fait. Mon esprit est une fois de plus envahi de « et si ? ». Et si au moment où je dis à quelqu’un que j’attends un enfant, en fait le cœur ne bat plus pour x raison et je ne suis plus enceinte sans le savoir ? Et si mon corps décidait qu’il n’en voulait plus et le rejetait ? Je me suis perdue dans les méandres de l’anxiété et j’ai vraiment cru que je n’arriverais jamais à m’en défaire.

C’est ainsi que nous avons fait la déclaration officielle de grossesse pour l’administration au dernier moment possible. Jusqu’au bout, j’ai essayé de repousser ce moment, avec appréhension. Et un jour finalement, j’ai ressenti des petits papillons dans le ventre. L’existence de ce petit est d’un seul coup devenu réel. Sans pour autant vouloir l’annoncer plus que ça, j’ai commencé petit à petit à desserrer la boucle et à accepter mon état, et l’éventualité que quelques mois plus tard, j’aurais un bébé dans mes bras.

2 commentaires sur “Chronique d’une grossesse à haut risque (2): Le premier trimestre

  1. Je me reconnais un peu dans ton 1er trimestre. Après avoir voulu longtemps cet enfant, j ai déprimé pendant 2 mois. Heureusement l arrivée du 2nd trimestre, des nouvelles de sa santé encourageantes m ont petit à petit détendue.
    J espère que la suite de ta grossesse s est bien passée

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  2. C est tellement horrible ce premier trimestre de grossesse. Je me reconnais tellement dans tes peurs . Au point que lorsque j ai dû annoncer ma grossesse (vers 5 mois?), je me mettais à pleurer à chaque fois d angoisse.

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