Mes enfants et mes peurs

Mes enfants et mes peurs

Autant que je m’en souvienne, avant d’avoir des enfants je n’étais pas spécialement stressée par ce qui touchait à ma santé. J’allais peu chez le médecin et il me semble que j’étais finalement assez peu malade (logique, j’avais aussi moins de vecteurs à la maison !). Même ce qui aurait pu m’inquiéter (comme le fait d’avoir la nausée tous les matins pendant 2 ans pendant ma prépa… merci le stress !) n’avait pas vraiment de prise. Je faisais froidement la part des choses.

Première grossesse

J’aurais dû me douter du coup dur que subirait ma rationalité lorsque nous avons voulu devenir parents avec le capitaine. Nous avons connu une période d’infertilité de plus de 2,5 ans qui, s’il elle n’a finalement pas été si longue au regard de certains parcours, m’a littéralement provoqué des crises d’angoisse : j’avais peur de ne jamais avoir d’enfant à qui transmettre un héritage (au sens matériel et immatériel).

Quand je suis tombée enceinte de mon premier enfant en décembre 2016, j’ai d’abord ressenti un immense soulagement : ça pouvait fonctionner ! J’étais alors sur mon nuage et persuadée que désormais j’allais être zen et reprendre le contrôle (mwahahahah … si j’avais su !). Effectivement ça a durée quelques semaines, malgré l’appel en catastrophe de ma gynécologue pour me voir le plus vite possible et de l’endocrinologue qui suivait mon diagnostic d’hyperplasie congénitale des surrénales (cf. Mon Petit Miracle de Noël). En presque 3 ans d’attente on a le temps de lire beaucoup (beaucoup beaucoup) de témoignages, du plus merveilleux au plus horrible. C’est ainsi que je me suis retrouvée à mon échographie de datation, un 6 janvier, à serrer la main de mon mari en priant pour ne pas découvrir un œuf clair ou une GEU. A l’écho tout allait bien et j’ai pu souffler un peu en me disant qu’à partir de là je n’avais plus qu’à profiter (mwahahahah… Spoiler : j’apprends pas vite).

La petite voix dans ma tête a commencé à me susurrer qu’avant trois mois les risques de fausse couche étaient assez élevés… Bon ok mais après l’écho du premier trimestre on peut se détendre non ? (scoop : moi pas !)

Et c’est ainsi qu’à chaque étape j’étais soulagée quelques instants et que le stress reprenait. Bon disons que sur une échelle de un à 10 je naviguais entre 1 et 4 pour cette première grossesse.

Je faisais aussi très attention à ce que je mangeais (ma gynécologue m’ayant fait un tableau assez inquiétant des aliments et cuissons à éviter…) mais je n’ai paniqué qu’une seule fois, avec un pâté sous-vide…

Jaunisse et blouses blanches

Une fois bébé sorti, comme je suis décidément une optimiste qui s’ignore, j’ai cru que je pourrais enfin profiter de ma maternité tranquillement. C’était sans compter sur la jaunisse flambante de mon Petit Miracle qui nous a conduit à l’hôpital pour son 10° jour. Plus de place en néonatalogie (particulièrement pour un bébé pas né dans cet hôpital apparemment), nous nous sommes donc retrouvés en gastroentérologie (absolument pas adapté pour un nouveau né…). J’ai donc eu droit aux infirmières qui donnent un biberon à mon fils allaité sans me prévenir, au chef de service gastro qui apparemment avait allaité beaucoup d’enfants et savait exactement d’où venait le problème sans même m’avoir écoutée et qui m’a dit que « c’était difficile l’allaitement mais qu’il fallait se forcer », à l’infirmière qui a refusé de me donner le lait tiré pour faire un biberon car « vous le remettez au sein », et clou du spectacle : à la chef de service ictère (j’ai oublié le nom de sa spécialité) qui m’a dit « vous ne l’avez pas nourri, c’est pour ça qu’il est là, ça aurait pu être très grave ». Bizarrement quand je galérais à le réveiller à 4h du matin pour le mettre au sein en pleurant autant que lui, je n’avais pas cette impression…

