Terrible two, threenager, Fucking four et le reste
Si tu es parent (voire si tu ne l’es pas mais côtoie des parents et des enfants) tu connais forcément ces termes. Ceux que l’on redoute, ceux qu’on nous répète quand on peut mentionner les quelques soucis qu’on rencontre avec nos enfants, ceux qui ont généré des milliers d’articles (plus un XD). Bref, ceux dont on ne sait plus quoi faire.
Alors que vais-je donc évoquer dans cet énième article sur le sujet ? Et bien je vais te parler du moment où tu as le droit de t’inquiéter. Le droit de dire « non là ça ne me semble pas un simple passage obligé ». Le droit de demander de l’aide et qu’on arrête de te répondre que ça va passer et que c’est juste une phase.
Avant de me lancer je vais quand même faire un rapide résumé de ce que représente ces fameuses expressions. Elles existent pour « catégoriser » l’apprentissage de la frustration par lequel passe l’enfant pendant sa construction. Alors au début c’était juste autour des deux ans puis ça a glissé, ce qui a donné les nouveaux termes associés aux âges grandissants. Du coup, de façon satirique, mon chef qui ne supporte toujours pas la frustration à 40 ans, il vit un « Unbearable forty » ? A partir de quand on arrête de créer des catégories diverses et variées ?
Je suis maman de deux enfants. Ils sont complètement à l’opposé l’un de l’autre et notre expérience en temps que parents est antagoniste alors qu’ils n’ont que très peu d’écart. Ils n’ont pas du tout fait les mêmes apprentissages au même moment. Le premier était un bébé extrêmement calme et très observateur, très dépendant de moi les premiers mois tout en étant extrêmement ouvert sur le monde. Le deuxième était un boulet de canon qui a persisté à se lancer dans le vide dès qu’il le pouvait (pour vérifier notre résistance cardiaque), qui s’endormait tout seul sans soucis dès son premier mois mais est devenu un petit koala en grandissant.
La découverte de la frustration
Petit A avait un peu plus de neuf mois quand on a expérimenté sa première crise de frustration. Je le revois par terre dans la salle de bain entrain d’hurler et moi me demandant si avoir un deuxième enfant était finalement si raisonnable mais que de toute façon c’était trop tard j’étais déjà enceinte. (Oui mes enfants ont 17.5 mois d’écart). Petit A fait des crises, violentes, imprévisibles, où il est le plus malheureux du monde et nous, désemparés face à ça.
Je n’ai pas du tout ce genre de souvenir avec Petit M. Lui, je me souviens de ses crises quand on tentait de l’obliger à faire ce qu’il avait décidé de ne pas faire (comme manger des carottes a 18 mois…). Mais elles n’éclataient pas sans prévenir ou en tout cas, on les voyait arriver et on identifiait facilement les raisons.
Petit A a toujours énormément déchargé, on savait qu’à chaque changement on allait subir des orages d’émotions. On a passé de longues heures avec lui dans le noir, tout petit bébé qui pleurait toutes les émotions de sa journée. On a passé de longues minutes les yeux rouges de l’avoir laissé en pleurs à l’école, arraché de nos bras, pendant les six premiers mois de petite section.
Quand nous vivions tout ça on avait toujours le même discours des professionnels : il est petit, c’est normal à son âge, il est de fin d’année, ça va passer…
Quand ça ne passe pas
Aujourd’hui Petit A a sept ans, Petit M a bientôt six ans et nous voyons bien que Petit M a évolué dans sa gestion de la frustration, même s’il continue à avoir son petit caractère, les conflits sont moins violents et il les vit moins profondément. Malheureusement, nous ne pouvons pas dire la même chose de notre fils aîné. Il explose, il vrille, il n’arrive pas à se contenir, il cherche constamment à exploser le cadre mis en place : par nous, par l’école voire dans les magasins où il va essayer de passer là où il n’a pas le droit.