stéthoscope
Credit Photo (Creative commons) : parentingupstream de Pixabay

C’est ainsi que 12 jours après mon accouchement je me suis retrouvée chez moi, seule avec ce bébé, l’impression que j’avais déjà échoué, un allaitement foiré alors que j’y tenais beaucoup (si ça t’arrive et que ça te mine, file rencontrer une conseillère en lactation, ce sera peut-être un des meilleurs investissements de ta maternité), et la sensation de n’avoir pas su m’occuper de mon fils (alors que je m’étais levée toutes les 3 heures pour le mettre au sein et le réveiller car il ne prenait pas de poids et que j’avais parfaitement su reconnaître le moment où il fallait aller aux urgences). En plein post-partum j’avais donc intégré que je n’étais pas capable de détecter un problème de santé seule et que seuls les médecins savaient, eux.

Je n’ai réalisé que lors de ma deuxième grossesse cette peur de « ne pas savoir faire » grâce à une psychologue et j’en ai beaucoup voulu à toutes ces blouses blanches qui m’avait dépossédée du peu de confiance que j’avais alors.

Quand l’école s’en mêle

Les choses ont à peu près roulé jusqu’à l’entrée en maternelle de Petit Miracle, même si je te passe mes angoisses quand il vomissait tous les soirs sans raison, les fièvres sorties de nulle part et disparues aussitôt, etc. J’espère trouver le temps d’en parler plus longuement car il y a beaucoup à dire sur cette première année de maternelle…

Faisons court pour aujourd’hui : le Covid, une première découverte de la collectivité (car il était chez une assistante maternelle pour ses trois premières années), un chef harcelant pour mon mari et des départs de ce dernier en mission 3 semaines sur 4 de septembre à décembre. Les premiers mois d’école de Petit Miracle ont été chaotiques et on a commencé à nous parler d’autisme.

Je suis retrouvée à pleurer mon enfant rêvé en me demandant comment j’avais pu passer à côté de ça pendant si longtemps. Quelque part au fond de moi je savais qu’il était turbulent et difficile mais qu’il était « normal », mais l’équipe pédagogique et périscolaire m’a tellement dit qu’il y avait un problème que j’en étais malade (je l’aurais accepté, mais fin 2020 c’était un peu trop pour moi et j’avais encore cette sale impression d’avoir été à côté de la plaque pendant longtemps). La famille du capitaine commençait aussi à donner son avis et il allait dans le même sens. Nous avons fait plein de bilans – tous normaux – nous avons tenu bon et finalement, Petit Miracle est rentré dans le moule, il est toujours turbulent mais tout à fait dans la moyenne. Pour autant j’essaye de préserver au mieux les bons côtés de son « originalité » et de sa spontanéité parce que je trouve que même s’il nous bouscule nous avons aussi beaucoup à apprendre de lui.

enfant dans les bras d'une femme
Credit Photo (Creative commons) : freestocks-photos de Pixabay

Deuxième grossesse et nouveaux défis

Forte de ma première expérience je pensais que je serais plus sereine pour la grossesse de Petit Cadeau, le petit frère de Petit Miracle. Sans trop de surprise je suis redevenue une psychopathe pour tout ce qui touchait à la nourriture. Mais ma peur du CMV (alors que mon aîné n’était plus vraiment dans la tranche d’âge à risque) a été plutôt désagréable à vivre : je ne voulais pas rejeter Petit Miracle mais je voulais aussi être sûre de faire mon maximum pour protéger ce deuxième bébé.

A cela s’est aussi ajouté la peur des chocs avec le grand.

Je te passe mes craintes irrationnelles à chaque petite fièvre ou symptôme inexpliqué pour Petit Miracle… et ma crainte de la prématurité (col un peu court à 5 mois alors qu’il était passé sous les 25 mm à 7 mois pour ma première grossesse – sans conséquence les deux fois). Nous sommes arrivés au bout et il a même fallut donner un petit coup de pouce à Petit Cadeau, tant il était bien au chaud !

Deux enfants, deux fois plus de stress ?

Dans mon cas oui !

Il faut dire qu’à à peine 15 jours de vie, Petit Cadeau a été hospitalisé pour bronchiolite pendant 10 jours… Ce qui a changé c’est que je ne me suis pas laissée faire par les médecins (évidemment pour le côté médical j’ai tout écouté sérieusement mais j’ai suivi mon instinct pour le reste et j’ai gardé confiance en mes capacités de maman). Une nouvelle hospitalisation à 2,5 mois, toujours pour bronchiolite (mais avec un angoissant passage aux urgences option ambulance et suspicion d’infection bactérienne) m’a encore mise à l’épreuve. D’autant plus que deux enfants veut aussi dire passage des virus et microbes de l’un à l’autre… quand on sait que Petit Miracle attrape tout ce qui traine à l’école et a facilement de la fièvre et que Petit Cadeau récupère tout ce que ramène son grand-frère et monte vite et beaucoup en température, pas facile d’être sereins !

Finalement nous avons appris récemment que Petit Cadeau faisait de l’asthme du nourrisson : un nouveau challenge pour moi qui ne connaît pas du tout cette maladie. Je m’interroge donc souvent sur la normalité de la respiration de mon petit dernier et la nécessité ou non d’intervenir.

Ajoutons à tout cela que Petit Miracle est un vrai casse-cou, nous allons aux urgences en moyenne tous les 2 mois !

Ça ira mieux en grandissant non ?

Lorsque je ne suis pas trop fatiguée ou surmenée j’arrive cependant à prendre les choses rationnellement et sereinement. Les avoir tout près de moi ou les savoir avec des personnes de confiance (à l’école ou chez la nounou) me permet aussi de passer le relai émotionnel. Je ne sais pas si je reste optimiste (et si j’ai raison de l’être) ou si décidément je n’apprends rien de ce côté-là mais j’ose croire que ces peurs s’apaiseront avec le temps, même si j’imagine aisément qu’elles seront remplacées par d’autres inquiétudes. Toi aussi tu connais la fameuse expression « petits enfants, petits problèmes, grands enfants grand problèmes » ? Je me trompe peut-être mais je lui préfère pour l’instant « à chaque âge ses problématiques ».

Ceci dit, malgré leur 8 mois et bientôt 5 ans, je vais souvent vérifier qu’ils respirent bien avant de me coucher … on ne se refait pas comme ça !

Un commentaire sur “Mes enfants et mes peurs

  1. 🙂 je ne me couche jamais le soir sans avoir vérifié que ma fille respire 🙂 imagine que… et que je n’ai rien vu trop pressée d’aller dormir ? 😉

    Je pense que tous les parents sont comme toi, par leur vécu, leurs angoisses personnelles, ce que tout leur entourage leur transmet, ainsi que la société. Chez toi, ça doit sans doute être amplifié par le fait que tu es souvent en situation de maman solo. Je l’ai vécu un an où mon mari ne rentrait que le weekend, j’ai trouvé que la responsabilité d’un petit être sur une seule personne était bien lourde à porter.
    Une future maman de mon entourage m’interrogeait l’autre jour pour avoir un conseil. Au final, je lui ai dit que mon seul vrai conseil, qui vaudra aussi quand bébé sera là, sera qu’elle fasse comme elle le sent. On a tous un minimum de bon sens, on ne devient pas débile avec les hormones, donc faisons-nous un peu confiance. Je ne dis pas de ne pas demander conseil ou de ne pas se faire expliquer les choses, mais au final, la décision doit revenir aux parents et selon leur ressenti/raisonnement. J’ai souvenir d’avoir été culpabilisée à la maternité que ma fille ne prenne pas assez de poids, on a flippé une journée entière, mais genre gros bad trip. Mais le lendemain on a envoyé tout le monde balader parce qu’on était assez confiant dans une règle immuable : un bébé ne se laisse pas mourir de faim. Or, notre fille dormait bien et savait parfaitement se faire comprendre quand elle avait faim. Césa programmée avec 15 jours d’avance, on a considéré qu’elle n’était pas forcément prête à sortir non plus, qu’elle devait donc être fatiguée.
    Résultat des courses, nous avons gagné un bébé bien potelé qui a gardé ses petits boudins aux poignées jusqu’à 3 ans.
    Je ne dis pas que c’est vrai tout le temps mais, en tant que parents et êtres humains comme elle, nous avons agi en conséquence des bons signaux que notre nourrisson envoyait. Quand on est dans la peur ou l’angoisse, on n’est plus réceptif à ses signaux. En revanche, c’est bien quand le papa est là aussi car il apporte un regard plus « reculé » que la maman qui vit la chute des hormones et ne sort pas dans un premier temps du milieu médical 😉

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