J’étais d’ailleurs déjà venu t’en parler dans cet article et globalement nous n’avons pas vraiment d’évolution. Pourtant nous avons essayé beaucoup (beaucoup) de choses. Nous sommes allé voir une psychologue en début 2022, nous avons vu une ostéopathe, nous avons testé les récompenses, les punitions, de lui faire confiance en lui racontant des informations « pour les grands ». J’ai moi-même fait une thérapie pour régler son avant naissance et sa naissance, pour pouvoir lui en parler et être en paix avec cette partie de mon (notre) histoire.

Mais fin 2022 toujours le même mur, et l’école qui commence elle aussi à lever des signaux d’alerte sur le fait que le comportement qu’ils acceptaient au CP devient de plus en plus problématique en CE1. Les convocations, l’équipe éducative désemparée qui nous explique elle aussi avoir tout testé. Et pourtant je continue à faire face à mon entourage qui me dit que tout va bien et que ça va passer. Qu’on s’inquiète trop. Que c’est une phase…
Non. Je le sais, je le sens. Attendre que ça passe en faisant le dos rond ne va rien résoudre. On est épuisé avec son père de cette bataille permanente. Donc on choisit une nouvelle psychologue, spécialisée dans le développement de l’enfant cette fois ci. Et dès la première séance elle confirme des comportements « anormaux ». En dix minutes elle a remarqué son besoin d’exploser le cadre, sa pensée en arborescence qui peut entraîner des crises chez lui qu’on avait pas anticipé (parce qu’il est déjà à 1000 idées plus loin que la discussion de base), son intelligence.
Nous sommes maintenant quelques séances après et on commence à avoir des pistes qui se dessinent. Nous sommes encore très très loin d’une amélioration mais nous cheminons dans le bon sens. J’avais raison, nous avions raison avec Monsieur Génial. Ce n’est pas juste une phase, ce n’est pas un souci dans notre façon d’accueillir ses émotions ou de fixer le cadre.
Donc cet article pour vous dire de vous faire confiance. Vous vivez avec votre enfant au quotidien, comme vous êtes sa personne de référence, la réciproque est vraie. Vous êtes ceux qui le connaissez le mieux. Les autres ne voient qu’une partie de votre vie. Vous êtes légitimes de vous inquiéter. Vous êtes légitimes dans vos plaintes et vos démarches. On peut avoir voulu un enfant plus que tout, être extatique de l’avoir et de vivre ce bonheur, et pourtant lutter tous les jours et se dire que ce n’est pas normal.
La maternité et la paternité c’est un saut dans le vide où on n’arrive jamais à se stabiliser. Personne n’a toutes les réponses. Tous les livres du monde n’ont pas été écrits pour votre enfant qui est un être unique, parfois ce qui est « normal » n’est pas la normalité de votre parentalité. Et c’est ok.
Merci de cet article, je me suis heurtée de temps en temps à une incompréhension de l’équipe éducative ou de la crèche ou de la nounou devant mes inquiétudes, maintenant, ça va mieux car ma fille verbalise beaucoup (vachement plus facile pour trouver l’origine du problème 😉 ) mais, comme vous deux, on n’a jamais rien lâché. On a toujours considéré que, de la même manière qu’un parent sait à peu près (ce n’est malheureusement pas un science exacte) faire la différence entre les différents accès de colère de son enfant, il sent/sait quand un comportement est anormal. Je ne dis pas grave, profond, etc. Juste hors de la norme dudit enfant.
Alors oui, écoutez-vous chers parents, parfois vous découvrirez des petits rien pour vous qui peuvent paraître impressionnants/inquiétants ++ pour votre enfant, « facile » alors de décanter le problème mais d’autres fois, vous devrez aussi expliquer l’inexplicable à un enfant de 3, 4 ou 5 ans, il n’est alors pas toujours facile de trouver les mots ou la réponse, quelle qu’elle soit.
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Nous sommes ceux qui connaissons le mieux notre enfant. C »est tellement facile de considérer qu’un médecin, un parent « plus expérimenté », le personnel éducatif pourrait mieux savoir que nous. Mais non. Il faut apprendre à se faire confiance. Et c’est bien le plus difficile dans la parentalité.
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J’ai tellement l’impression que c’est la description de ce qui se passe chez moi…. un grand explosif qui va toujours plus loin, en gestes et en pensées que ce que l’on attend. Chez nous la psychologue a fait du bien quand il était en maternelle, on envisage d’y retourner maintenant qu’il est en CP car son côté décalé et « trop » curieux est parfois compliqué avec les autres enfants ainsi que la frustration que la relation aux autres peut engendrer
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Le CP est un cap très important et sur certains « troubles » est extrêmement révélateur. C’est top si le suivi psychologique permet de faire du bien! Nous ici ça ne suffit plus mais on va trouver quelque chose qui fonctionne j’en suis sure!
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Si tu me permets une dernière question, que veux-tu dire lorsque tu écris que le CP peut être très révélateur de certains troubles ?
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Dans le sens ou le CP est la première année ou on demande une grande adaptation a l’enfant. La maternelle est la pour la socialisation et l’enfant ne va pas être obligé de rester assis toute la journée ou a se concentrer sur des périodes un peu longues. De la même façon pour les acquisitions en maternelle ou on ne se formalisera pas d’un enfant qui ne sait pas lire des mots simples en fin de grande section par exemple. La plupart des troubles dys deviennent souvent plus gênant pour l’enfant à l’entrée au CP donc plus visible pour les parents. Même pour des choses très simples comme des soucis de vision léger, avant le CP les supports sont gros et l’enfant est proche du tableau donc on peut ne pas détecter un léger trouble de la vision qui va devenir évident en CP avec les nouveaux supports de lecture.
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Merci pour cet éclairage et bonne continuation à toi, en espérant que ton p’tit bout trouve enfin la paix.
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Bonjour,
Merci pour ton article, mon ainé a 5 ans et nous vivons la même chose, depuis tout petit nous trouvons qu’il y a un décalage avec les autres enfants, mais la phrase des institutions et du monde médical était la même : il est de fin d’année, ne vous inquiétez pas !
Après plusieurs psy, consultants en tout genre, sa pédiatre nous a enfin écouté…nous sommes en plein bilan psychomotricien, neuropsychologue, nous n’avons pas les résultats, mais on se sent écouter et SURTOUT lui aussi !
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C’est extrêmement important de se sentir écouté! Je trouve que ça libère d’un poids de savoir qu’on était légitime dans nos inquiétudes et qu’elles sont prises au sérieux.J’espère que (pour toi comme pour moi) le bilan permettra de déboucher sur un plan d’action nous permettant de mettre en place ce qu’il faut pour accompagner aux mieux nos enfants! Courage!
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Je profite de ce dernier article pour vous dire au revoir. Ma vie ne me permet plus de m’impliquer comme je le souhaite dans ce blog et à la fin de la semaine je me retire de cette aventure. Merci à toutes celles qui m’ont accompagnés depuis DMT et SNT. Cette parenthèse « bloguesque » représente presque 10 ans de ma vie et je n’oublierais pas tout ce qu’elle m’a apporté. Merci d’avoir été là pendant mes grossesses, mes MAP, mon début dans la parentalité, mon début dans le monde du travail, mes achats immobiliers… en bref ma vie. Je vous souhaite à toutes le meilleur possible et bonne continuation à mes collègues de BDV 😉
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Un immense MERCI à toi pour avoir contribué à la fondation de ce blog et l’avoir porté si longtemps avec nous !! Ton implication a été moteur, et je sais que je ne suis pas la seule à t’être reconnaissante de tout ton travail ❤
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❤ ❤ ❤
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Merci de tout ce que tu as fait pour le blog, et + encore… tu seras toujours la bienvenue quand tu auras besoin de vider ton sac, un petit article de temps en temps, nous raconter l’évolution de tes 2 garçons ou autre ? 🙂
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